Et si lutter contre la fraude sur les e-paiements reposait sur l'humain ?

Après sept ans de baisse, le taux de fraude sur les paiements en ligne a légèrement augmenté l'an dernier, mais le risque d'explosion de la fraude ne s'est pas matérialisé.

Les e-commerçants ont-ils bénéficié des effets de la DSP2, une législation visant entre autres à améliorer la sécurité des paiements entrée en vigueur en mai 2021 ? Ont-ils gagné en maturité sur le sujet, et sont ainsi plus vigilants ? Certainement, seulement est-ce suffisant pour lutter efficacement contre la fraude ?

Une législation et des outils au service de l’e-commerce

La crise sanitaire représente un levier inédit pour le e-commerce et les professionnels du secteur. Cependant, elle a mis en exergue le besoin de disposer d’outils et de réglementation adaptés. Engagée par les pouvoirs sous l’impulsion des e-marchands, la lutte contre les paiements frauduleux a permis d’aboutir à des parcours plus sûrs, mais qui ont impacté le parcours d’achat des consommateurs, notamment à travers la nécessaire double authentification du payeur. 

Pour y remédier, de nombreuses solutions ont vu jour en France, dont notamment des wallets (Apple ou Google Pay, par exemple) qui ont fluidifié l’achat tout en limitant la fraude. Cependant, les habitudes de fraude sont bien différentes d’un pays à l’autre, alors qu’on pourrait croire à un phénomène homogène au sein de l’Union Européenne. En effet, elles sont liées aux habitudes de paiements et à la logistique, propres à chaque marché. Ainsi, contrairement aux idées reçues et même si on tend vers une uniformisation des comportements d’achat, les solutions de lutte contre la fraude ne sauraient être uniques pour des marchés variés. De nouvelles approches locales sont attendues.

Ainsi, la panoplie d’outils pour lutter contre les fraudes ou les attaques sur serveur s’élargit, et les e-commerçants peuvent s’appuyer sur des solutions annexes pour aller plus loin. Par exemple, l’intelligence artificielle permet déjà d’identifier les adresses IP et les croiser quasiment en temps réel avec toutes les informations disponibles pour, si nécessaire, bloquer la transaction. 

Les nouveaux modes de paiement en ligne imperméable à la fraude ?

En parallèle, le monde du paiement en ligne se complexifie et les modes de paiement se multiplient, avec notamment l’arrivée des cryptomonnaies.… Même si elle est souvent associée à la fraude et au financement d’activités illégales, la blockchain et les monnaies qui sont basées sur cette technologie intéressent de plus en plus les banques, qui présentent une solution d’avenir. S’il s’agit des consommateurs, le bitcoin et autres monnaies numériques sont encore très peu utilisées : seulement 17% des Français ont déjà investi, ou aimeraient investir dans les crypto-monnaies d’après une étude de l’IFOP publiée en février dernier. Enfin, du côté des commerçants, un travail de pédagogie est nécessaire au même titre que pour les consommateurs à la fois sur l’utilisation de ces monnaies numériques comme sur les moyens de sécuriser les paiements. 

Or, l’innovation technologique, appuyée sur un dispositif législatif, national ou même européen, ne fait pas tout. La lutte contre la fraude en ligne se fera à travers un accompagnement humain pour transmettre le savoir et guider les différentes parties prenantes dans l’écosystème du e-commerce. En effet, même si les commerçants ont énormément appris dans le domaine depuis le début de la crise, le monde du paiement en ligne évolue constamment, et les enseignements de l’année dernière risquent de ne pas avoir une longue vie. 

C’est aujourd’hui à chaque professionnel du numérique de prendre sa part de responsabilités et relever le nouveau défi de créer un monde digital plus sûr, basé sur les technologies les plus performantes, et ce indépendamment du trafic sur le site internet, ou du chiffre d’affaires du e-commerçant. La sécurité numérique est décidément un enjeu majeur de notre époque, et l’e-commerce en est un excellent exemple.