Où en sont les femmes dans l'industrie ?

Le métier de technicien est, dans l’inconscient collectif, un métier d’hommes. Et ce peut-être plus encore lorsque l’on parle des techniciens dans l’industrie.

La proportion de femmes techniciennes de ce secteur, bien qu’en augmentation, tend à faire perdurer cette idée. Les dernières études consacrées à ces profils mettent en lumière de nombreuses disparités auxquelles il est important de donner un éclairage.

Des métiers encore très sexués

Selon le Baromètre Techniciens 2015 de Page Personnel, les femmes représentent en 2015 environ 13% des techniciens dans l’industrie. Sur les fonctions en Maintenance ou celles en lien avec la Production, la Fabrication et l’Exploitation, le déséquilibre hommes/femmes est particulièrement flagrant (respectivement 26% vs 15% et 22% vs 13%). En Bureau d’études ou encore sur les fonctions Méthodes – Industrialisation - Process, les populations se rapprochent de l’équilibre (respectivement 12 vs 17% et 11 vs 12%). Les femmes sont par contre bien représentées dans ce qui touche aux fonctions Recherche & Développement sur lesquelles l’aspect « innovation » supplante l’aspect « terrain » ou plus physique, qui peut représenter un frein sur d’autres fonctions telles que la maintenance. Sur les fonctions récentes liées à la Qualité et à l’Hygiène Sécurité Environnement, les femmes sont surreprésentées d’après les résultats de ce même baromètre (42% contre 8% d’hommes). De manière générale, ce sont sur les spécialités liées à la biologie, la physique ou encore l’environnement et les techniques de pointe que les femmes sont les plus présentes.

Selon l’étude DARES sur la répartition des hommes et des femmes par métiers, on note cependant une évolution conséquente de la proportion de femmes dans l’emploi technique depuis 30 ans. Pour exemple, elles sont 8.1% en 2011 contre 5.6% en 1983 sur la fonction technicien et agent de maîtrise (AM) en électricité ou électronique, 10.1% contre 3.6% il y a plus de 30 ans en industries mécaniques et 20.9% contre 11.6% en industries de process.

L’accès des techniciennes aux postes d’encadrement

L’augmentation de la part des femmes sur les métiers techniques reste récente. On peut ainsi tenter d’expliquer la proportion d’hommes accédant au statut cadre (32% selon le baromètre Page Personnel), deux fois plus importante que la proportion de femmes. Certains préjugés empêchent encore trop d’employeurs de promouvoir des femmes à des postes d’encadrement d’équipes très techniques. Parfois, c’est la prise de risque par rapport au management opérationnel et aux équipes en place, souvent très masculines, qui est en cause. L’idée étant qu’une femme pourra, par exemple, avoir plus de difficultés à manager une équipe de techniciens en maintenance ou sur les fonctions où de fortes disparités existent, comme celles liées à la production ou l’exploitation. Dans d’autres situations, le frein de la vie privée peut être supposé, bien que rarement ouvertement évoqué (maternité, congé parental, …).

En opposition à cette tendance que l’on observe au sein même de la population de techniciens (agents de maîtrise et cadres), on constate que, sur les fonctions ingénieures et cadres techniques de l’industrie, la part des femmes est passée de 3.5 à 22.5% entre 1983 et 2011 par exemple. De même dans l’informatique et les télécoms : si la part des femmes techniciennes a chuté passant de 19 à 11,7% sur la période, celle des femmes ingénieures du secteur est passée de 14.5 à 20.3%. Parmi les explications probables : l’accent mis, via des politiques initiées par le gouvernement, sur la promotion des métiers scientifiques et techniques auprès des publics féminins, ou encore les initiatives mises en place au sein même de grandes entreprises telles qu’EDF ou Thalès et par le biais d’associations telles qu’Elles Bougent.

Un accès à l'emploi plus compliqué

L’accès à l’emploi apparaît par ailleurs plus compliqué pour les femmes sur les métiers techniques : en effet, alors que 22% des hommes perçoivent leur recherche d’emploi comme relativement simple, seules 8% des femmes partagent cette vision. Cela est dû notamment aux types de postes à pourvoir : la maintenance et le SAV (métiers sur lesquels les femmes sont sous-représentées) représentent aujourd’hui des périmètres sur lesquels un manque cruel de compétences peut être observé. Or, ces métiers attirent de moins en moins d’étudiants année après année en raison souvent des idées préconçues qui y sont associées (métiers pénibles, peu valorisants, « sales », ...), et, de fait, encore moins d’étudiantes.