Israël et l’innovation : quand l’ordre et le chaos se répondent
Si l’on en croit le fondateur d’Intel Israël Dov Frohman[1], « pour créer un véritable culte de l’innovation, la peur de la perte se révèle plus forte que l’espérance de gain ». Depuis sa fondation en 1948 Israël n’avait pourtant rien à perdre et tout à gagner à innover.
C’est l’innovation omniprésente qui, aujourd’hui encore, fait le rayonnement économique d’Israël dans le monde entier et donne quelques enseignements à tirer.
Innover pour survivre et l’emporter
Quelques chiffres suffisent à mesurer la concentration de
facteurs innovants en Israël. Alors qu’en 2009 le NASDAQ cotait 2 entreprises
allemandes, 2 françaises et 6 japonaises. Pas moins de 63 entreprises
israéliennes y étaient « listées », plus que n’importe quel pays
étranger. Avec seulement 7 millions d’habitants, ce petit pays est pourtant
celui qui investit le plus en recherche et développement civile avec 4,3% du
PNB en moyenne entre 2000 et 2005 soit plus du double que la France sur la même
période.
Le capital risque, troisième source de financement de
l’innovation est lui aussi très présent avec plus de 250$ investit par habitant
en 2008 soit plus de deux fois et demi les montants américains.
De tels financements totalement privés ne sont pas une manne
céleste qui tomberait comme une pluie bienfaisante sur les entreprises
israéliennes. Ces financements résultent d’un climat économique et d’une
mentalité d’innovation omniprésente incarnée par la remise en cause permanente
de toute situation établie et l’implication individuelle pour la cause
nationale. Une implication que certains n’hésitent pas à attribuer à
l’importance de l’armée dans laquelle l’expression « ce n’est pas de ma
faute » n’existerait simplement pas.
Et les résultats ne se font pas attendre. Israël figure
au 6e rang mondial en matière de contribution en termes de
prix Nobel par habitant. Le nombre de publications scientifiques par habitant
(109 publications par 10 000 personnes) et de
brevets déposés par habitant figure parmi les plus élevés au monde. Ce n’est
pas un hasard non plus si les plus grandes entreprises mondiales (Cisco, IBM,
Intel, Microsoft…) disposent aujourd’hui en Israël de centres de R&D qui
comptent parmi les plus influents de la planète.
La crise, et alors ?
Pourtant, Israël est tout sauf une terre de tranquillité
dont les habitants pourraient se consacrer sereinement à la recherche ou au
développement de nouveaux produits et de nouvelles idées.
Israël, pays jeune,
pays en guerre, pays encerclé par des voisins souvent menaçants, Israël est un
pays où la crise est la norme. Ni la guerre des six jours, ni celle du Kippour,
pas plus les deux guerres du golfe n’ont pu interrompre le développement
technologique et économique du pays. Un pays qui semble sortir renforcé de
chacune des épreuves qu’il parvient à surmonter.
Même la bulle Internet n’est pas arrivée à bout de l’esprit
start-up. En effet, selon l’Israel Capital Venture Research, le pays compterait
pas moins de 3850 start-up soit une pour 1844 habitants, un record mondial.
L’idée même de crise, d’un avenir incertain sur tous les
plans économique, politique, écologique (la gestion de l’eau est un des
principaux problèmes auquel doit faire face Israël), participe de la mentalité
générale et de la dynamique commune qui pousse toujours le pays et sa
population vers l’avenir.
Quels avantages pour les entreprises françaises ?
Condamnée à s’ouvrir vers le monde dans son intégralité, la
petite économie israélienne (49ème PIB mondial) est aussi une terre d’accueil
pour toutes les entreprises qui souhaitent participer à l’innovation et à sa
diffusion dans le monde.
La France a développé, avec des succès certains, des pôles
de compétitivité dont l’excellence est reconnue dans le monde entier.
Ces pôles
réunissent géographiquement tous les acteurs de l’innovation : les grandes
entreprises, les universités, les laboratoires et les start-up innovantes.
Israël fonctionne comme un immense pôle de compétitivité qui
aurait choisi de développer l’innovation immatériel pour en faciliter
l’exportation et la commercialisation dans le monde entier.
Toute entreprise qui a fait l’expérience de l’effet de
levier développé par un pôle de compétitivité ne peut qu’être séduite par une
telle approche à l’échelle d’une nation. De nombreuses entreprises françaises
ont fait ce choix et développent sur place des équipes pour travailler avec des
entreprises israéliennes sur les nanotechnologies médicales, les technologies
de l’information et de la communication, l’énergie solaire, et les carburants
alternatifs.
De nombreuses rencontres [2] sont organisées en
France et en Israël pour favoriser les échanges entre les entreprises des deux
pays et nourrir la réflexion de dirigeants d’entreprise sur les liens entre
crise et innovation, chaos et ordre, risque et développement.
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[1] Fondateur d’Intel Israël, cité dans « Israël, la Nation Start-up » Maxima, Paris, 2011.
[2] Notamment la Journée de l’Innovation France-Israël, organisée le 5 décembre 2011 à Paris, au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.