Lemon Way lève 25 millions d'euros pour concurrencer Adyen et Stripe

Lemon Way lève 25 millions d'euros pour concurrencer Adyen et Stripe Le prestataire de paiement français compte développer des partenariats avec des banques européennes et recruter 50 personnes dans les mois à venir.

Le monde du paiement ne s'arrête jamais. Après les tours de table du britannique Checkout.com, du néerlandais Mollie et de l'américain Stripe, place à celle du français Lemon Way qui annonce une levée de fonds de 25 millions d'euros auprès de Toscafund Asset Management, un fonds britannique qui injecte des tickets moyens de 30 millions d'euros. Le dernier tour de table de la fintech tricolore, qui s'élevait à 10 millions d'euros, date seulement de juillet 2018. "Je me suis réveillé un jour et il y avait deux concurrents valorisés 20 et 35 milliards", lâche Damien Guermonprez, président exécutif de Lemon Way, faisant respectivement référence à Adyen et Stripe. Créée en 2007, la fintech offre des solutions de paiement à destination des marketplaces, plateformes de crowdfunding et sites de e-commerce. Aujourd'hui, elle revendique 1 400 clients européens dont 200 plateformes de financement participatif. Et un total de 7 millions de comptes finaux ouverts.

Une partie de ce financement, environ une dizaine de millions d'euros, servira à des fins réglementaires. Comme tout acteur régulé, Lemon Way doit disposer d'un capital réglementaire pour exercer légalement son activité, ici processer ses paiements. Plus les volumes sont importants, plus il faut du capital. En 2018, la société a traité un volume d'affaires de 1,9 milliard d'euros et vise les 3,2 milliards d'ici fin 2019.

La levée de fonds va également permettre à la fintech de multiplier les partenariats avec les banques européennes qui ont des clients marketplaces. Elle a déjà signé avec BNP Paribas, Barclays, Banco Sabadell et Crédit Mutuel. " Il y a quelques mois, les banques sont venues vers nous pour s'allier car elles peinent à ouvrir autant de comptes simultanément (les comptes des clients finaux des marketplaces, ndlr), confie le dirigeant. "Elles veulent contre-attaquer avec nous face à Stripe et Adyen qui marchent sur leurs plate-bandes", ajoute-t-il.

La société, qui avait été mise sous les feux des projecteurs à cause de sa sanction de l'ACPR en 2015, va développer sa clientèle grand compte. Depuis un an, Lemon Way accélère sur cette cible qui apporte beaucoup de volumes, bien plus que la multitude de petits acteurs du crowdfunding même si certains grossissent rapidement comme October. Elle a par exemple décroché un contrat avec la Fédération française de football (FFF) pour la collecte des 2 millions de licences de football en France. Elle a dû réaliser un KYB (Know your business) des 15 000 clubs de football en France à cette occasion.

La fintech, qui a des bureaux dans quatre pays (France, Espagne, Italie et Royaume-Uni) et opère dans 12 pays européens, va investir en Allemagne et au Royaume-Uni. Quid du Brexit ? Pas d'inquiétude pour la société française : "Le marché de la finance alternative est énorme au Royaume-Uni et nous n'avons pas de concurrents là-bas", indique Damien Guermonprez.

Avec les 25 millions d'euros, Lemon Way (80 salariés) compte recruter 50 personnes "le plus vite possible", selon les mots de son dirigeant, majoritairement des commerciaux pour les marchés allemand et anglais et des profils IT. Tout ce monde quittera Montreuil pour emménager bientôt dans le Sentier à Paris. Côté finances, Lemon Way table sur un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros en 2019 et 14 millions en 2020, contre 5,5 millions en 2018 et 11 millions en 2017. Cette baisse des revenus entre 2017 et 2018 est dû à l'abandon de sites à risques (sites de rencontre par exemple), nous indique le dirigeant.