Facebook s'attaque au phénomène Whatsapp

Facebook s'attaque au phénomène Whatsapp Délaissé au profit des applications de messageries instantanées, plus simples et dépourvues de publicité, le réseau social contre-attaque avec Home.

On a beaucoup évoqué, ces derniers temps, les velléités manifestées par Facebook de séduire une population mobinaute qui représente aujourd'hui plus de 600 millions de ses utilisateurs. Dernier exemple en date, le lancement de sa surcouche applicative, Home (lire l'article, Facebook veut remettre l'utilisateur au cœur du mobile, du 04/04/2013) qui enchevêtre les fonctionnalités du réseau social au sein de l'OS d'Android, pour rendre son utilisation plus intuitive mais pas que...

L'une des grandes nouveautés est en effet le service "Chat Heads", qui permet de faire apparaître en pop-up le visage des personnes qui vous parlent sur Facebook ou via SMS. "La messagerie instantanée n'était jusque-là considérée que comme une application comme les autres, nous allons pousser plus loin son intégration", s'est réjoui Mark Zuckerberg. Pour qui en douterait, cette promesse du fondateur de Facebook suffit à résumer les ambitions du réseau social au sujet d'une activité qui l'intrigue depuis un moment déjà. Il faut dire que les performances réalisées par les meilleurs acteurs du secteur ont de quoi donner le tournis. A commencer par l'américain, Whatsapp, qui délivre aujourd'hui plus de 18 milliards de messages par jour et est l'application payante la plus téléchargée dans 139 pays du monde selon Appannie. Seul le Japon lui résiste... Et pour cause, ce marché a vu émerger un service identique, Line, qui a déjà atteint plus de 110 millions de téléchargements. Au rayon des pépites, citons également l'américain Kik et le sud-coréen Kakao Talk

Les jeunes se désintéressent de l'usine à gaz Facebook

Ce succès, ces applications à l'environnement épuré et dépourvu de publicité l'ont en partie bâti au détriment de Facebook. Lequel, considéré comme un mastodonte, trop fouillis et difficile à gérer, alors que s'invitent de plus en plus les problématiques de vie privée, a vu une partie de sa population se désengager. Citons cette étude de Pew Internet, menée auprès d'un millier d'internautes américains, qui révélait que 42% des 18-29 ans interrogés déclaraient passer moins de temps sur le réseau social qu'il y a 1 an. Alors que l'usine à gaz Facebook était délaissée par certains utilisateurs pour des réseaux sociaux verticaux tels qu'Instagram ou des services comme Whatsapp, tous plus simples d'utilisation, le management de Palo Alto a décidé de prendre les devants pour s'éviter un destin à la Myspace. "Certains de nos utilisateurs, notamment les plus jeunes, sont très actifs sur des réseaux semblables à Facebook. Certains d'entre eux ont par exemple réduit le temps passé sur Facebook au profit de services comme Instagram. Dans l'éventualité où ce type de comportement se développerait, notre entreprise pourrait en pâtir", s'inquiétait ainsi le réseau social dans son rapport annuel publié en février 2013.

Des rumeurs de rachat de Whatsapp par Facebook

D'où la volonté affichée par Facebook d'investir le territoire de la messagerie instantanée. Le lancement de son application mobile, Facebook Messenger, en août 2011, n'était que la première pierre d'une stratégie visant à s'appuyer sur sa formidable audience pour éliminer la concurrence. Insuffisant, comme l'a montré le succès de Whatsapp... Facebook, à qui l'on prêtait même début décembre l'intention de racheter ce dernier, est alors passé à l'offensive, annonçant à l'occasion de LeWeb la mise à jour de son application Android pour proposer aux utilisateurs non-inscrits sur le réseau social de créer un compte Messenger en utilisant seulement leur nom et leur numéro de téléphone. Le service devait également être décliné dans une version iOS début 2013.

Dernier (ultime) atout dans la manche d'une société qui ne s'est donc toujours pas décidé à lancer son propre smartphone, Facebook Home peut permettre à la société de Mark Zuckerberg de redistribuer les cartes. Reste que le succès des applications de messageries instantanées s'est bâti à l'aune de leur minimalisme et de leur simplicité d'usage, deux qualités plébiscitées par une audience de plus en plus publiphobe. Difficile de croire que Facebook pourra, à l'instar de Whatsapp se résoudre à se passer de publicité dans Home. Car la tentation est grande pour la société côtée en Bourse et donc plus que jamais soumise à des impératifs économiques de faire s'immiscer des messages publicitaires dans ces nouvelles fonctionnalités. La conférence de présentation n'ayant rien laissé présager, les premiers éléments de réponse devraient apparaître après le 12 avril, date de lancement de Facebook Home.