Pierre-José Billotte (Eurocloud) "Une nouvelle génération d'hébergeurs arrive avec le cloud computing"

Le cloud computing bénéfice d'une reconnaissance au plus haut niveau de l'Etat. Les investissements alloués doivent permettre aux acteurs nationaux de s'imposer.

La place du cloud dans le plan numérique 2012 est-elle satisfaisante ?

Le fait que le cloud computing fasse partie intégrante du plan sur l'économie numérique mis en place par Nathalie Kosciusko-Morizet est une excellente nouvelle. Mais, les centaines de millions d'euros qui lui ont été alloués ne sont qu'une première étape. Maintenant, ce qui est important c'est d'avoir une visibilité sur la façon dont ces crédits vont être consommés. Le cloud représente une nouvelle filière de l'informatique, avec de nouveaux acteurs, qui fait émerger de nouvelles règles du jeu.

Dans le monde du cloud, les activités et modèles économiques des revendeurs et grossistes informatiques tels que nous les connaissons sont totalement métamorphosés. Les hébergeurs et les éditeurs sont aussi concernés par ce changement radical de métier. Pour soutenir ce changement de modèle, le plan Economie Numérique constitue donc un bon point de départ puisqu'il va servir à faire émerger une nouvelle génération d'acteurs, qu'ils soient hébergeurs, revendeurs ou éditeurs de cloud computing.

On peut imaginer dès lors que l'un des nouveaux rôles d'un hébergeur cloud sera de proposer un service d'optimisation des capacités d'hébergement pour d'autres hébergeurs, ou bien de faire un état des lieux de leurs surcapacités pour les revendre ensuite à d'autres acteurs : éditeurs, hébergeurs, clients...

Comment soutenir les start-up spécialisées dans le cloud ? 

"Un goulet d'étranglement financier existe entre l'étape de développement et la première commercialisation"

Ce qui est important, c'est le premier pas qui a été effectué pour amorcer la création d'une nouvelle filière du cloud. Mais, il faut rester très vigilant pour la suite. Aujourd'hui, le principal problème que rencontrent ces start-up est lié aux difficultés de l'amorçage industriel de leurs offres. Des organismes comme OSEO existent et se chargent de les aider à se créer, c'est une chose.

De l'autre côté, les business angels sont là pour accroître l'effet de levier permettant de passer d'une production artisanale à une production à grande échelle d'un service ou d'une solution.

Or, un maillon essentiel du financement n'est pas couvert, ce qui risque si l'on n'y prend pas garde de porter atteinte à l'innovation et au développement du cloud. C'est celui qui permet d'assurer le passage entre l'étape de développement à celle de la première commercialisation, avant le développement à grande échelle.

Ce goulet d'étranglement doit absolument être dépassé si on veut espérer voir des acteurs français s'imposer dans le cloud sur la scène internationale, d'autant que l'écosystème du cloud est certainement le plus mondialisé qui soit.

Quel bilan tirez-vous de la création d'Eurocloud ?

Eurocloud a été lancé avec succès le 20 octobre dernier et ses statuts juridiques ont été signés le 29 janvier dernier. C'est un succès car le nombre de membres qui y ont adhéré a été bien au-delà de nos espérances. Nous nous attendions à signer les statuts avec six membres, et finalement il y en a eu 12. Eurocloud a d'ores et déjà atteint une aura internationale. Mais tout reste à faire encore.

Nous avons des sollicitations au niveau mondial avec toutes sortes d'organisations tel que le SIIA, le TIA, le NCOIS ou encore la Cloud Security Alliance qui permettent à l'association de s'épanouir. Au niveau local, en France, nous organisons les premiers Etats Généraux d'Eurocloud France le 20 avril prochain. Ce sera l'occasion aussi, comme au temps de l'ASP Forum, de remettre les Trophées de l'innovation aux éditeurs SaaS/cloud les plus emblématiques. Les inscriptions sont ouvertes.

Nous envisageons à l'avenir la remise de Trophées européens de l'innovation, récompensant les trois ou quatre plus belles start-up nationales dans le domaine du cloud. Plus proche de nous, le 15 juin prochain, auront lieu au Luxembourg les premiers Etats-Généraux d'Eurocloud International. L'actualité de l'association est riche, c'est un bon signe pour la suite des évènements.

Pierre-José Billotte est président d'Eurocloud France et Europe, et P-DG de Sourcia.