Jean-David Chamboredon (Isai Gestion) "Nous investirons dans une douzaine de start-ups"

En provenance de 3I, Jean-David Chamboredon est à la tête d'Isai Gestion, un fonds d'investissement rassemblant une soixantaine de dirigeants du Web et doté de 24 millions d'euros.

JDN. Qu'est-ce qu'Isai ?

Jean-David Chamboredon. Isai est un fonds d'investissement créé par des entrepreneurs. Nous avons levé pour le moment 24 millions d'euros, dont plus de la moitié provient d'une soixantaine d'entrepreneurs et dirigeants de sociétés Web (dont (Alapage, FullSix, Google France, Micromania, Vente-Privée, Wanadoo..., ndlr). Le reste provient du Crédit Mutuel Arkéa et de CDC Entreprises. Notre objectif est d'atteindre les 30 millions d'euros dans les mois à venir auprès d'autres entrepreneurs et de fonds institutionnels.

Comment est né le projet ?

L'idée est venue il y a un peu plus d'un an à Pierre Kosciusko-Morizet. Son constat était simple : les meilleurs business angels sont des entrepreneurs qui connaissent le Web. Mais ils sont rares. Il a donc pensé à en réunir. Rapidement, Geoffroy Roux de Bezieux (Virgin Mobile, ndlr), Stéphane Treppoz (Sarenza, ndlr) et Ouriel Ohayon (Appsfire, ndlr) l'ont suivi. A l'époque, je travaillais chez 3i et siégeais au conseil d'administration de Priceminister. Pierre m'a demandé conseil pour son projet puis il m'a demandé de le piloter. J'ai donc quitté 3i après l'été denier pour monter ce projet.

Quel est le profil type des start-up dans lesquelles vous comptez investir ?

Isai investira dans le Web, dans l'acceptation la plus large du terme. Nous ne ferons pas d'amorçage, mais nous voulons être le premier institutionnel à rentrer dans le capital d'une société. Nous regarderons évidemment de près le projet, la qualité des équipes, mais aussi l'efficacité capitalistique du projet : Isai n'accompagnera pas des start-ups qui nécessitent de lever plusieurs dizaines de millions d'euros car nous ne voulons pas perdre notre influence sur la société. Notre premier investissement aura lieu en mai.

Comment comptez-vous investir ces 24 millions d'euros, ou plus ?

Notre objectif est d'investir des tickets d'un million d'euros en moyenne dans une douzaine de sociétés pour avoir un portefeuille suffisamment diversifié. Nous prévoyons de réaliser un investissement par trimestre. L'argent restant nous servira à soutenir ces start-up lors de futures levées de fonds. Nous voulons en effet rester des actionnaires de référence de ces start-up pour les accompagner dans les différentes étapes de leur développement. Aussi, cette réserve nous permettra de ne pas nous faire diluer jusqu'à disparaître du conseil d'administration, comme c'est souvent le cas pour les business angels.

Comment vous organisez-vous ? Quels rôles auront les entrepreneurs et dirigeants qui participent à Isai ?

Je travaille avec Christophe Raynaud, ex-délégué général de Paris Business Angels sur les dossiers. Toutes les semaines, nous organisons une réunion avec Pierre Kosciusko-Morizet, Geoffroy Roux de Bezieux, Stéphane Treppoz et Ouriel Ohayon pour discuter des plus intéressants. Une fois qu'un dossier est mûr, nous organisons un comité d'investissement dans lequel participent des investisseurs du fonds. Une fois que nous aurons investi dans une start-up, nous solliciterons un ou deux de nos investisseurs/entrepreneurs pour siéger au conseil d'administration de la start-up et aider ses fondateurs.

Xavier Niel et Jérémie Berrebi ont créé Kima Ventures, Marc Simoncini a lancé Jaina Capital. Comment expliquez-vous la concomitance de ces initiatives ?

C'est une tendance positive. Cela montre que le Web français est assez dynamique pour susciter autant d'intérêt. Xavier se positionne plutôt à l'amorçage avec de petits tickets, Marc est plus éclectique et très actif, quant à nous, nous adoptons un profil de fonds plus traditionnel. Finalement, nous sommes plutôt complémentaires.