"Le Pillage de l'Etat" : les meilleurs extraits Le repenti

Un évadé fiscal vient se dénoncer au député Yann Galut, soucieux de régulariser sa situation. Ce dernier fustige les opérations de régularisation anonymes en vigueur sous la précédente majorité.

"J'ai voulu me mettre en règle, mais j'avais peur. Le problème, c'est qu'on n'a pas su que c'était anonyme, sinon j'y serais allé. J'avais téléphoné à Bercy pour poser quelques questions, mais j'avais la trouille. On n'a jamais su le reste, sinon je l'aurais fait, franchement. Et puis Cahuzac." [...]

Un comble. Pour que les fraudeurs se repentent, il faut les séduire, leur donner financièrement envie

Monsieur M. est très angoissé. Il m'a contacté à l'Assemblée nationale pour avouer ses fautes, me demander conseil et me confier son témoignage de modeste évadé fiscal : il veut connaître le sort réservé aux évadés fiscaux qui veulent régulariser leur situation. Cette question ne taraude pas que ce monsieur sympathique au téléphone mais aussi des milliers d'autres, leurs avocats fiscalistes et leurs banquiers. La mission menée en Suisse avec Sandrine Mazetier a révélé que les banquiers sont préoccupés par l'idée de "solder le passé" et, ne sachant que faire des fraudeurs et comment les mettre en règle avec le fisc français, ils appellent de tous leurs vœux une cellule de régularisation.
Il faut dire que les resquilleurs ont pris de fort mauvaises habitudes sous Éric Woerth. Son opération baptisée "Chocolat" devait ramener les brebis fraudeuses au bercail fiscal avec la carotte du pardon et le bâton de la menace. Toutefois, dans ces fameuses cellules de régularisation, les visiteurs n'étaient pas les fraudeurs en personne.
Car la belle et grande fleur faite par Bercy était la garantie de préservation de l'anonymat de ces derniers. C'est donc leur conseil juridique, leur avocat fiscaliste qui se déplaçait vers l'administration fiscale. Pas pour faire un chèque tout de suite calculé au prorata de la fraude. Non, pour négocier le montant de l'amende et son échelonnement ! Aussi la cellule de dégrisement n'a-t-elle dégrisé personne et rapporté moins qu'elle aurait dû au Trésor public.
Les Suisses, eux, mettent en avant la réussite des cellules de régularisation en Italie et en Espagne où elles ont vite généré plusieurs milliards d'euros car elles proposent des taux de punition "attractifs". Un comble. Pour que les fraudeurs se repentent, il faut les séduire, leur donner financièrement envie de préférer une voie plus honnête."