L'échec entrepreneurial s'affiche au Failcon

L'échec entrepreneurial s'affiche au Failcon Les fondateurs de Wikio, Event Brite, Sprouter.com ou encore Cortiza sont venus confesser leurs échecs lors de la première édition du Failcon Paris le jeudi 22 septembre.

Fonctionnalités inutiles, recrutement raté, audience non monétisée, prototypes instables ou partenariats avortés font parti de la liste des innombrables problèmes qu'une start-up peut rencontrer. Si l'échec est souvent tabou, il permet cependant de réinterroger son business model et permettre aux autres de ne pas tomber dans les mêmes pièges. Lors de la première édition de la conférence Failcon à Paris jeudi 22 septembre, une dizaine d'entrepreneurs du web sont venu partager leur retour d'expérience après des échecs parfois brutaux.

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Frédéric Montagnon, directeur marketing de Wikio © Hugo Sédouramane

Parmi eux, le fondateur de Wikio, Frédéric Montagnon, relatait sa difficile expérience avec Google. En août, la mise à jour de Google Panda a fait chuter le trafic de sa plateforme de contenus de 50 % (Wikio.fr, Les-expert.com). "Aujourd'hui nous ne sommes plus dépendant de google, mais il fallait essayer. Sans essais on ne peut pas connaître le succès", explique-t-il. Construire une entreprise en se basant sur une plateforme existante est très attirant, on peut toucher beaucoup de monde, et très vite. Mais il ne faut jamais oublier d'anticiper les évolutions de cette plateforme".

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Ricardo Sousa, fondateur de Cortiza © Hugo Sédouramane

A 19 ans, Ricardo Sousa décide de monter sa start-up, baptisé Cortiza, une plate-forme de gestion de notes permettant aux internautes d'organiser leurs idées. "Dès notre lancement, 100 000 personnes s'étaient inscrites sur le site, mais ce fut l'échec le plus total. J'avais recruté des amis en qui j'avais confiance. Au final, ce ne sont pas les amis qu'il faut avoir près de nous mais des gens qui travailleront avec passion" raconte-t-il.

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Marie Ekeland, Partner chez Elaia Partners © Hugo Sédouramane

Pour Marie Ekeland, Partner chez le capital-risqueur Elaia Parnters, cela devient intéressant d'échanger avec un entrepreneur quand il prend la responsabilité de son échec : "Une des premières choses que l'on demande quand  un entrepreneur vient présenter son projet, c'est son parcours. L'erreur la plus fréquemment rencontré dans une présentation, c'est quand les porteurs de projets sont trop focalisés sur leur PowerPoint. Honnêtement, on se fiche des diapositives".

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Renaud Visage, cofondateur d'Eventbrite © Hugo Sédouramane

En lançant Eventbrite, Renaud Visage a eu l'ingénieuse idée de proposer à Facebook d'intégrer sa plate-forme de réservations d'événements aux "Facebook Events". "C'était prometteur, on avait accès à 700 millions d'utilisateurs mais l'adoption n'est pas venue. L'API est morte deux mois plus tard. Par la suite on a contacté Facebook et travaillé avec eux sur une phase de test. Mais les internautes n'étaient toujours pas engagés. L'erreur, c'était d'avoir voulu tout faire d'un coup, de ne pas avoir pris le temps de procéder au fur et à mesure par de petites intégrations, pour ensuite faire évoluer l'offre en fonction des usages et du retour d'expérience". Cet échec, dû à une dépendance trop prononcé avec Facebook n'a toutefois pas arrêté Eventbrite. Ressaisie aujourd'hui, la société mise sur un développement international, espérant toucher de nouveaux marchés.

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Sarah Prevette, fondatrice de Sprouter.com © Hugo Sédouramane

Sarah Prevette, fondatrice de Sprouter.com, le "Quora des start-up", accuse plus difficilement le coup. Lancé en novembre 2009 et après avoir connu un important succès, elle a publiquement annoncé l'échec et la fermeture de ses services au mois d'août 2011. "Nous avons dépensé énormément d'énergie à développer de grosses fonctionnalités pour le site, comme des outils communautaires" relate-t-elle, mais après avoir lancé Sprouter gratuitement, impossible de faire marche arrière et de monétiser l'audience. "Les internautes ne cherchaient qu'une chose, des réponses à leurs questions, malgré ça, nous nous sommes concentré sur les fonctionnalités. Puis nous sommes arrivés à un point où nous n'avions plus d'argent". Pour les entrepreneurs, son conseil est clair : il faut tomber amoureux de ses problèmes, pas des solutions. "Personnellement c'est éprouvant. J'ai dû annoncé notre échec publiquement. Deux heures après, j'avais reçu 10 000 emails" conclut-elle.