Paris perd son AAA, Berlin reste le bon élève
Fitch justifie sa baisse de la note française à AA+ par les incertitudes persistantes à court/moyen terme sur l’évolution de l’activité et du chômage, qui limitent les marges de manœuvre pour absorber de nouveaux chocs et respecter ses objectifs de réduction du déficit public.
C’est officiel depuis la semaine dernière. La France ne fait plus partie du club très fermé des pays notés triple A par au moins une des trois grandes agences de notation.Fitch était la dernière d’entre elles à avoir maintenu jusqu’à présent les trois A pour la France. Vendredi dernier, elle a, toutefois, emboité le pas de ses consœurs, S&P et Moody’s, qui l’avaient dégradée en janvier et en novembre 2012, respectivement. L’agence justifie sa décision d’abaisser la note française à AA+ par les incertitudes persistantes à court et moyen terme pesant sur l’évolution de l’activité et du chômage, lesquelles limitent les marges de manœuvre du gouvernement pour absorber de nouveaux chocs et respecter ses objectifs de réduction du déficit public. Pour l’heure, l’amélioration des enquêtes, qui demeurent encore en zone de contraction de l’activité, suggère un moindre recul du PIB au T2 comparé au T1.
Au deuxième semestre, nous anticipons un lent redémarrage de la production
Ce dernier n’entraînerait une reprise de l’emploi qu’avec retard. Le redressement des marges bénéficiaires des entreprises passe, en effet, par la progression des gains de productivité. En conséquence, le taux de chômage devrait continuer de monter au moins jusqu’au milieu de l’année prochaine pour atteindre 12 %, un nouveau record historique. Dans ces conditions et malgré le tour de vis déjà engagé de près de 2 points de PIB, le déficit public devrait être légèrement supérieur à 4 % du PIB cette année, dépassant l’objectif officiel du gouvernement. Moins sévère que Moody’s ou S&P’s qui, l’une comme l’autre, ont assorti la baisse de leur note d’une perspective négative (ce qui laisse présager une nouvelle baisse à un horizon de deux ans), Fitch a remonté sa perspective de négative à stable.Pierre Moscovici, le ministre français des Finances, a « pris acte » de cette décision et réaffirmé « la détermination du gouvernement à poursuivre la réduction des déficits publics, le rétablissement de la compétitivité et le redressement de l’économie française pour soutenir la croissance et l’emploi». Il est vrai que la France continue d’emprunter à des taux historiquement bas sur les marchés financiers, et ces derniers sont restés quasiment insensibles à la nouvelle, qu’ils avaient largement anticipée. Dans la zone euro, désormais seuls l’Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas disposent encore de la meilleure note des agences. Mais là encore, il faut relativiser : l'Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas, sous surveillance négative, sont sous la menace d'une dégradation par Moody's depuis juillet 2012. Entre-temps, l’agence a confirmé la notation de l’Allemagne, tout comme Standard & Poor’s en fin de semaine dernière.