Greenly élue Fintech de l'année

Greenly élue Fintech de l'année La start-up, qui a conçu un calculateur de CO2 automatique, est récompensée par le pôle de compétitivité Finance Innovation, dans un concours dont le JDN est partenaire.

Pitcher c'est une chose, pitcher en ligne en est une autre. Mais Greenly a réussi cet exercice puisqu'elle a été élue Fintech de l'année 2020 par un jury composé d'une vingtaine de professionnels et experts de la banque. La start-up a reçu ce 9 décembre son prix, organisé par le pôle de compétitivité Finance Innovation, dont le JDN est partenaire. Le trophée s'accompagne d'un chèque de 5 000 euros, un pack de communication d'une valeur de 10 000 euros et un an d'adhésion au pôle Finance Innovation.

Créée en octobre 2019, la jeune pousse a développé une application gratuite qui mesure l'empreinte carbone d'une personne. Pour y parvenir, elle analyse les transactions bancaires de ses utilisateurs et catégorise ensuite chaque dépense, comme le font Bankin' et Linxo. Mais avec un niveau de finesse plus poussé. "On ne peut pas, par exemple, mettre le train et l'avion dans le même paquet. Certains modes de transport sont plus verts que d'autres. Dans l'électronique, c'est pareil, il y a des sites spécialisés dans le reconditionné. Et dans l'énergie il y a des fournisseurs d'électricité verte", illustre Alexis Normand, cofondateur et CEO de Greenly, qui utilise les API de Linxo pour se connecter aux comptes bancaires des utilisateurs. Au total, la jeune pousse a créé 304 catégories et assure reconnaître automatiquement entre 85 et 89% des transactions. Après ce travail de catégorisation, Greenly applique des coefficients de conversion euros/carbone à chaque achat. Par exemple, un trajet en Uber qui a coûté 19 euros est converti en 2 Kg de CO2 émis. A l'inverse, un trajet en vélo affichera le nombre de kilogrammes de CO2 évités sur un trajet donné. 

Greenly a créé 304 catégories et assure reconnaître automatiquement entre 85 et 89% des transaction

Greenly s'appuie sur plusieurs sources pour effectuer les conversions : les calculs d'empreinte carbone de l'Agence de la transition écologique (connue sous l'acronyme Ademe), des données qu'elle va chercher un peu partout sur le web ou encore les bilans RSE des entreprises. "Si vous payez votre abonnement Netflix à 10 euros, nous multiplions ce montant par l'empreinte carbone de Netflix et on le divise par son chiffre d'affaires", explique Alexis Normand. S'il n'existe pas de données sur l'entreprise, Greenly se base sur une moyenne du secteur (dans son exemple, celui du streaming vidéo). La jeune société, qui revendique 17 000 utilisateurs depuis son lancement en janvier 2020, a également développé un système de cashback "vert" qui compte à ce jour une quinzaine de marchands partenaires comme Naturalia ou Cityscoot. A chaque fois qu'un utilisateur effectue une dépense dans une enseigne partenaire, la start-up engrange une commission qui lui permet de financier des projets écologiques.

Des bilans carbone pour entreprise

Le cashback n'est pas son unique source de revenus. Sans quoi, la rentabilité serait impossible. Le business model de Greenly ne repose en réalité pas beaucoup sur l'application, mais sur le BtoB. Encore une fois comme Bankin' et Linxo. Elle propose sa technologie en marque blanche aux banques via une API. BNP Paribas et sa banque en ligne HelloBank! en sont les premiers clients, ce qui représente 2,5 millions d'utilisateurs potentiels. Une néobanque verte, dont le nom n'est pas encore communiqué, a également signé avec Greenly. Pour se rémunérer, elle facture un forfait par utilisateur actif mensuel de l'API.

Greenly permet également aux entreprises de mesurer leur empreinte carbone, toujours grâce à l'analyse de leurs transactions bancaires. "En général, pour connaître son bilan carbone, une entreprise fait appel à un consultant qui va regrouper toutes les données dans un fichier Excel, ce qui est long et manuel. Et il va facturer ça entre 5 000 et 50 000 euros à l'année", raconte Alexis Normand. Reconnaître des transactions bancaires BtoB est en revanche bien plus difficile que dans le BtoC puisque les libellés sont très peu compréhensibles. Greenly reconnaît automatiquement 60% des transactions et augmente ce taux grâce à la recatégorisation effectuée par les utilisateurs finaux.  Pour un bilan carbone "made by Greenly", il faut compter entre 1 000 à 15 000 euros à l'année. Plusieurs entreprises, principalement dans la tech, ont déjà signé, comme l'assurance habitation Luko. La jeune pousse espère que les banques seront aussi clientes de ce service ou qu'elles le distribueront auprès de leurs clients professionnels.

Bien qu'elle soit très jeune, Greenly a déjà des ambitions européennes pour 2021, notamment l'Allemagne. Pour s'exporter, elle s'appuiera sur les technologies d'agrégation du suédois Tink car Linxo couvre peu de pays européens. Les interfaces seront en anglais pour commencer. Pour mettre en place du cashback, la tâche ne sera pas simple car il faut aller convaincre un à un des marchands à distance. Cette internationalisation s'accompagnera d'une première levée de fonds l'année prochaine. "Mais comme nous gagnons déjà de l'argent, nous sommes tranquilles jusqu'en 2022", assure Alexis Normand, qui vise un chiffre d'affaires d'au moins 1 million d'euros en 2021, 500 entreprises clientes sur le BtoB et 100 000 utilisateurs sur l'application.

Voici la liste des 7 autres finalistes, par ordre alphabétique :

  • Alma : solution de paiement fractionné destinée aux PME (Coup de cœur du jury 2020)
  • Cashbee : application d'épargne
  • Easyblue : plateforme d'assurance (biens, matériel professionnel, RC pro) dédiée aux entrepreneurs indépendants et PME
  • Hyperlex : solution pour rédiger, négocier et analyser les contrats de toute l'entreprise
  • Ipaidthat : plateforme d'automatisation de la comptabilité des TPE-PME
  • Paytweak : solution de paiement à distance sécurisé par email et SMS
  • Score and secure payment : solutions de création, sécurisation et garantie des moyens de paiement