Les industriels européens ont une carte technologique à jouer en Chine et Asie-Pacifique 

En Asie, l'IoT et le cloud computing sont bien moins utilisés dans les usines qu'en Europe ou en Amérique, même si de nombreuses initiatives gouvernementales visent à y palier.

C’est pourquoi c’est le moment pour les industriels européens de faire la différence grâce leur innovation technologique, sur ces marchés à fort potentiel. Ces marchés sont si subtils que les entreprises ont peur d’y investir, mais les défis sont surmontables.

La langue et la culture

La Chine est un pays empreint de tradition et fier de sa culture millénaire. Son influence dépasse ses frontières et s’étend dans l’Asie Pacifique. Tout étranger qui entame des relations avec des Chinois a peur d’offenser, de faire un faux pas, tellement la culture peut être différente, surtout pour les pays lointains, occidentaux.

La différence culturelle, plutôt qu’un obstacle, est l’occasion de découvrir de nouvelles choses. La plupart des asiatiques sont ouverts d’esprit et pardonnent facilement les légers faux-pas. 

La langue peut constituer un frein, surtout dans le monde industriel ou tout doit être bien précis et où la compréhension mutuelle est essentielle. Elle est très difficile à appréhender pour les Européens, avec ses différents dialectes, son intonation et la prononciation avec quelques exceptions, son écriture très éloignée de la nôtre, et une structure assez différente.  Cette complexité est commune aux pays de la zone Asie Pacifique, l’écriture étant différente en Thaïlande et au Japon, et les langues toniques étant parlées au Vietnam et au Laos par exemple.

Aujourd’hui, les habitants de ces pays apprennent l’anglais et il devient de plus en plus courant d’échanger ainsi.

Toutefois, il est fortement conseillé de se faire accompagner par un expert local, pour gagner du temps et créer rapidement des connexions avec les bonnes personnes pour pénétrer et développer le marché local.

La connectivité

La performance du réseau est le plus gros challenge des industriels possédant un siège en Europe et des bureaux ou des usines en Chine – Asie-Pacifique. Les communications entre le siège et les autres sites, le contrôle, la productivité et l’efficacité, et par conséquent, la stabilité de toute la production peuvent pâtir de la qualité de la connectivité sur une si longue distance. Dans le pire des cas, la production peut être ralentie ou arrêtée, avec des conséquences sur le chiffre d’affaires et sur la réputation de l’entreprise vis-à-vis des clients et des partenaires.

La connectivité est essentielle pour intégrer des partenaires et informatiser sa production. Une mauvaise connectivité peut également entraver la collecte et l’analyse des données, ainsi que les liaisons avec les autres entités de la multinationale. Dans ce cas, les performances de l’ERP ne sont plus assurées. 

Il est conseillé de choisir un opérateur pouvant assurer suffisamment de bande passante et une faible latence, également capable de monter en puissance si votre activité se développe. Il vous faut du haut-débit sur chaque site pour assurer vos transactions et échanges de données vers l’étranger.

Les communications à travers différents fuseaux horaires

Les entreprises manufacturières doivent avoir une vue d’ensemble de leur production à tout moment, tous sites confondus, même s’ils sont répartis à travers le monde. L’informatisation des usines, avec des remontées d’information, permettent de suivre à distance les statuts de la production, et d’intervenir en cas de blocage.

Si, l’Asie-Pacifique et l’Europe sont distantes et pas sur les mêmes créneaux horaires, les logiciels de chat, de réunion à distance et de téléchargement de fichiers ont fait des progrès et facilitent les échanges. Mettre en place d’un WAN, réseau mondial, pour optimiser les communications entre les différents sites sera un autre atout. De plus, le cloud simplifie les communications internationales en rendant les données et documents accessibles à tous à toute heure et en tout lieu.

Cependant, l’avancée majeure est l’IoT, qui permet de collecter les données des machines, des processus et de la production pour analyser la productivité, l’efficacité et l’optimisation des processus. Grâce à l’IoT, il est possible d’identifier les points d’amélioration, d’évaluer les processus de production et même de découvrir de nouvelles sources de revenus, et tout cela, à distance. Les caméras intelligentes suivent le bon déroulement de la production et garantissent que tout se passe comme prévu. L’automatisation, l’IA et le big data permettent de trouver comment optimiser davantage la production.

