"Les TIC comme levier de croissance"

La France occupe la 5ème place mondiale sur le marché des nouvelles technologies et le secteur compte 800 000 emplois. Son positionnement n'est pas catastrophique, mais elle accuse tout de même certains retards, notamment dans l'équipement de ses entreprises en nouvelles technologies.

A l'occasion des Assises du numérique, le Journal du Net a décidé de donner la parole à des élus, des grands patrons d'entreprises high tech et à des répresentants d'associations.

Le World Economic Forum nous a placé au premier semestre 2008, à la 23ème place mondiale en termes d'équipements des entreprises en technologies de l'information et de la communication (TIC). Ceux-ci représentent 5 % de la valeur ajoutée de notre pays contre 8 % aux USA. 20 % seulement des investissements des PME vont dans les équipements en nouvelles technologies, contre 50 % outre-Atlantique. Il est donc impératif de travailler sur les moyens à mettre en oeuvre pour améliorer cette position, et je me félicite que ces Assises du numérique, menées par Éric Besson, aillent dans ce sens, en réunissant tous les acteurs concernés.

A côté de l'équipement des entreprises, il est nécessaire de soutenir l'usage des nouvelles technologies par les salariés eux-mêmes. A ce titre, j'ai proposé un amendement sur le projet de loi de modernisation de l'Économie qui pourrait permettre aux entreprises de prendre en charge, comme ils le font pour leurs cadres, une partie des abonnements du téléphone portable et d'Internet de leurs salariés. Le gouvernement s'est engagé à travailler sur la création d'un forfait dans le cadre du projet de loi de Finance 2009.

Et puis, ce qui fait aussi la force d'Internet, c'est que des individus peuvent créer rapidement beaucoup de valeur, en partant de peu ; il suffit d'avoir un ordinateur à 400 euros et une connexion Internet pour moins de 30 euros par mois.

Les très grandes entreprises qui réussissent dans ce secteur, ont besoin de nouvelles petites entreprises. Si on ne laisse pas à ces individus la possibilité de se lancer dans des projets qui s'appuient sur Internet, nous n'améliorerons pas cette position. A ce propos, je regrette que les nombreuses liquidités présentes sur le marché mondial aillent aujourd'hui vers la spéculation ou sur les matières premières, alors qu'à côté, de nombreux projets du Net attendent des investissements. Il faut donc arriver à déclencher dans notre pays, une nouvelle vague des nouvelles technologies. C'est l'enjeu de ces Assises du numérique.

Puisqu'il s'agit d'Internet, je me dois de rappeler l'intérêt de protéger les contenus. Au sein du club parlementaire sur l'avenir de l'audiovisuel et des médias que je co-préside, sont réunies les sociétés de l'Internet, des Télécoms, mais aussi les créateurs, les producteurs, et tous les éditeurs des chaînes de télévision. Ils ont pu mesurer la révolution de l'ADSL et de la TNT. La TMP et le très haut débit  peuvent être une vraie chance, à partir du moment où l'on sait réorganiser les circuits de financement de la création. On voit aujourd'hui que la publicité va partout. Pour sauver la création et la production de flux, on a la chance d'avoir le soutien des entreprises de nouvelles technologies, parce qu'elles sont toutes conscientes que, dans la réalité, il y a besoin de contenu pour les tuyaux qu'elles développent. Je veux souligner ici le rôle capital des pôles de compétitivité, où le contenu doit être au coeur des réflexions et des nouveaux projets du numérique.

Les efforts doivent venir aussi des pouvoirs publics, dans la perspective d'une plus grande dématérialisation des procédures et documents administratifs. L'exemple du "chèque-transport" est pertinent. Il ne peut pas être mis en place s'il n'est pas dématérialisé. On pourrait donc imaginer de le faire rapidement, alors même que les entreprises le proposent et que les Français l'attendent.

La société française doit donc s'adapter aux nouvelles initiatives. Si l'on veut dépasser cette 23ème place en termes d'équipements, il va falloir changer un certain nombre de mentalités afin d'accorder la société sociale et fiscale qui a du retard, avec la société du Net, source de création et qui va très vite. L'enjeu de ces assises est de donner le bon rythme à notre pays, pour rattraper le retard accumulé.