DAO : quels avantages pour les entreprises ?

DAO : quels avantages pour les entreprises ? Nouveau système de gouvernance, implication d'une communauté, investissement et paiement simplifiés… Les decentralized autonomous organization entendent réinventer la collaboration.

Les DAOs (decentralized autonomous organization) ont pour ambition d'être à la blockchain ce que les entreprises sont au business. Dans sa conception, une DAO est construite et régie par des smarts contracts, cela a pour effet de se passer de toute intervention humaine afin de privilégier une autonomie de fonctionnement basée sur la tokenisation, à savoir la représentation numérique d'un actif sur une blockchain. Pour rappel les smarts contracts sont des protocoles qui vont gérer la négociation et l'exécution automatique d'un contrat.

Dans l'idée, une DAO ne nécessite pas de relation de confiance car ses membres peuvent ne pas se connaître, mais le simple fait qu'ils fassent partie d'un même projet permet de lier les intérêts personnels et collectifs. "La première DAO c'est Bitcoin, à savoir une organisation décentralisée et autonome, à ceci près qu'elle requiert une implication limitée de ses participants", rappelle Laurent Perello, expert blockchain chez TRON DAO.

Le concept même de DAO se passe également de hiérarchie. Dans la pratique, lorsqu'un vote est soumis aux membres de l'organisation, ceux-ci disposent d'un droit qui ne dépend pas d'un statut, mais d'un taux de participation au projet développé par la DAO. Concrètement, plus un membre de l'organisation verrouille de tokens sur la plateforme, plus le poids de son vote sera important, les ratios varient cependant selon les projets. Les membres dits inactifs ont la possibilité de déléguer leur pouvoir décisionnaire au profit d'un membre actif.

Dans un premier temps, l'intérêt du modèle de DAO est de fédérer et d'impliquer des collaborateurs autour d'un même projet, et ce "en quelques minutes, là où la création d'une entreprise prend entre quelques jours et 6 mois, la temporalité est totalement différente dans la blockchain", poursuit Laurent Perello.

Pour qu'un projet prenne la forme d'une DAO, il doit soit créer, soit posséder ses propres tokens. C'est notamment le cas du protocole Angle et de son token du même nom. En parallèle, l'organisation a développé un stablecoin adossé à l'euro, l'AGEURO. "Cette forme de financement permet de payer facilement nos contributeurs, et nous a aussi permis de lever 5 millions d'euros qu'on a pu investir dans d'autres protocoles", justifie Pablo Veyrat, CEO et cofondateur du protocole Angle. A noter que TRON DAO a lui aussi lancé son propre stablecoin, l'USDD, collatéralisé par le dollar, ce jeudi 5 mai. Cette relation entre la DAO et les stablecoins a permis l'émergence de nombreux projets, et stimulé le marché des stablecoins, avec une capitalisation totale de 180 milliards de dollars. Un terreau qui favorise une nouvelle forme de collaboration "fiable et à grande échelle", d'après Laurent Perello, et qui offre également davantage d'agilité aux organisations qui adoptent ce modèle décentralisé. 

L'autre point majeur soutenu par l'écosystème blockchain, est l'aspect sécuritaire. En l'occurrence ici, ce sont les smarts contracts qui vont garantir le respect du protocole, une alternative qui "permet de faire passer les intérêts du projet avant les intérêts individuels", observe Laurent Perello. Cependant, il arrive que certains smarts contracts d'origine soient amenés à être modifiés. Là encore, cela passe par un vote de la communauté. Il s'agit d'une nouvelle forme de gouvernance, totalement transparente, dans la mesure ou le poids du vote de chaque individu est lui-même fixé par un smart contract.

Enfin, l'implication de la communauté autour d'un même projet permet également davantage de résilience face aux évènements indésirables. "Il y a deux, trois ans, un hack pouvait déstabiliser tout un marché à hauteur de 30% en moyenne, aujourd'hui, c'est devenu quelque chose d'anecdotique", estime Laurent Perello. Cela s'explique à nouveau par cette notion d'intérêt collectif, par laquelle les acteurs impliqués vont mutualiser les pertes de manière à rembourser ceux qui ont été touchés. D'un autre côté, les développeurs impliqués vont également permettre d'identifier et de combler les éventuelles failles du protocole, "l'échec permet de s'améliorer, et la contrainte pousse à évoluer", analyse Laurent Perello. "N'importe quelle entreprise peut passer sur un modèle de DAO", ajoute Pablo Veyrat. Compagnies de taxi, marketplace ou même capital risque, les applications de la DAO ont vocation à se développer dans de plus en plus de secteurs, charriant avec elles l'utopie d'un nouveau mode de collaboration.