Jordan Behem (Groupon) "Aujourd'hui, certains commerces ont besoin de Groupon pour se digitaliser"

Le JDN poursuit sa série d'interviews de dirigeants face au coronavirus. Le country manager de Groupon France explique comment la plateforme a accompagné les commerçants sur la période et dresse un premier bilan du déconfinement.

JDN. Comment avez-vous vécu la crise chez Groupon ?

Jordan Behem, country manager de Groupon France. © Groupon

Jordan Behem. Nous avons été très fortement impactés par la crise du Covid-19, dès l'annonce de la fermeture des restaurants. La fermeture des frontières a également freiné l'activité de la catégorie hôtels & voyages très tôt au début de la crise. Cette période a été très challengeante pour nos équipes car chaque jour était différent, en fonction des annonces du gouvernement et de l'évolution de la situation. Certains clients disposaient de coupons en cours de validité pendant le confinement, sauf que les magasins étaient fermés et notre visibilité était réduite sur la durée de la situation. Sur les catégories beauté & spas et forme & bien-être, nos partenaires ont souhaité des extensions de validité des coupons pour leurs clients, à utiliser plus tard. Très vite, nous avons repensé notre inventaire sur le site en cessant de proposer les offres qui n'étaient plus d'actualité compte tenu du contexte. 

Quelles mesures avez-vous prises dès lors pour soutenir l'activité de vos partenaires ?

Au départ, nous avons maintenu toutes nos équipes à temps plein, avant de recourir au chômage partiel  pour une partie de l'équipe et de soutenir les restaurateurs via la vente à emporter. Dans un même temps nous avons suivi les tendances et commencer à soutenir les restaurateurs en poussant la vente à emporter.  Nous avons mené un partenariat avec Metro dans le but d'entrer en contact avec un maximum de restaurants. Nous n'avons engendré aucune commission sur cette opération, notre seule intention était de favoriser la vente à emporter. 

Nous avons également mené une opération en collaboration avec la Direction générale des entreprises pour proposer à nos partenaires des catégories beauté & spas ou encore forme & bien-être, des ventes privées destinées aux professionnels. Nous avons négocié des tarifs préférentiels sur la vente de masques notamment, sans récupérer aucune commission. Nous avons accompagné l'enseigne KFC à la réouverture de ses drives pour la vente à emporter. Le service a été instauré en quelques semaines. Ces actions visaient avant tout une meilleure visibilité pour nos partenaires par le biais du digital, mais cette démarche a été ponctuelle afin de répondre à une demande de leur part. Il ne s'agit pas d'un projet inscrit dans la stratégie de Groupon sur le long terme.

Quelles sont les catégories qui profitent du déconfinement ?

Au niveau des loisirs, nous constatons que les Français restent encore dans l'expectative, en fonction des zones vertes et jaunes. Les activités de plage reprennent très fortement de même que les balades en arrière-pays. Ces dernières semaines, nous constatons d'énormes progrès sur les catégories beauté & spas et forme & bien-être. De même, certains parcs à grande capacité recommencent à nous solliciter comme le zoo de Thoiry par exemple. Les grandes chaînes de restauration nous sollicitent aussi en ce moment pour programmer des opérations commerciales dès le mois de juin. Pour la fête des mères, les deals que nous mettons en place avec des fleuristes ou des grossistes (majoritairement BtoB) leur permettent d'accéder directement au client final. Mais l'intérêt est aussi de savoir si le client répondra présent ou non. 

La catégorie services automobiles est celle qui a rencontré le plus de succès pré-déconfinement. Nous avons senti que les Français recommençaient à se projeter. D'une manière générale, nous analysons quotidiennement les recherches et transactions effectuées pour percevoir les tendances et adapter les offres en ces temps de reprise. Nous avons le sentiment que les Français ont profité du confinement pour repenser leur projet de vie.

Quels sont les enseignements que vous tirez de cette période chez Groupon ? 

Toutes les prévisions ont été mises à mal mais l'activité repart depuis environ trois semaines.  La digitalisation a été fortement accélérée par cette crise. Auparavant, certains commerces que l'on contactait n'étaient pas du tout intéressés par le sujet. Aujourd'hui, ils ont besoin de nous. Cette crise nous a permis de travailler notre flexibilité et de répondre aux besoins spécifiques des partenaires. Nous pouvons permettre à un indépendant ou franchisé d'être visible sur notre site et de développer du trafic en point de vente (drive to store) et à un retailer ayant aussi un site e-commerce de faire aussi du drive to web. 

La proximité, les circuits courts, le local, le rapport qualité prix et l'expérience, toutes ces notions ont pris un nouveau sens ces derniers mois. Les Français veulent se faire plaisir tout en se protégeant et en s'informant. Ce contexte inédit nous a permis d'affirmer notre signature, le local. Aujourd'hui, nous misons sur notre agilité et une bonne adéquation entre l'offre et la demande. La crise a révélé que nous pouvions y parvenir.

Diplômé de l'EDHEC Business School en 2006, Jordan Behem a rejoint Groupon dès son implantation en France. Entré en tant que commercial en 2010, il a gravi les échelons en interne en tant que responsable de la ville de Nice en 2011 puis directeur régional du sud de la France en 2013. Il devient directeur du développement commercial de Groupon France en 2017 puis, en 2018, country manager.

Retrouvez toutes les interviews "Face à la crise" ici