Plan Paulson de sauvetage de la finance mondiale Pourquoi le plan de sauvetage pourrait échouer

 Le montant est largement insuffisant - Entre 2000 et 2008, la bulle du crédit a gonflé de manière exponentielle : 1 500 milliards de dollars pour l'immobilier résidentiel, 700 pour les prêts personnels, 500 pour les entreprises commerciales et industrielles. Soit quelque 2 700 milliards qui sont venus s'ajouter à la déjà très grande quantité de crédits émis en 2000. Qui dit éclatement de bulle dit réduction à 0 de la valeur de la majorité des actifs créés pendant la bulle. Selon les périodes et les types de bulles, les pertes consécutives à l'éclatement vont de 70 à 110%. Soit ici, une perte potentielle de 1 900 milliards à 3 000 milliards de dollars.  

prêts de la fed
Prêts de la Fed © JDN

Bien pire : le 29 septembre lorsque l'indice Dow Jones a perdu 700 points en quelques heures, ce sont plus de 1 000 milliards de dollars de capitalisation qui sont partis en fumée... soit déjà plus que le plan Paulson. Autre exemple : entre le 10 septembre 2008 et le 1er octobre, le montant des emprunts des institutions financières à la Réserve fédérale est passé de 19,8 milliards de dollars à 367 milliards. Soit une progression de 347 milliards, ou l'équivalent de la première tranche du plan de sauvetage...

 

 Le plan ne prévoit pas de recapitaliser les banques en priorité - Si les banques font faillite actuellement, c'est parce qu'elles manquent de liquidités, c'est-à-dire d'argent frais disponible immédiatement. Le plan de sauvetage consiste essentiellement à leur racheter leurs actifs toxiques, au prix le plus bas possible ! Au final les banques échangent donc des actifs dont la valeur est surestimée dans leur bilan contre un montant inférieur à cette valeur. Elles restent donc encore en situation de manque de liquidités. L'alternative aurait été de recapitaliser les banques, les nourrir d'argent frais sans prendre leurs actifs... et espérer que la situation se résolve.Une solution que Henry Paulson semble envisager de plus en plus. "Nous utiliserons tous les outils qui nous ont été donnés pour une efficacité maximale, y compris le renforcement de la capitalisation des institutions financières de toute taille", a-t-il déclaré le 8 octobre.

 Les dépôts des clients ne seront pas totalement garantis - Selon la FDIC, autorité de protection des dépôts, seulement 63% des dépôts étaient protégés au 2e trimestre 2008, soit 4462 milliards sur 7036. Le rehaussement de la garantie de 100 000 à 250 000 dollars par compte permet d'atteindre 73% de dépôts garantis. Cela ne suffit pas à éviter une "course aux retraits" (bank run), notamment de la part de petites entreprises, qui déposent des sommes plus importantes sur leurs comptes et peuvent être tentées de les retirer.

 Les entreprises ne trouvent plus de moyen de se financer - Apeurées, les banques ne se prêtent plus entre elles, mais elles ne prêtent plus non plus aux entreprises. Car des faillites d'entreprises n'ayant pas réussi à refinancer des prêts à court terme ne sont pas à exclure. Les émissions d'obligations sont au point mort. Exemple : Mc Donald's USA a annoncé à ses franchisés que Bank of America leur coupait ses lignes de crédit. Et le plan Paulson ne règle pas ce problème puisqu'en rachetant les actifs "toxiques", il ne remet pas en route le système financier qui s'est brusquement arrêté.