L'optimisation du WAN est-elle toujours pertinente à l'ère du SD-WAN ?

Au tout début des réseaux mondiaux IP (WAN IP), la bande passante était limitée et coûteuse, et un marché dynamique de l'optimisation WAN est né pour améliorer l'efficacité et le débit des WAN. Est-il encore pertinent ?

Aujourd'hui, à l'ère des réseaux SD-WAN reposant sur Internet, la bande passante est devenue abondante et économique, ce qui diminue le besoin de recourir à des techniques d'optimisation telles que la déduplication (mise en cache) et la compression des données. De nombreuses autres fonctions d'optimisation du WAN ont été intégrées aux plateformes SD-WAN, notamment la modélisation du trafic, la limitation du débit et la correction des erreurs de transmission. On peut donc se demander si les plateformes d'optimisation du WAN sont toujours pertinentes aujourd'hui. La réponse dépend de la manière dont le WAN est utilisé et des caractéristiques des données qui y sont transférées.

Distance rime avec latence

Même si le paysage du WAN d’aujourd’hui est très différent de celui des années 1990, une chose n’a pas changé : le WAN peut parcourir de longues distances et qui dit distance, dit latence. Prenons l'exemple d'une société factice ayant des bureaux à Boston et à Los Angeles, distants d'environ 4200 km. Le délai minimum théorique aller-retour sur cette distance est d'environ 42 millisecondes (en supposant un trajet parfaitement droit et limité uniquement par la vitesse de la lumière dans une fibre optique). Supposons que je veuille transférer un fichier vidéo de 25 Go entre ces endroits. Si je dispose d'une liaison WAN de 1 Gb/s, en supposant que je puisse utiliser 100% de cette bande passante, je pourrais transférer le fichier dans un laps de temps d’environ 200 secondes (moins de 4 minutes). Si j'ai un lien de 10 Gb/s, je pourrais le faire en 20 secondes. Si j'avais un lien de 100 Gb/s, je n'aurais besoin que de 2 secondes. Bien sûr, il y aurait un délai de 21 millisecondes avant que le premier paquet n'arrive, quelle que soit la largeur de bande disponible, mais qui s'en soucie ? Le débit ne dépend que de la bande passante, non ? Selon la façon dont on transfère le fichier, il peut y avoir un lien surprenant entre le débit et la latence.

La latence peut avoir un impact sur le débit

L’exemple le plus courant de ce lien est sans-doute le protocole TCP, qui ne transfère qu'une certaine quantité de données avant de recevoir un accusé de réception de la part du destinataire. Cette quantité est appelée "fenêtre" TCP, et elle peut avoir un effet d'étranglement surprenant sur le débit du réseau étendu en raison de la latence. Si j'utilise le FTP basé sur Microsoft Windows pour transférer le fichier, la taille de la fenêtre TCP par défaut est de 65 536 octets = 524 288 bits. En divisant ce chiffre par le délai aller-retour, on obtient le débit maximal que je peux obtenir : 524 288 bits / 0,042 seconde = 12 483 047 bits/seconde, soit un peu moins de 12,5 Mb/s. À cette vitesse, il faudra plus de 4 heures pour transférer le fichier, même si j'avais une liaison de 100 Go !

Maîtriser la latence grâce à l’optimisation des protocoles

Les plateformes d'optimisation WAN reconnaissent des protocoles comme TCP et peuvent optimiser intelligemment leurs performances de manière totalement transparente pour les expéditeurs et les récepteurs. Plutôt que d'attendre que le récepteur distant accuse réception d'une fenêtre de données, l'optimiseur WAN local du côté de l'expéditeur l'accuse immédiatement, ce qui libère l'expéditeur pour commencer à transmettre la fenêtre de données suivante. L'optimiseur de réseau étendu regroupe alors plusieurs petites fenêtres en blocs de données plus importants et transmet ces blocs en utilisant pleinement la bande passante disponible. Du côté du récepteur, l'optimiseur WAN local décompose les grands blocs en fenêtres plus petites pour les transmettre au récepteur. L'amélioration peut être spectaculaire. Supposons qu'un accusé de réception local puisse être donné en 0,1 milliseconde. Cela porte le débit maximal à 524 288 bits / 0,0001 seconde = 5,24 Gb/s. En supposant que je dispose d'un lien de 10 Go ou de 100 Go, je peux transférer le fichier en 38 secondes environ.

Technologies complémentaires

Les entreprises d'aujourd'hui sont de plus en plus mondiales et leurs sites peuvent être dispersés sur plusieurs continents. Si elles ne sont pas réduites, les latences dues aux grandes distances entre les sites peuvent dégrader considérablement les performances de certaines applications et de certains protocoles. La technologie d'optimisation du WAN peut compléter le SD-WAN pour atténuer ces problèmes, en tirant pleinement parti de toute la bande passante WAN disponible pour maximiser le débit et les performances.