Télémédecine : comment pérenniser les usages en 2021 ?

Être soigné dignement, rapidement et efficacement : un droit pour tout citoyen français. Accès difficile à un médecin, manque de temps, délai d'attente : multiples sont les raisons qui conduisent 63% des Français à renoncer aux soins . La télémédecine s'inscrit dès lors comme une solution pour accéder aux soins rapidement et sans en altérer la qualité.

Alors que la feuille de route numérique de 2019 semblait être un précurseur d’une révolution en marche, mais timide, les besoins médicaux inhérents à la crise sanitaire et aux confinements ont définitivement ancré la télémédecine comme une alternative de prise en charge rapide en 2020. Comment pérenniser les avancées et optimiser le recours à la télémédecine en 2021 ?  

Le recours à la télémédecine légitimé par ses bénéfices dans un cadre particulier en 2020

C’est avant tout la reconnaissance des bénéfices de la téléconsultation par de nombreux acteurs pendant la crise sanitaire qui a largement contribué à l’essor de son recours.

En premier lieu, les pouvoirs publics ont vu en la télémédecine une solution à l’engorgement des urgences, pouvant représenter des économies pour l’Assurance maladie, ainsi qu’une solution d’accès à un médecin dans les déserts médicaux. La législation a ainsi facilité l’accès à la pratique en ouvrant la possibilité de consulter en ligne un autre praticien que son médecin traitant (décret du 9 mars 2020). De même, un remboursement à 100% des actes a été prolongé jusqu’ à fin décembre 2020 (ordonnance du 18 juin 2020) puis jusqu’à fin 2021 avec la Loi de financement de la Sécurité sociale 2021 (LFSS) promulguée au Journal Officiel du 15 décembre dernier. 

Quant à l’adhésion des médecins et des patients à la téléconsultation, elle est massive. En effet, avec 1 français sur 5 et 70% des médecins ayant eu recours à la téléconsultation pendant le premier confinement[1], 88% de satisfaction par les patients, et 73% d’opinion positive dans la population générale[2], la télémédecine devient une pratique courante et acceptée dans la société. Maintien du suivi pour les pathologies chroniques, réduction des déplacements, suppression des risques de contamination en salle d’attente, activité à domicile : patients et médecins y trouvent leur compte.

Cet essor est sans compter sur une mobilisation et un élan d’innovation indéniables de la part des parties prenantes afin d’optimiser les pratiques et les diagnostics médicaux avec notamment la diversification de l’activité (consultations spécialisées, mise au point d’outils et de dispositifs médicaux CE connectés, hébergements des données HDS), des initiatives locales et projets innovants soutenus autant par l’État que par les investisseurs privés. 

Capitaliser sur les acquis et poursuivre l’engagement des parties prenantes de la télémédecine

La pratique de la télémédecine est perfectible et doit répondre à certains défis. Soigner, accompagner, personnaliser et impliquer. La télémédecine inclusive doit s’imposer comme une priorité avec une possibilité pour le patient, quel que soit sa catégorie socioprofessionnelle, d’être accompagné localement, dans un environnement de confiance. Tous les professionnels de santé d’un territoire peuvent être facilitateurs ou accompagnateurs dans le cadre d’un parcours de soins coordonné.  

  • Innover. L’épidémie a suscité un engagement fort de la part de tous les acteurs pour répondre de manière agile aux enjeux liés à l’épidémie avec des initiatives et innovations qui méritent d’être encouragées. Aujourd’hui des objets connectés, demain une imagerie à distance ?
  • Optimiser et encadrer la pratique. La télémédecine a démontré son utilité. L’engagement des pouvoirs publics est essentiel pour poursuivre l’encadrement de l’activité : réglementations, e-ordonnance, prolongation du remboursement, mise à disposition d’outils connectés et d’un accès Internet dans les Ehpads ou les territoires ruraux qui en sont dépourvus. 
  • Collaborer. La télémédecine s’inscrit dans un écosystème de santé digitale dans lequel les acteurs sont chaque jour plus nombreux, et qui proposent des innovations avec le même objectif commun : optimiser la santé des patients. Dans ce cadre, la collaboration et l’interopérabilité seront des moteurs de l’amélioration de la qualité des soins.    
  • Rester rationnel, s’adapter à chaque situation et maintenir la relation avec le patient. Certains soins ne peuvent se réaliser par la médecine à distance, c’est pour cette raison qu’il est important de garder à l’esprit que la télémédecine n’a pas vocation à transformer la médecine conventionnelle, mais à la compléter en répondant à des enjeux auxquels elle est confrontée, tout en maintenant la relation humaine, singulière au soin.

Les bénéfices de la télémédecine ont été éprouvés dans un contexte sanitaire qui a impulsé des avancées majeures pour le secteur, permises par la mobilisation des acteurs. Solution à des maux du système de santé, la télémédecine est dorénavant bien ancrée comme une pratique courante de la prise en charge du soin. Engagement des pouvoirs publics, déploiement d’une médecine inclusive, plus précise et innovante sans délaisser le lien et les consultations physiques irremplaçables seront en 2021 les éléments d’une pratique pérennisée et optimisée.

[1] ANS, ODOXA, Baromètre de la Télémédecine, “Le confinement a généré une explosion des pratiques de la télémédecine”, 22 octobre 2020

[2] ANS, ODOXA, Baromètre de la Télémédecine, “Télémédecine : multipliée par 3 en 1 an, les Français sont parmi les plus enthousiastes d’Europe à son sujet”, 13 janvier 2021