Eric Haddad (Google) "Les transformations orientées data et IA sont devenues la priorité des clients de Google Cloud"

Le JDN poursuit ses interviews de dirigeants face au coronavirus. Le directeur général de Google Cloud France revient sur la phase de confinement et les perspectives qui se dessinent chez les clients.

JDN. Quel est l'impact de la crise du Covid-19 sur les activités de Google Cloud en France ?

Eric Haddad est directeur général de Google Cloud France. © Google

Eric Haddad. Nous nous sommes très vite assurés de la sécurité de nos salariés. Bien avant le début officiel de la phase de confinement, nous leur avons fortement recommandé d'opter pour le travail à distance. Nous nous sommes ensuite attachés à maintenir la relation avec nos clients en mode déporté. Les recrutements ont été maintenus pendant toute la période. Les entretiens d'embauche et le processus d'onboarding sont passés en mode virtuel via nos applications. Nous prévoyons de doubler les équipes dédiées à Google Cloud en France d'ici la fin du premier semestre 2021. Nous recrutons des consultants, des formateurs, des responsables de comptes, mais aussi des profils techniques spécialistes de la data, de l'analytics, du machine learning, de la migration cloud, de Kubernetes... La dynamique n'a pas cessé.

Côté produits, le recours à Google Meet (l'application de visioconférence du groupe américain, ndlr) a été multiplié par 30 entre janvier et fin avril 2020, allant jusqu'à 3 milliards de minutes de meetings et environ 3 millions de nouveaux utilisateurs chaque jour. Nos ingénieurs ont beaucoup optimisé l'architecture sous-jacente en termes de haute disponibilité. Dans la foulée, nous avons décidé de rendre cette offre entièrement gratuite pour les clients de G Suite jusqu'au 30 septembre prochain, avec toute la capacité nécessaire, l'objectif étant d'accompagner les organisations, clientes ou pas, à passer la crise.

Qu'en est-il de Google Cloud Platform (GCP) ?

Sur GCP, nos clients (confrontés à des pics de trafics, ndlr) ont pu bénéficier de l'agilité et de la flexibilité de nos infrastructures. Nous les avons accompagnés dans l'optimisation de leur architecture. La plateforme mise en place était comparable à ce que nous déployons à l'occasion du Black Friday ou du Cyber Monday. En parallèle, nous avons poursuivi les déploiements en cours, par exemple les migrations SAP. Dans le même temps, certains clients (confrontés à des difficultés économiques, ndlr) ont eu des besoins urgents. Face à ces demandes qui ont généré beaucoup d'empathie et d'émotion au sein de nos équipes, nous nous sommes mis en mode service et avons mis la dimension économique de côté.

Comment s'est traduit cette période en termes de relation avec les clients ?

Globalement, nous avons intensifié les contacts. Nos activités de formations et de certifications ont été maintenues, notamment via des webinaires. Nous avons beaucoup échangé avec nos clients, à la fois sur les enjeux de transformation digitale mais aussi sur les questions de développement durable. Un domaine sur lequel nous sommes déjà très investis via l'optimisation de l'efficacité énergétique de nos data centers.

"Les plans de mise en œuvre s'accélèrent, et passent dans le temps de l'urgence"

Sur ce plan, nous recourons à plusieurs leviers : le machine learning pour rationaliser la consommation de nos infrastructures IT en énergie, le refroidissement des serveurs par air ambiant, l'utilisation à 100% d'énergie renouvelable...

Quels sont les principaux enseignements que vos clients français ont tirés de cette crise ?

Depuis deux à trois ans, beaucoup de nos clients avaient déjà initié des projets orientés données et machine learning. Leur objectif étant d'évoluer vers des data company avec une vision à 360° des activités. Elles ont pris conscience de la valeur ajoutée d'une telle approche, aussi bien pour anticiper la demande en vue d'améliorer leur relation client que pour optimiser la supply chain ou la fabrication. Avec la crise, ces initiatives sont devenues plus que des projets. Elles ont attiré l'attention du top management. Les transformations orientées data et IA sont devenues la priorité des directions générales. Du coup, les plans de mise en œuvre s'accélèrent, et passent dans le temps de l'urgence.  

Qu'en est-il de la feuille de route de Google Cloud en France ?

Pendant la période de confinement, les lancements de produits n'ont pas cessé. En France, nous avons dévoilé un partenariat avec Thales (qui prévoit l'hébergement sur Google Cloud de la future solution d'activation de cartes eSIM certifiée GSMA du groupe français , ndlr). Pour la suite, nous avons annoncé fin mai le lancement de notre première région cloud en France pour début 2020 (lire l'article Google ouvrira son premier cloud en France début 2022).

Eric Haddad est directeur général de Google Cloud France. De 1995 à 2000, il a été responsable des ventes indirectes de Sun Microsystems pour la France et la région EMEA. En 2001, il rejoint Microsoft France comme directeur des ventes des alliances stratégiques. Puis, il gravit les échelons. En 2008, il est nommé directeur cloud et communication unifiées. Il rallie Google en 2011. En tant que country manager France Google Enterprise, il est d'abord chargé de mettre sur pied cette activité dans l'Hexagone. Il prend ensuite la direction de Google Enterprise pour la région South EMEA. En 2016, il est promu managing director Cloud pour l'Europe continentale, avant de devenir directeur général de Google Cloud France.