Connaissez-vous Pinky, le petit frère de Linky ?

Connaissez-vous Pinky, le petit frère de Linky ? Plus de 5 000 de ces compteurs IoT roses vont être déployés dans les postes de basse et moyenne tension d'Enedis. Leur atout : soutenir la transition énergétique des collectivités.

L'année 2023 marque l'industrialisation de Pinky. Plus de 5 000 de ces compteurs de mesure vont être déployés d'ici à la fin de l'année dans certains postes de transformation de moyenne et basse tension d'Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d'électricité, avant d'en évaluer le ROI courant 2024. Un appel à projet a été lancé en début d'année pour fabriquer en masse ce compteur rose dérivé du Linky, que les équipes appellent en interne Pinky.

L'atout de Pinky est d'apporter plus d'informations en temps réel sur le réseau à l'échelle d'une maille locale, sur un quartier ou un immeuble par exemple. Il pourra indiquer notamment si un quartier tire ou injecte de l'énergie dans le réseau à un instant T. Par ses données, Pinky va ainsi permettre aux équipes d'Enedis de mieux comprendre les transits d'énergie dans les écoquartiers, notamment avec l'essor du photovoltaïque, ou encore de coordonner le déploiement des bornes de recharge (IRVE) pour maîtriser leur impact sur le réseau de distribution. "On va avoir besoin de l'IoT et de la donnée pour faire face à l'enjeu de la transition énergétique et Pinky en est l'un des outils indispensables car plus l'on veut se focaliser sur l'énergie locale, plus la production est variable", indique Yves Barlier, directeur Planification Etudes Projets Smart grids d'Enedis.

Plusieurs collectivités en ont aussi décelé l'intérêt et l'utilisent déjà dans leurs tableaux de bord, à l'image de Montpellier, Lyon, Bordeaux, Nice ou encore Paris. "Pour les gestionnaires d'immeubles, Pinky servira à améliorer leur efficacité énergétique en analysant ce qui causent les plus grosses consommations ou en détectant des anomalies et en envoyant un ordre correctif à un actionneur, par exemple de couper un équipement laissé inutilement allumé", indique Yves Barlier.

Données transmises toutes les 10 minutes

Les centrales de mesures Pinky sont installées dans les postes de distribution et représentent l'un des outils au service de la gestion du réseau. © Enedis

Le fonctionnement de Pinky est simple : l'appareil a la même architecture que le compteur Linky, auquel a été ajouté un module d'acquisition de mesures basse tension et de mesures de températures. Pinky se définit ainsi comme une centrale de mesure basse tension, branchée au concentrateur du poste, qui permet de mesurer en temps réel les tensions, les intensités, les puissances actives et réactives, la température ambiante, la charge transformateur et l'harmonique dans certains postes de transformation publics. "L'un des avantages de Pinky est de ne pas avoir besoin de couverture réseau, comme la 4G, puisque c'est le CPL qui est utilisé pour transmettre la donnée toutes les dix minutes", souligne Yves Barlier.

L'histoire de Pinky a débuté en 2018 dans le Lab d'Enedis, où les premiers prototypes ont été conçus. Une cinquantaine d'appareils ont été expérimentés au sein de six directions régionales. Ce test a permis la validation de son usage, notamment pour l'optimisation des investissements via l'amélioration des modèles de charge ou la fourniture des données à la maille des postes pour répondre aux attentes des collectivités. La direction technique d'Enedis a alors décidé en septembre 2019 de procéder à une deuxième phase d'expérimentation, basée sur le déploiement de 1 000 nouvelles centrales Pinky. Déployés depuis novembre 2020 sur les 25 directions régionales, ces Pinky ont permis à Enedis de collecter ces deux derniers hivers des informations pour affiner les nouveaux modèles de charge du réseau adaptés à l'évolution des usages de l'énergie. Le bilan positif de Pinky se confirmant, le Codir de la direction technique a décidé l'industrialisation en cours des centrales de mesure.

La prochaine étape pour les équipes d'Enedis va être d'utiliser, entre autres, les données de Pinky pour alimenter un jumeau numérique du réseau de distribution et prévoir tout aléa, comme une panne. Les possibilités avec ce compteur n'en sont encore qu'à leurs débuts mais Pinky a déjà de belles perspectives. Grâce à ses travaux sur les microgrids, dont fait partie Pinky, Enedis a remporté pour la deuxième année consécutive la première place du classement international "Smart Grid Index" de Singapore Power Group, qui compare et note les réseaux électriques intelligents.