Comment le mobile réinvente le paiement électronique

A l'occasion du Mobile Marketing Forum, qui se tenait le 1er décembre dernier à Paris, la Mobile Marketing Association France a réuni Christophe Van Cauwenberghe de Paylib, Francis Barel de Paypal et Cyril Chiche de Lydia pour évoquer les dernières innovations en matière de paiements interpersonnels, de m-commerce ou désormais de paiement en point de vente.



Six mois après le lancement en France d'Apple Pay et alors que les initiatives se multiplient dans le secteur des FinTech, la Mobile Marketing Association France a décidé d'organiser une table ronde sur le Paiement mobile, à l'occasion de son Mobile Marketing Forum qui se tenait à Paris le 1er décembre dernier. Cette table réunissait d'une part Christophe  Van Cauwenberghe, responsable innovation paiements à la Société Générale, venu parler de la solution Paylib avec 600 000 utilisateurs en France, d'autre part Francis Barel, directeur du développement de Paypal France, l'une des plus anciennes "fintech" avec 192 millions d'utilisateurs à travers le monde et enfin Cyril Chiche, fondateur et directeur général de Lydia, jeune start-up française des paiements mais revendiquant déjà plus de 500 000 utilisateurs en Europe.Revendiquant des centaines de milliers, parfois des centaines de millions d'utilisateurs, ces solutions sont elles en mesure de se substituer aux paiements interpersonnels en liquide et d'instaurer une société "cash less" ? "Le cash coûte très cher aux banques et aux commerçants et la société cash less commence à devenir une réalité dans les pays nordiques. En attendant l'arrivée du paiement instantané dans le monde bancaire à l'horizon 2020, Paylib proposera courant 2017 une première solution de paiement P2P ouverte à nos utilisateurs et à leurs proches" a indiqué Christophe Van Cauwenberghe de Paylib."Le P2P c'est le métier historique de Paypal qui permettait, dès la fin des années 90, de payer "ses potes" en leur envoyant de l'argent par infra rouge avec un Palm Pilot. Nous avons relancé cette activité en instaurant la gratuité des paiements interpersonnels au sein de l'Union Européenne mais je doute néanmoins que cela fasse disparaitre le cash, qui reste très utilisé dans les pays méditerranéens et en Afrique du Nord" a ajouté Francis Barel de Paypal."La fin des espèces se fera avec la nouvelle génération Z, qui est celle du commerce collaboratif et de l'accès plutôt que de la possession. Par contre, il faudra leur proposer des interfaces adaptées pour qu'ils puissent s'échanger de l'argent via Messenger, iMessage ou Siri, en leur procurant une expérience client à la fois simple et sécurisée" a complété Cyril Chiche, de Lydia.Sur mobile, il est toutefois parfois compliqué de concilier les objectifs de sécurité, avec ceux de simplicité des interfaces. Et tous les intervenants ont ainsi pointé la difficulté pour les mobinautes, de saisir les 16 numéros d'une carte bancaire, éventuellement couplée au système 3DSecure d'authentification par SMS."La carte bancaire n'a pas été pensée pour le E-commerce et son usage ne s'est développé que parce qu'il n'y avait pas d'alternative. Mais notre objectif est de faire disparaître la saisie du numéro de carte bancaire ou de l'IBAN afin qu'il n'y ait plus qu'à saisir un numéro de mobile pour s'identifier. Et nous laisserons à nos partenaires bancaires le soin de choisir la meilleure solution de validation, par code ou par biométrie, afin de proposer la solution la plus sécurisée à leurs clients" a indiqué Christophe  Van Cauwenberghe de Paylib."Notre business, c'est celui de la confiance et il ne faut pas faire d'arbitrage entre sécurité et ergonomie. On commence par la brique de sécurité et ensuite on travaille d'arrache pied avec les designers et les ergonomes pour supprimer les frictions posées par ce gros pavé de sécurité" a expliqué Cyril Chiche, de Lydia."Sur la base des 5 milliards de transactions de notre plate-forme, nous avons décidé de proposer la technologie 1touch, qui pousse la sécurité de manière invisible. Si le consommateur le décide, il bascule dans le "zero factor authentification" puisqu'il n'a qu'à s'authentifier qu'une fois pour ensuite être reconnu par les autres marchands. Nous travaillons également à la simplification de la vie des vendeurs, en faisant en sorte qu'une adresse email suffise pour recevoir un paiement." a complété Francis Barel de Paypal.
"Le premier intérêt d'un wallet, c'est souvent d'offrir une solution d'encaissement à des commerçants qui n'étaient pas forcément acceptés par le système bancaire. Mais une fois équipé, le commerçant va regarder le coût de la solution, la sécurité et bien évidemment les taux de conversion. En moyenne, les taux de conversion sur mobile sont 10 fois inférieurs à ceux observés sur desktop et notre solution offre heureusement de bien meilleures performances, ce qui devient critique quand on sait que plus de la moitié de l'audience se fait désormais sur mobile" a indiqué Francis Barel de Paypal."Nous n'observons pas de différence notable entre les taux de conversion sur desktop et les taux de conversion sur mobile. Les commerçants qui choisissent notre solution bénéficient d'une ergonomie très fluide, de coûts très compétitifs et surtout d'une garantie de paiement" a précisé Christophe  Van Cauwenberghe de Paylib."La question des taux de conversion est liée à l'UX et les marchands doivent littéralement arrêter d'embêter leurs clients avec des parcours utilisateurs qui sont de véritables punitions. En ce moment, tout le monde veut copier Starbucks avec un wallet intégré à l'application. Mais il faut au contraire simplifier ces parcours et proposer un wallet connect comme on propose un facebook connect." a ajouté Cyril Chiche, de Lydia.Adaptées aux paiements interpersonnels ou à la vente à distance, ces solutions de paiement mobile sont également en mesure d'accompagner les consommateurs dans les points de vente traditionnels en se substituant aux cartes bancaires, à la manière de la solution Apple Pay, lancée l'été dernier dans l'Hexagone.

