Bonnes feuilles : Google, l'entonnoir Le "googling", un "branchement sur l'imaginaire d'Internet"

" ... On se souvient que, selon la légende (1), le terme "Google" fut forgé en 1998 par un jeu de mots sur "googol", inventé par Milton Sirotta, neveu du mathématicien Edward Kasner. Un "googol" est le chiffre 1 suivi de 100 zéros. Il suggère la mission de Google qui est d'organiser l'immense quantité d'informations disponibles sur le web. Le passage du statut de projet étudiant à celui de marque, puis à celui de nom commun a suivi le fantastique développement de son usage mondial passant de 10 000 requêtes par jour en 1998, à 100 millions en 2001, à 60 milliards en 2007 (2) et 85 milliards en 2008 (3). L'impact de Google sur notre quotidien est signifié par l'existence même de ce verbe : "to google". Évidemment c'est en anglo-américain, langue plus souple et créative que le français, parlée par des centaines de millions de personnes, et qui représente donc l'outil commun de pensée de cette immense communauté internationale.


Or, quand une marque devient un nom commun ou "entre au Larousse", comme frigidaire pour "refrigerator", le sociologue des usages constate que le bien est devenu une nécessité pour la masse des citoyens consommateurs. Que dire quand le nom d'une marque se conjugue comme un verbe ? Le cas est beaucoup plus rare et il renvoie non plus à la mise en commun de la marque, mais à son entrée dans le comportement des individus comme constituant de leur potentiel d'action. C'est à partir de ce phénomène que nous allons tenter d'expliciter comment le "googling" peut être considéré comme une manifestation d'un discours idéologique s'insérant dans un imaginaire d'internet ainsi que l'a décrit Patrice Flichy (4).

1 http://www.7-dragons.com/
2 http://www.comscore.com/press/data.asp
3 http://www.comscore.com/2008-digital-review/
4 L'imaginaire d?internet, Patrice Flichy, La Découverte, p. 273, 2001.