Revolut, Trade Republic… Comment néo-banques et néo-courtiers investissent la crypto

Revolut, Trade Republic… Comment néo-banques et néo-courtiers investissent la crypto Le staking via Revolut est la dernière pierre à l'édifice que les fintech bancaires bâtissent dans la crypto, un marché où elles ont tout à gagner pour construire leur avenir.

Revolut l'a fièrement annoncé sur son blog le 2e février dernier : la néo-banque se met au staking. Les clients de Revolut vont pouvoir gagner des revenus passifs en cryptomonnaies. C'est une nouvelle importante, car c'est la première grande fintech bancaire à permettre une telle fonctionnalité.

Cependant, Revolut ne fait que suivre le chemin de ses consœurs start-ups de la finance. eToro, Trade Republic, Robinhood et consorts intègrent peu à peu les cryptos comme des produits d'investissement comme les autres. Leur objectif est simplement de répondre aux demandes de leur clientèle, qui est généralement jeune et très ouverte sur la thématique Web3.

Ces start-up prennent ainsi le pari d'être plus rassurantes que les plateformes d'échange crypto, qui ont connu des déboires en 2022 avec la chute de FTX.

Objectif premier : faciliter l'investissement dans les cryptos

Les néo-courtiers, une volonté d'attirer les jeunes investisseurs

Il y a une dizaine d'années, investir en bourse pouvait être un parcours du combattant. Résultat, seuls les initiés savaient où et comment investir, tandis qu'une très large majorité restait à quai. Tout a changé avec l'arrivée de certains néo-courtiers.

Pour en citer quelques-uns, il y a Boursorama et Bourse Direct en France. Parmi les courtiers étrangers, l'un des plus célèbres est le néerlandais Degiro et le plus emblématique est l'israélien eToro. Tous ont promis deux choses : investir plus facilement et réduire les coûts. Par exemple, taxer les frais de garde relève désormais du siècle dernier.

Néanmoins, tous restent des courtiers classiques. C'est alors que Robinhood (non disponible en France) puis Trade Republic sont arrivés et ont tout fait pour attirer les jeunes investisseurs. Une interface plaisante, l'accent mis sur les fonds indiciels (ETFs) très prisés des 18-35 ans, sans commission sur ces derniers et la possibilité d'investir dans les cryptomonnaies. Dès lors, les courtiers sont entrés dans un nouveau monde : le Web3.

Toute la communication d'un Trade Republic ou d'un Scalable Capital est centrée sur les jeunes de moins de 30 ans, qui souhaitent investir simplement et sans trop d'effort. Or, ces jeunes s'intéressent de très près aux cryptomonnaies et n'ont pas toujours envie d'aller sur des plateformes d'échange.

Une image plus policée que celle des plateformes d'échange

Les néo-courtiers ont également compris que certaines personnes n'ont pas du tout envie de gérer un wallet crypto personnel comme MetaMask. Trade Republic ou son concurrent Scalable Capital conservent la gestion de vos cryptos, en allant plus loin qu'une plateforme d'échange.

Pour Trade Republic et les autres, 1 bitcoin est comme une action : vous pouvez uniquement l'acheter ou la vendre. Le BTC ne peut pas être envoyé sur un wallet personnel. C'est donc tout au bénéfice des start-up, qui prennent au passage une petite commission, avec une centralisation encore plus importante. 

On pourrait s'en inquiéter. Pourtant, cela n'est pas le cas pour les investisseurs. En effet, Trade Republic est par exemple régulé par la BaFin, qui est l'équivalent de l'Autorité des marchés financiers en Allemagne. Cela permet de rassurer certains investisseurs, qui peuvent être mal à l'aise avec les plateformes d'échange crypto, qui ne sont pas toujours réglementées comme il se doit.

Enfin, Trade Republic et Scalable Capital permettent d'investir sur les ETFs, les actions, les produits à effet de levier et les cryptomonnaies sur une seule et même plateforme. Ce n'est bien entendu pas le cas des plateformes comme Binance, qui ne peuvent pas proposer d'investir sur les ETFs.

Objectif second : concilier services bancaires et cryptos

Revolut, la néo-banque la plus active sur le sujet

Si Trade Republic a franchi une étape importante en proposant l'investissement dans les cryptos, Revolut en a franchi deux avec le staking. Il s'agit de concilier le monde bancaire et les cryptomonnaies. Mettons de suite au clair quelque chose d'important : à l'heure où ces lignes sont écrites, Revolut n'est pas une vraie banque à proprement parler. Elle dispose en effet d'une licence de monnaie électronique, ce qui, pour simplifier, est juste en dessous de la licence bancaire. Revolut ne peut en effet pas proposer de prêts, mais est bien couverte par la garantie des dépôts.

Cependant, pour de nombreux jeunes, séduits par l'interface de l'application mobile et les frais peu élevés, Revolut est leur seul et unique compte bancaire. Or, lorsqu'en 2021, la néo-banque a permis l'achat de cryptomonnaies à tous ses clients, cela a été une étape très importante. Depuis, l'entreprise est le leader incontesté du marché des néo-banques en Europe, surtout depuis les problèmes rencontrés par son concurrent N26.

Devant le succès de son service crypto, Revolut va désormais plus loin et propose des revenus passifs grâce au staking de cryptos. C'est une grande première pour une fintech assimilée à une banque et du gagnant-gagnant. C'est gagnant pour les clients, qui peuvent avoir à la fois une banque de dépôt, une carte bancaire, la possibilité d'acheter des actions et des cryptos. C'est aussi gagnant pour Revolut, qui conserve les cryptos de ses clients et prélève une belle marge sur le staking.

Les jeunes peuvent-ils se détourner définitivement des banques traditionnelles ?

En allant aussi loin dans les cryptomonnaies, Revolut ouvre une brèche. A l'heure où les jeunes sont séduits par des applications mobiles bien faites, simples à utiliser, mais qui font également très attention aux frais cachés, la néo-banque britannique marque clairement de gros points. Or, au même moment, des banques traditionnelles ferment des agences et licencient à tour de bras, sans parler des frais importants, incluant parfois des frais de garde. Serait-on en train de voir un modèle s'écrouler ?

Nous n'irons pas jusque-là. Tout d'abord, les banques traditionnelles restent très puissantes et capitalisent des centaines de milliards d'euros. A côté, Revolut reste un poids plume. Ensuite, elles conservent l'avantage sur des services bancaires essentiels, comme le crédit immobilier ou le prêt hypothécaire, avec souvent une obligation de domiciliation des salaires ou d'ouverture d'une assurance-vie pour l'emprunteur. Leur effondrement n'est donc pas pour demain.

Toutefois, elles doivent évoluer et s'ouvrir à ce nouveau monde. Presque toutes l'ont compris en proposant de belles applications mobiles. Pour la crypto, c'est en revanche une autre histoire. Certaines sont encore très réticentes. Mais il est aujourd'hui certain que, si la crypto se fait une place de plus en plus importante dans la finance et l'investissement, à moins de se diversifier, les banques traditionnelles ne pourront pas survivre. La Société Générale l'a par exemple très bien compris, avec sa filiale blockchain Forge.