La protection des données

Les cybercriminels ciblent souvent les sites industriels mal protégés. Une étude réalisée auprès d’entreprises manufacturières a révélé que 60% d’entre elles n’étaient pas complètement protégées contre une cyberattaque. La stabilité de l’infrastructure informatique est la clé de la réussite des productions internationales. La propriété intellectuelle est également un sujet de préoccupation, surtout dans un contexte de concurrence accrue.

En plus des logiciels de protection habituels, il est conseillé de crypter ses canaux de diffusion. Le mieux est d’utiliser un VPN, réseau virtuel privé, dédié à l’entreprise. Le VPN redirige le trafic de telle sorte qu’il ne puisse pas être vu par des tiers, ce qui limite les risques pour les communications entre l’Asie et l’Europe.

La maîtrise de la 5G

La 5G est bien plus qu’un réseau 4G plus rapide. Sa technologie permet des applications logicielles avancées et constitue un grand avantage pour l’IoT. Cependant, les vulnérabilités des logiciels peuvent être exploitées comme porte d'entrée pour une cyberattaque, or comme toute nouvelle technologie, la 5G peut posséder ses failles.

Mais, largement déployée en Chine et dans la région Asie-Pacifique, elle reste un atout non négligeable qui est l’une des forces de la région. Ses avantages dépassent largement les inconvénients.

La législation

L’Asie Pacifique est si vaste que les règles sont différentes d’un pays à l’autre. Et en Chine, elles varient même d’une région à l’autre, voire d’une ville à l’autre, en ce qui concerne la production et la distribution. Il faut vraiment bien étudier la législation avant de se lancer car les investissements sont importants et, même si les différences peuvent être minimes, elles peuvent bloquer la distribution des produits et engendrer des pertes financières.

Pour éviter tout impair, un arrêt de production ou une amende, il est conseillé de se faire aider par un partenaire local, aussi bien pour les sujets technologiques que pour les sujets économiques et fiscaux, même si on est déjà implanté dans le pays car la législation évolue et qu’il faut être à jour en permanence. Les frais engendrés seront compensés en évitant des pénalités importantes.

La concurrence locale en Asie

Même si les échanges internationaux entre la Chine et l’Europe se passent très bien, certaines entreprises craignent la concurrence locale, notamment des entreprises étatiques chinoises. Les entreprises non étatiques bénéficient de subventions, ce qui leur confère un certain avantage sur leurs concurrents étrangers.

Cependant, selon une étude de la Chambre de Commerce Européenne, 59% des entreprises européennes estiment être traitées de la même manière que leurs homologues chinoises. 59% prévoient de développer leurs activités en Chine et plus des deux-tiers sont optimistes sur leurs chances de réussite en Chine. Moins d’un dixième n’a pas l’intention d’investir dans le pays, seuls 4% ont l'intention de retirer une partie de leurs investissements de Chine, et seulement 1% a l'intention d’y retirer tous ses investissements.

Les entreprises étrangères se heurtent également en Chine à un marché intérieur assez fermé et à des écosystèmes numériques et des réseaux commerciaux déjà existants. Se faire accompagner par un partenaire local est indispensable, surtout en Chine. L’état chinois est très présent dans l’économie du pays, plus qu’en Europe, mais il est également ouvert aux investissements étrangers.

Les entreprises manufacturières étrangères peuvent craindre de na pas pouvoir s'aligner sur les faibles coûts de production locaux. En effet, l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam sont considérés comme les marchés les plus difficiles d'accès au monde pour cette raison.

Mais ces coûts de fabrication augmentent régulièrement à mesure que l'économie de ces pays se développe. Les salaires dans l'industrie manufacturière vietnamienne, par exemple, ont augmenté en moyenne de 5 % par an au cours des cinq dernières années.

D'autre part, la qualité de la production et les équipements ne sont pas alignés sur les normes européennes. Pour rester dans l'exemple du Vietnam, l'industrie manufacturière y est encore beaucoup plus basée sur le travail manuel et moins mécanisée, et le niveau de qualification requis est comparativement faible.

Les usines asiatiques ont pris conscience qu’elles devaient évoluer de la production en série vers des produits de meilleures qualité, respectueux des normes internationales et des critères écologiques, mais les compétences se font rare dans ces domaines sur le continent, les métiers liés à l’industrie n’étant pas valorisés.

C’est ainsi que les industriels européens peuvent s’imposer, leur compétitivité venant de leur avancée technologique. Les obstacles sont surmontables, place à l’innovation.