Olivier Delepine (Schneider Electric) "Schneider Electric proposera un disjoncteur connecté dans le résidentiel en 2022"

Les tableaux électriques du groupe français de distribution électrique vont tous être connectés. Explications avec son vice-président Buildings & Channels.

Olivier Delepine, vice-président Buildings & Channel chez Schneider Electric. © Schneider Electric

JDN. Schneider Electric développe le concept d'électricité 4.0. Pouvez-vous détailler ce que vous entendez par ce terme et quel rôle y joue l'IoT ?

Olivier Delepine. L'électricité 4.0 est une notion couplant l'électricité, le numérique, la connectivité et le software pour permettre un meilleur usage de l'énergie au service du développement durable. L'électricité et le numérique sont la clé pour réduire l'empreinte carbone et l'IoT en est au cœur puisque cette technologie permet de digitaliser les assets et d'améliorer leur efficacité énergétique. Dans notre nouveau hub à énergie positive dédié à l'innovation, IntenCity, situé à Grenoble, nous avons évalué que le coût supplémentaire de l'instrumentation n'est que de 5%, alors que les économies d'énergie peuvent atteindre 45% si on déploie de l'IoT dans toutes les pièces, par des capteurs de présence, de température, etc., et que l'on automatise la gestion technique du bâtiment (GTB, ndlr). Notre enjeu chez Schneider Electric est de faire en sorte que le bâtiment soit au service des usages. Pour rendre cela possible, il est indispensable de connecter le tableau électrique. Notre objectif à terme est de connecter 100% de nos tableaux électriques.

D'où la présentation de votre nouveau tableau électrique basse tension PrismaSeT Activ, entièrement connecté. Quelles sont ses particularités ?

Le PrismaSeT Active, dédié aux milieux industriels et tertiaires, est doté de différents types de capteurs IoT : un indicateur de perte de tension, un capteur détectant les émanations liées à l'échauffement des câbles (le PowerLogic HeatTag), des disjoncteurs connectés et des capteurs PowerTag mesurant avec précision la consommation énergétique des équipements. Notre plateforme EcoStruxure permet d'avoir un suivi à distance des consommations et de recevoir des alertes avec des notifications sur mobile en cas de dysfonctionnement. Il y a ici deux grandes innovations : la première est d'intégrer dans le tableau électrique un algorithme pour la prévention des incendies dans le PowerLogic HeatTag. Nous l'avons conçu avec un partenaire dans l'IoT. Une fonction d'autant plus importante que selon l'ONSE, 25% des incendies sont d'origine électrique. Schneider Electric va ainsi encore davantage développer le prédictif au sein de ses produits. La deuxième est de disposer d'un modem en LoRa pour remonter l'intégralité des données du tableau – la présence d'énergie, les niveaux de consommations, la prévention incendie… Le choix de LoRa est essentiel : cela nous permet d'obtenir les données même en cas de coupure de courant et sa couverture en France est suffisamment large pour que la connectivité ne soit plus une option mais intégrée par défaut.

Comment avez-vous développé PrismaSeT Active ?

L'une des innovations de ce tableau électrique est d'intégrer la connectivité LoRa. © Schneider Electric

Nous voulions une solution résiliente, efficace, durable et humaine. Nous avons longuement travaillé sur ses capacités techniques, Schneider Electric investit 5% de son chiffre d'affaires en R&D. Au-delà de la technologie, nous nous sommes posés beaucoup de questions sur l'expérience client et sur la manière de simplifier son utilisation. C'est tout l'enjeu de l'IoT : rendre un objet communiquant est aisé, mais le faire de manière simple en ayant une véritable adoption représente le défi. Après plus de deux années de travaux, nous avons lancé en mars dernier PrismaSeT Active en phase de pré-commercialisation pour poursuivre son développement en fonction des retours de nos partenaires. Nous avons un programme regroupant 45 tableautiers, c'était à nos yeux très important de les impliquer dans le processus car la filière est partie prenante pour déployer de l'IoT et générer des services. Nous avons par exemple travaillé avec le tableautier français B2EI. Les échanges nous ont notamment permis de savoir que le packaging n'est pas adapté, nous avons donc arrêté le plastique sur ce produit.

"Gérer au plus fin les consommations dans le résidentiel est d'autant plus important que les nouvelles mobilités électriques et le télétravail posent de nouvelles questions"

Qu'en est-il du résidentiel ?

Notre vision est la même et nous présenterons un disjoncteur connecteur dédié en 2022. Ce disjoncteur est complémentaire au compteur Linky : si ce dernier donne aux habitants leur consommation globale, le tableau électrique les informera sur des usages plus précis, car on peut savoir que derrière tel disjoncteur il y a tel chauffage ou telles prises. Gérer au plus fin les consommations dans le résidentiel est d'autant plus important que les nouvelles mobilités électriques et le télétravail posent de nouvelles questions et bouleversent le schéma selon lequel il n'y avait que deux pics de consommation, à partir de 8 heures et à partir de 18 heures, avec des baisses de consommation le reste de la journée. Les particuliers pourront adapter leur consommation à leur mode de vie.

Olivier Delepine a rejoint Schneider Electric en 1997 et occupe plusieurs fonctions commerciales régionales, puis sur tout le territoire, avec le suivi des installateurs nationaux. En 2005, il rejoint le comité de direction France au poste de directeur de la prescription et de l'exécution des projets. En 2014, il est nommé vice-président IT de Schneider Electric France. Depuis Janvier 2017, il occupe le poste de vice-président Buildings & Channels, division opérationnelle qui regroupe les activités équipements, solutions et services développées pour répondre aux besoins des acteurs du bâtiment et des infrastructures (Immobilier d'entreprises, Santé, Collectivités, …).