Rennes déploie son propre réseau IoT pour limiter les coûts de sa smart city

Rennes déploie son propre réseau IoT pour limiter les coûts de sa smart city La métropole équipera d'ici la fin de l'année toutes les communes de son territoire d'un réseau LoRa maison, pour économiser jusqu'à 50% par rapport aux tarifs pratiqués par les opérateurs.

Pourquoi déléguer ce que l'on peut réaliser soi-même pour moins cher ? Voilà la conclusion de la métropole rennaise au sujet du réseau IoT, de plus en plus utilisé pour connecter toutes sortes d'équipements publics et en remonter des données. Comme pour la fibre optique auparavant, de plus en plus de collectivités réalisent qu'elles auraient intérêt à posséder leur propre réseau IoT, plutôt que de passer par un opérateur. Rennes, qui a été l'une des premières métropoles françaises à s'intéresser au sujet, avec un réseau maison expérimental en 2017, s'apprête à passer à la vitesse supérieure. Elle est en train de déployer son propre réseau IoT (LoRa) sur tout son territoire, avec l'aide des prestataires Wi6Labs et Alkante. Un travail quasiment achevé pour Rennes-même, qui s'étalera jusqu'à la fin de l'année pour les communes de la métropole.

Déjà opérationnel, ce réseau est pour l'instant dédié à deux usages principaux. Le premier concerne la gestion des déchets. Les points d'apport volontaires de déchets de l'intégralité des communes du territoire seront connectés au réseau LoRa pour remonter des données sur leur taux de remplissage. Ce qui permettra ensuite d'aiguiller les équipes dans leurs tournées de ramassage. "C'est le socle du déploiement de notre réseau IoT, car ces points d'apport volontaires existent dans toutes les communes de la métropole", précise Simon Saint-Georges,  chargé de mission données énergétiques à Rennes Métropole.

24 000 messages descendants par jour

L'IoT rennais sera également utilisé dans le domaine énergétique. Des capteurs sont en cours d'installation sur les réseaux d'électricité, de gaz, de chaleur et d'eau des bâtiments publics. La métropole espère détecter des anomalies, comme une fuite d'eau indiquée par des volumes de consommation anormalement élevés.  Mais aussi optimiser sa consommation, en détectant des consommations superflues ou surdimensionnées. Dans un second temps, Rennes se penchera sur d'autres applications, dont le retour sur investissement et l'utilité doivent encore être vérifiés. Parmi eux, l'éclairage public, l'assainissement des eaux, le stationnement ou encore le pilotage de l'arrosage automatique des espaces verts.

La principale raison du passage à un réseau maison est financière. Avec son échelle et les cas d'usage envisagés, la métropole s'est rendu compte qu'elle serait largement perdante en passant par un opérateur. "Chez un opérateur, les remontées de données des capteurs sont abordables", explique Simon Saint-Georges. "Mais l'envoi de messages descendants pour activer des commandes à distances est facturé très cher, avec un coup unique pour chaque commande". La collectivité a calculé que pour remplir tous ses besoins (les dispositifs déployés et ceux envisagés), il lui faudrait envoyer 24 000 messages descendants par jour. Soit un coût annuel estimé à 500 000 euros, rien que pour envoyer ces commandes !

Statut juridique flou

Au total, la collectivité estime que l'utilisation de son propre réseau lui reviendrait jusqu'à 50% moins cher sur dix ans (en prenant en compte tous les besoins de messages descendants). Dans le cadre d'une étude financée par la Caisse des dépôts, Rennes prépare d'ailleurs un modèle permettant aux collectivités d'estimer le potentiel d'économies réalisé en internalisant leur réseau IoT, en fonction des usages envisagés.

Une fois ce travail achevé et de nouveaux cas d'usages implémentés, la métropole mènera une réflexion sur le degré d'ouverture à donner à son réseau. Pensé pour les services publics, il pourrait aussi être ouvert aux citoyens, voire aux entreprises. Mais il faudra alors trancher tout un tas de questions juridiques. "Pour nous ouvrir au privé, il faudrait nous déclarer opérateur, puis réfléchir à la facturation et définir un catalogue de services en fonction des besoins de chacun. Il faudrait également nous assurer de ne pas venir concurrencer une activité privée," anticipe Simon Saint-Georges. Si le réseau est lancé, son utilisation future reste à déterminer.