Pourquoi la loi sur la législation sur le e-commerce exclue la majorité des acteurs du secteur de l'automobile d'occasion ?

La pénurie de voitures neuves fait les beaux jours du marché de l'occasion, notamment en ligne, mais la majorité des acteurs en sont exclus car la loi sur le e-commerce n'est pas adaptée.

Certains modèles d'occasion se vendent même plus chers que les neufs. Les confinements ont fait exploser le nombre de ventes de voitures en ligne. Certes, le marché est en tension et accuse un repli de 13,6% par rapport 2021 mais le prix moyen des véhicules d’occasion, 22 356 euros, continue à augmenter. Les Français considèrent toujours, à une large majorité, les véhicules d’occasion comme un bon moyen de faire des économies (81%) et un choix plus responsable pour l’environnement (64%), selon l’étude Harris Interactive pour Heycar. La vente en ligne prend de plus en plus d’essor en France, et, selon YouGov, 47% des acheteurs se disent prêts à acheter une voiture d’occasion en ligne. Cependant, la majorité des acteurs de ce marché sont exclus de ce canal de vente qu’est le e-commerce car la loi n’est pas adaptée.

La principale barrière d’entrée sur ce marché est le délai de rétractation de 14 jours imposé par la législation sur le e-commerce et qui protège les consommateurs lors de leurs achats en ligne

Ces derniers y sont maintenant habitués et il semble difficile de revenir en arrière. Cependant, une loi doit être faite pour tout le monde : toutes les entreprises devraient pouvoir vendre en ligne en respectant la loi, tout en protégeant les consommateurs. Mais cette loi exclut, de fait, la majorité des acteurs du marché des véhicules d’occasion car seules les grandes structures, propriétaires de leurs flottes automobiles, s’appuyant sur un fond de trésorerie solide, peuvent se permettre qu’un consommateur change d’avis et assumer la perte sèche que cela implique : reprendre une voiture alors que son vendeur a déjà été payé. A contrario, la majorité des agences automobiles mettrait en danger leur survie financière et les emplois de leurs équipes en récupérant des invendus provenant de la vente en ligne. Cela représenterait une perte sèche puisque la voiture aura déjà été payé à son vendeur.

Avec l’évolution des technologies et l’arrivée sur le marché de la génération Z, qui a toujours connu Internet, la vente en ligne de voitures d’occasion va se démocratiser, comme c’est déjà le cas pour les voitures neuves. Et c’est un marché qui pèsera de plus en plus lourd dans le chiffre d’affaires des concessions automobiles qui pourraient d’appuyer sur le modèle de Tesla qui, sans avoir de point de vente physique, a réussi le tour de force de distribuer ses voitures partout dans le monde. La vente en ligne est le futur de notre industrie et nous, petites concessions automobiles sous différentes enseignes, ne sommes pas prêtes alors que la moitié de nos ventes de modèles d’occasion pourrait passer par ce canal.

La loi protège le consommateur et doit continuer à le faire. Cependant, elle pourrait être amendée

Elle nous permettrait de vendre des voitures d’occasion en ligne sans craindre de pertes sèches et, donc, sans mettre en danger la survie de notre entreprise et de nos emplois. C’est pourquoi, nous proposons de mettre en place un délai de réflexion de 72 heures pour que le client puisse prendre sa décision en toute sécurité et protéger notre trésorerie. Les technologies d’aujourd’hui, et de demain, permettraient de rassurer le consommateur : il pourrait vérifier l’état du véhicule qu’il souhaite acheter grâce à une vidéo prise en direct et transmise par des outils comme Whatsapp, Skype ou encore Instagram. C’est ce qui a été mis en place pendant les différents confinements et s’est traduit par une croissance exceptionnelle du marché. De plus, le client recevra des photos 3D, immersives et horodatées de la voiture et, en allant plus loin encore, un salarié de la concession pourrait faire un essai, toujours filmé en direct afin de finaliser la vente une fois le paiement en ligne validé. Autre avantage au délai de 72 heures : déclencher un achat coup de cœur et réserver la voiture de ses rêves, repérée un soir alors que les concessions sont fermées, pendant trois jours afin de mûrir sa décision. Ce délai protègerait également le vendeur qui aurait la garantie que sa voiture serait vendue dans les 72 heures.

Le e-commerce offre de formidables opportunités pour développer son chiffre d’affaires mais encore faut-il pouvoir en profiter

Or, la législation actuelle est faite pour les grands acteurs du marché qui peuvent se permettre de faire du volume et de se voir retourner une voiture alors que son vendeur a déjà été réglé. Les petites et moyennes concessions n’ont pas accès au marché en ligne alors qu’elles doivent se transformer : la consommation des voitures a changé car la génération née avec Internet ne se déplace plus en concession pour acheter une voiture, qu’elle soit neuve ou d’occasion. Les concessions sont donc amenées à disparaître au profil de corners et de ventes en ligne. Le marché automobile évoluera comme le marché bancaire qui est en train de réduire drastiquement le nombre d’agences physiques afin de répondre aux nouveaux besoins des consommateurs. La loi doit donc anticiper ce changement pour s’adapter à ces nouvelles pratiques. Proposer un délai de réflexion de 72 heures, comme c’est le cas avec les crédits à la consommation, lèverait les barrières à l’entrée de ce marché en pleine croissance. Il est notre responsabilité, nous petites et moyennes concessions qui représentons la majorité des acteurs du marché, de nous unir afin de faire évoluer la législation et bénéficier des ventes complémentaires générées par le e-commerce. Et ce, sans risquer de rencontrer des problèmes de trésorerie et de stocks. La pérennité de notre modèle économique en dépend.