Rentrée scolaire : les écrans, alliés de la santé mentale de nos enfants ?

Controversés voire diabolisés, les écrans sont pourtant des outils prometteurs. La rentrée scolaire, souvent perturbatrice du bien-être mental des enfants, est l'occasion de présenter leurs atouts.

La rentrée scolaire est un temps fort dans le parcours éducatif de nos enfants, mais aussi malheureusement facteur de stress, du fait de la modification de leurs habitudes, de leurs outils de travail, ou encore de leurs loisirs, le tout souvent assorti de bonnes résolutions. Parmi les sujets récurrents, l’exposition aux écrans fait historiquement l’objet de débats animés, comme de recommandations très arrêtées. Et pour cause ! Du fait des capacités de contrôle des comportements encore en développement chez les enfants et de l’appétence importante de leurs cerveaux pour les écrans, ces derniers sont souvent diabolisés, voire désignés comme la cause de tous les maux. Or, si comme tout outil puissant, son utilisation s’accompagne de règles qu’il convient de respecter, de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui jusque dans le corps médical pour pondérer les prises de position trop simplistes, et considérer (enfin) cet outil en réalité très prometteur pour relever les nombreux défis de santé mentale.

L’écran pour réduire l’anxiété

Les troubles anxieux chez l’enfant font partie des troubles les plus fréquents… et des plus difficiles à identifier ! Parce que ces derniers n’ont pas toujours les capacités pour les identifier ou les verbaliser d’une part, mais aussi parce que leurs manifestations sont diverses et le plus souvent physiques (maux de tête, ou de ventre par exemple). De fait, ils conduisent prioritairement à des examens du corps plutôt que de l’esprit… A noter que les âges dits « préscolaires » (3 à 5 ans) et « adolescents » (13 / 14 ans) sont par ailleurs les plus propices au développement de cette anxiété.

Or lorsqu’elle s’installe et dure, celle-ci peut avoir d’importantes répercussions sur le quotidien, et aboutir à des situations problématiques allant des capacités diminuées d’attention jusqu’au refus scolaire anxieux. Ici, les écrans apportent déjà une aide efficace et concrète, aux enfants et aux parents, y compris au sein de nombreux centres hospitaliers français, et ce sur les compétences d’aide au repérage, à la mesure, et au suivi quotidien. Ces applications permettent aux plus jeunes de prendre conscience de leurs émotions (constituant une étape fondamentale), puis de se voir proposer des supports pédagogiques sans cesse adaptés, tels que la cohérence cardiaque, la méditation de pleine conscience, ou encore des exercices simples basés sur les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), validées cliniquement et scientifiquement.

L'écran comme substitut médicamenteux

Dans un contexte d’hospitalisation de l’enfant, même court et bénin, le recours est encore malheureusement trop fréquent aux sédatifs en prémédication, c’est-à-dire en amont de l’acte médical ou chirurgical. Or, et toujours à l’initiative des soignants uniquement, les écrans comme sources distractives au ressenti de la douleur ont, là encore, fait leurs preuves. Du simple dessin animé jusqu’au véritable dispositif de réalité virtuelle, en passant par le jeu, ces derniers ont même trouvé une justification cliniquement documentée, suite à une étude de près d’un an menée dans un hôpital pour enfants lyonnais, en 2013 et 2014. Les avantages sont nombreux tant du côté du patient (rémission plus rapide, pas d’effet secondaire), que de l’établissement de santé (solution moins coûteuse, et permettant des sorties plus rapides, bénéfiques à leur nécessaire et urgent désengorgement). Alors qu’attendons-nous pour généraliser et normer des usages ? Que l’anxiété - et donc le bien-être mental - des patients deviennent enfin un sujet considéré par les directions hospitalières, au moins au même titre que l’évaluation de la douleur…

L'écran en soutien éducatif

Principale source d’information ou de réassurance pour les parents, l’écran est bien entendu aussi leur allié dans une meilleure connaissance et appréhension des pathologies mentales de leurs enfants, et il nous paraissait essentiel de le rappeler ici. Mais nous souhaitions également nous arrêter sur les compétences liées au codage pour les enfants ! Il existe en effet aujourd’hui de nombreuses solutions en ligne pour apprendre à coder dès le plus jeune âge, avec en trame de fond des enseignements nourrissant la pensée créative, le raisonnement logique, ou encore le travail en collaboration. Et puis, leur donner le plus tôt possible les clés pour comprendre cet Internet qui fera partie intégrante de leur vie, de leur travail, de certaines de leurs interactions sociales , ou encore démystifier pour eux les rouages de cette intelligence artificielle qui fait tant débat… N’est-ce pas là faire le pari d’une génération plus avertie, plus mesurée, dotée d’un meilleur libre-arbitre et donc plus responsable dans son rapport aux écrans ?

En définitive, nous souhaitions rappeler qu’à l’instar du sujet de la santé mentale dans sa globalité, la thématique des écrans, y compris pour les enfants, est impérativement à dépassionner pour en saisir toutes les nuances, et demeurer pragmatiques dans nos recommandations. A ce jour, soyons clairs : aucun effet néfaste direct n’a pu être médicalement constaté. Une récente étude menée par l’université d’Oxford a notamment montré l’absence d’altération de la qualité de vie chez les joueurs de jeux vidéos, tout comme une méta-analyse réalisée par quatre grandes universités américaines a conclu en juillet dernier à l’existence de bénéfices durables dans l’utilisation des technologies mobiles pour la jeunesse. Les effets néfastes des écrans sont surtout présents chez nos enfants (mais pas que) lorsqu’ils demeurent passifs vis-à-vis d’eux, ou lorsque le temps alloué à l’écran vient empiéter sur les autres activités qui répondent à leurs besoins essentiels : le sommeil en premier lieu mais aussi les activités sportives ou la sociabilisation. Tandis que la société entière, et nos politiques, s’alarment à juste titre quant à la hausse des troubles observés chez les plus jeunes d’entre nous, nous gageons qu’il s’agit de rester positifs et ouverts aux solutions innovantes. Ne pas méconnaître les écueils, mais savoir tirer parti des caractéristiques de cet outil pour transformer cet ancien ennemi en nouvel allié.