Igor Bogachev (Zyfra) "Nous développons un réseau de partenaires pour nous implanter en France"

L'entreprise finlandaise propose des technologies et une plateforme IIoT pour digitaliser les machineries dans les secteurs de l'industrie minière, de la chimie, de la métallurgie, du gaz et du pétrole.

Igor Bogachev, CEO de Zyfra. © Zyfra

JDN. Zyfra est arrivée cet été sur le marché français avec ses solutions d'IoT industriel (IIoT). Pouvez-vous présenter l'entreprise ?

Igor Bogachev. Créée en novembre 2017, Zyfra est une société finlandaise de 650 personnes spécialisée dans la conception de technologies d'IoT industriel (IIoT) et propose une plateforme pour collecter et analyser les données afin de monitorer les machines dans les secteurs des mines, de la chimie, du gaz et du pétrole. Elle possède deux sièges, à Helsinki en Finlande et à Moscou en Russie, et compte près de 300 clients pour lesquels nous avons connecté plus de 8 000 machines. Notre solution, visant à optimiser les processus en améliorant les paramètres du taux de rendement global (OEE, ndlr), permet d'augmenter l'efficacité de 20% en moyenne. Nous opérons sur tous les continents, pour renforcer notre présence à l'international, nous avons ouvert un bureau au Pérou en février dernier et un en Inde en juin.

Qu'est-ce qui vous a poussé à vous attaquer au marché français ?

Nous avons participé à un salon à Lyon cette année et nous avons constaté une forte demande pour les solutions d'IIoT. Nous considérons par ailleurs que la France occupe une position importante sur ce marché et nous voulions y être présent. Pour nous implanter, nous avons traduit toute notre documentation et notre plateforme en français. Nous voulons aussi développer un réseau de partenaires pour commercialiser nos solutions. Nous commençons par lancer MDCplus, qui permet le monitoring des équipements industriels et l'analyse des informations en temps réel. Nous espérons réaliser au moins un million d'euros de chiffre d'affaires en France l'an prochain, pour nous aider à passer de 50 millions à 70 millions d'euros au total fin 2020. Nous comptons lancer cinq ou six projets pilotes en France et, si tout se passe bien, embaucher en France pour y ouvrir un bureau. Car si vous voulez travaillez dans un pays, il est nécessaire d'y être présent.

Quelle est votre stratégie pour vous imposer sur le marché ?

Face à des concurrents comme Microsoft, Siemens, General Electric ou Schneider Electric qui proposent aussi des plateformes IIoT, nous développons de nouvelles fonctionnalités pour permettre de réaliser des jumeaux numériques ou du computer vision et ainsi nous démarquer. Avoir des capteurs spécialisés pour connecter de vieilles machines est un atout. Nous développons également du machine-learning pour être plus efficace et grâce à notre intelligence artificielle, nous avons remporté plusieurs prix lors des salons IoT World Congress à Barcelone. En France, notre stratégie reposera aussi sur le réseau de partenaires et nous avons l'avantage de déjà travailler avec deux vendeurs français établit en Russie, ASI et Solutio, et pour une joint-venture de Safran, VolgAero.

Quels sont vos principaux challenges ?

Beaucoup d'entreprises dans le monde opèrent leur transformation digitale mais les managers ne comprennent pas toujours que l'on ne peut pas travailler sur ce sujet de la même manière qu'il y a vingt ans. C'est la raison pour laquelle nous avons lancé des offres de formations en ligne. Le deuxième défi dans l'IIoT, c'est qu'il n'y a pas de standard. Il y a des machines anciennes sans interface informatique auxquelles il faut ajouter des capteurs, et il y a une multitude d'appareils fonctionnant avec des protocoles propriétaires, en 3G ou en éthernet. Notre business-modèle – par licence ou SaaS – dépend du nombre de machines à connecter et de leur état. Transférer les données avec un standard unique est l'un des sujets sur lesquels nous travaillons avec l'IIoT Consortium, que nous avons rejoint en mars 2019.  

Diplômé de la faculté d'économie de l'Institut de l'aviation de Moscou, Igor Bogachev s'est occupé pendant 13 ans du développement des activités, des ventes et de la maintenance chez Xerox, avant d'intégrer SAP. Vice-président de la Fondation Skolkovo, il a cofondé en 2017 Zyfra, qui fournit un système logiciel complexe de collecte, de stockage et d'analyse de données, basé sur l'IIoT et l'IA.

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