L'ouverture de la billettique, une aubaine pour le MaaS

Depuis le 1er juillet dernier, les agrégateurs de mobilités comme Citymapper, Moovit ou encore Free2Move ont la possibilité de vendre des services de mobilité à leur tour. 

Un tournant pour le MaaS 

Véritable guichet unique de la mobilité, le MaaS, qui a pour objectif de proposer une visibilité globale de l’offre transport à disposition en temps réel, va entrer dans une nouvelle ère. Avec cette possibilité d’offrir à ses utilisateurs l’achat de titres de transport, voire des packages de mobilité complets, les applications de mobilité vont nécessairement jouer un rôle prépondérant dans l’utilisation même des transports d’aujourd’hui et de demain.

Si on regarde chez nos voisins anglo-saxons, Citymapper propose désormais deux abonnements de mobilité. L’un étant un abonnement aux transports en commun standards, le “Super Pass”, l’autre incluant des mobilités douces telles que les “Santander cycles”(l’équivalent des Vélib’ à Paris) mais aussi un crédit pour du free-floating et des VTC, le "Super Duper Pass". 

D’un point de vue général, ces abonnements sont moins chers que les offres traditionnelles proposées par TfL (Transport For London, autorité organisatrice des transports à Londres) ce qui justifie donc une migration des utilisateurs vers ces abonnements beaucoup plus complets. Pourtant, TfL assure ne pas avoir négocié ses tarifs avec la startup. Cette dernière chercherait donc sa rentabilité via différents partenariats mis en place avec des acteurs de la mobilité de taille plus modeste. Cela laisse donc sous-entendre que Citymapper      a davantage intérêt à proposer des solutions alternatives...

Nouveau business model pour le MaaS français

L’arrivée de ces formules de mobilité ou encore de cette possibilité de vendre des tickets, autorisée par la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités), va aussi bouleverser les modèles économiques de ces fournisseurs de données de mobilité. Actuellement en difficulté car manquant de rentabilité sur le segment B2C, ces applications pourront potentiellement prendre une commission sur la vente de tickets. 

Pour ce qui est de l’abonnement, les facteurs clés de succès sont déjà bien connus avec, d’une part une capacité à proposer une offre plus variée que ce qui existe aujourd’hui (prenant en compte le free-floating par exemple), d’autre part, le critère financier, qui semble être la clé de voûte pour un basculement vers ces nouvelles offres. Enfin, les problématiques liées à la dématérialisation du titre de transport ainsi que sa validation restent des sujets à forts enjeux.  

Des défis billettique à venir 

A Londres, pour ce qui est des abonnements, Citymapper les a intégrés dans une carte Mastercard pour lever les contraintes de validation du titre de transport, le support Mastercard étant historiquement utilisable avec les bornes TfL. 

Quelles technologies seront utilisées en France pour pouvoir valider son titre de transport ? Plusieurs solutions complémentaires à la norme française actuelle (Calypso) sont envisageables en fonction des supports de validation. On parle alors de NFC ou encore de QR code par exemple. Les technologies dites “sans contact” ou de dématérialisation seront à privilégier à condition que ces dernières soient suffisamment accessibles. L'accessibilité à ces technologies ou l’acceptation de ces dernières sont des enjeux décisifs pour l’avenir de la billettique. Elles devront notamment prendre en compte l’ensemble des contraintes d'interopérabilité évolutives qui sont propres à la billettique pure telles que : 

●       L’ajout de nouveaux modes de transport 

●       Les évolutions tarifaires 

●       L’ajout de nouveaux supports de validation 

La mise en place de telles infrastructures à l’échelle d’un réseau de transport régional se fera difficilement sans l'appui des AOM (Autorité Organisatrice de la Mobilité). Elles ont donc un rôle crucial à jouer dans le développement du MaaS et dans ce rôle d’ouverture facilitée à la mobilité.  La billettique ne serait alors plus perçue comme une barrière à l’entrée mais plutôt comme une ouverture à toutes les mobilités.  

Quel avenir pour le MaaS ?

C’est donc la capacité d’obtenir les droits nécessaires de commercialisation de services liés au transport (accords des AOM et partenariats avec les transporteurs) qui va déterminer l’évolution du MaaS en France. C’est assurément une course aux packages de mobilité qui se lance afin de proposer une offre répondant aux besoins des usagers et qui implique tous les acteurs du MaaS (transporteurs, AOM ou encore pure player/startup). Cette nouvelle possibilité donne davantage de pouvoir au MaaS, qui va ainsi être en capacité d’offrir une expérience sans couture à ses utilisateurs tout en favorisant ou non certains modes de transport par le biais des partenariats ou encore des algorithmes établis…