"Les cartes NFC et les smartphones NFC vont certainement coexister. Apple a opté pour un composant NFC fermé, ce qui nous empêche de travailler sur iOS. Par contre, nous lancerons très prochainement notre solution sur Android -qui représente tout de même plus de 80% du parc de smartphones- ce qui permettra à nos clients de bénéficier d'une seule et même solution, pour leurs paiements interpersonnels, leurs paiements VAD et leurs paiements en point de vente" indique Christophe  Van Cauwenberghe de Paylib.


"Il faut clairement s'engager dans l'omnicanalité en proposant  au consommateur une solution de paiement unique, capable de fonctionner online ou offline, quel que soit son matériel ou son logiciel. C'est un peu comme le télépéage aux barrières d'autoroute, le consommateur va privilégier un paiement rapide et avec un minimum de frictions" ajoute Cyril Chiche, de Lydia.


"Il faut effectivement réduire les obstacles sur les parcours clients et nous devons être neutres sur le matériel, le logiciel ou la banque du consommateur. Mais pour nous, le mobile NFC n'offre pas une grosse valeur ajoutée sur la carte NFC. On continue de devoir faire la queue et de présenter quelque chose au marchand alors qu'on pourrait être identifié par le marchand et scanner nous même le produit. Pour nous, le meilleur exemple est sans doute Uber, qui a littéralement fait disparaître le paiement puisque tout est géré en amont et dans le cloud. Uber travaille d'ailleurs avec notre filiale Braintree, spécialisée dans le paiement B2B, ce qui permet de réellement révolutionner l'expérience client dans le monde physique." complète Francis Barel de Paypal.


Paiement interpersonnel, M-commerce de produits physiques ou digitaux, paiement en point de vente sans contact voire "sans paiement", on le comprend, l'heure est à la disruption dans le secteur des FinTech. Ces nouvelles opportunités profiteront-elles aux acteurs traditionnels du monde bancaire, aux géants américains de l'internet ou à des start-up ? Difficile à dire mais dans tous les cas, c'est bien sur mobile que se situe désormais l'innovation.

Retrouvez la vidéo de la table ronde sur Youtube