L'e-commerce n'est pas le problème, mais la solution!

Au-delà d'un impératif de court-terme imposé par la crise, la digitalisation du commerce est l'un des vecteurs stratégiques pour aboutir demain à une économie française plus forte, plus résiliente et plus conquérante à l'international.

A l’heure où le débat sur les commerces autorisés à rester ouverts pendant le deuxième confinement fait rage, l'e-commerce est une fois de plus au cœur de l’attention. On essaie notamment d’opposer d’un côté les petits commerçants qui seraient condamnés à vendre leurs produits via des canaux physiques, et de l’autre, les acteurs du numérique qui seraient les uniques gagnants de la crise actuelle. Or, cette lecture binaire d’un secteur organisé entre les acteurs dits traditionnels et les acteurs digitaux a déjà volé en éclats, et ce, depuis bien longtemps. À titre indicatif, en France, une boutique sur trois est déjà digitalisée.

L’exemple le plus frappant de cette évolution du commerce remonte à quelques mois, lors du « premier confinement », qui a joué un rôle d’accélérateur de la digitalisation des ventes d’un grand nombre d’entreprises. Digitalisées depuis longtemps ou, au contraire, équipées dans un temps très court de solutions e-commerce, ces entreprises, qu’il s’agisse de commerçants, de PME ou encore de grands groupes, ont en effet basculé au printemps dernier une part importante de leurs ventes en ligne, pour maintenir leur activité.

Ainsi, en seulement quelques semaines, nos entreprises ont fait un bond de plusieurs années dans l’adoption du numérique. Mais cette accélération a également eu lieu au niveau des usagers et des consommateurs, des millions de Français ayant, grâce au numérique, pu continuer à acheter les biens et les services essentiels à leur quotidien. Cette période inédite a ainsi profondément et durablement transformé les habitudes de consommation, et a également permis d’installer un usage du e-commerce qui transcende désormais les clivages sectoriels mais aussi générationnels — puisqu’une grande partie de ces nouveaux acheteurs sont des seniors.

Digitaliser les outils internes aux entreprises

Alors que nous rentrons dans une seconde période de confinement, il apparaît évident que la digitalisation de notre économie est aujourd’hui l’une des clés de la résilience de nos entreprises et sera demain, un levier du redémarrage économique. Mais il ne s’agit pas seulement de e-commerce : la crise actuelle pose la question de la digitalisation de l’ensemble de notre économie. Cela passe par la digitalisation des process et des ventes car c’est un enjeu majeur de compétitivité. Concrètement, les entreprises, particulièrement les PME et ETI, doivent accélérer la mise en place d’outils numériques, que ce soit pour les fonctions administratives, pour la communication ou pour la vente. Ce sont d’ailleurs les entreprises qui avaient déjà entamé un processus de digitalisation qui ont le mieux résisté au choc de ces derniers mois.

Cette transformation essentielle à la modernisation de notre tissu économique ne pourra pas se faire sans un effort de formation inédit. Les pouvoirs publics et les entreprises devront investir massivement dans les cycles de formation qui permettront de faire naître en France un véritable vivier de talents numériques. Ceux-ci seront des atouts clefs de la reprise et contribueront demain à la transformation de la culture et du fonctionnement de nos entreprises, et donc, à leur croissance.

Il apparaît clairement enfin que l'e-commerce n’est pas seulement un moteur de dynamisme commercial au niveau local mais aussi un enjeu majeur pour le développement de nos entreprises à l’international. En effet, les entreprises dont la part des ventes en ligne est prépondérante affichent des ventes à l’international qui sont trois fois supérieures à celles des entreprises qui se concentrent sur les ventes traditionnelles.

Il ne s’agit donc pas seulement d’organiser la résilience du commerce français grâce au digital. Il s’agit aussi de poser les conditions pour que nos PME et nos ETI puissent aller chercher demain des points de croissance supplémentaires partout où cela est possible en élargissant leur terrain d’action à toute la France, à l’Europe voire au monde entier. Loin des débats idéologiques, il s’agit de faire preuve de pragmatisme, d’identifier ce qui correspond aux besoins des entreprises comme des clients et d’en faire profiter le plus grand nombre. C’est à cette condition seulement que nous pourrons faire entrer des milliers d’entreprises dans le commerce de demain, un commerce unifié où le digital n’est qu’un prolongement des canaux traditionnels, au service d’une économie française à la fois robuste et conquérante.