Infrastructure des véhicules électriques : un pas de plus vers une Europe à une vitesse

Les décideurs européens ont récemment approuvé le règlement AFIR sur les infrastructures de carburants alternatifs qui permettra aux conducteurs de véhicule électrique d'avoir des règles communes.

Voilà une excellente nouvelle pour les conducteurs de véhicules électriques (VE) actuels et en devenir, qui bénéficieront des mêmes règles et normes en matière de recharge publique sur toutes les routes européennes, quel que soit leur pays de résidence ou de transit, dès l’application de cette législation en début d’année prochaine. Grâce à des objectifs minimaux contraignants pour l’infrastructure VE, liés au nombre de VE dans chaque pays, les automobilistes bénéficieront également d’un réseau de recharge plus vaste.

L'AFIR devrait améliorer considérablement la conduite des véhicules électriques

Les utilisateurs de véhicules électriques auront un accès facilité aux bornes de recharge au sein des 27 pays de l'UE, tous les 60km. Un paiement transparent associé à une tarification claire améliorera également la confiance et l’expérience clients. Ce faisant, l’AFIR contribuera sans aucun doute à atteindre les objectifs de développement durable de l’UE : le « Green Deal » visant à une neutralité climatique d’ici 2050, et le « Fit for 55 » exigeant une réduction de 55% des émissions de CO² d’ici 2030.

Mais la recharge des véhicules électriques ne tire toujours pas pleinement parti de la réalisation la plus importante de l’UE au cours des 30 dernières années : le marché unique

Le marché unique a établi « 4 libertés » qui garantissent la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes. Cela signifie, entre autres, qu'une entreprise peut vendre le même produit dans n'importe lequel des États membres. Mais avec les chargeurs EV, les fabricants sont toujours obligés de développer des variantes de produits pour pouvoir vendre leur matériel partout dans l'UE. En effet, une prise shuko supplémentaire peut être nécessaire dans un pays, alors qu’un obturateur pour couvrir la prise le sera dans un autre, un compteur supplémentaire en plus d'un compteur certifié est parfois requis pour mesurer la quantité d'électricité utilisée, tout comme cela peut être le cas d’un bouton d’urgence extérieur pour éteindre une borne de recharge déjà certifiée, ou encore d’une fonctionnalité permettant aux autorités de couper l’alimentation électrique... Pourtant, aucune de ces exigences n’est imposée au-delà d’un ou deux pays de l’UE qui les obligent.

On peut alors douter qu’elles sont réellement conçues pour bénéficier aux utilisateurs. Et il n'est ainsi pas surprenant que la conception et la production de plusieurs prototypes de chargeurs - au lieu d'un seul - nécessitent beaucoup plus d'ingénieurs (qui sont rares et dont les compétences pourraient être bien mieux utilisées), de personnes pour gérer cette opération complexe, des délais de livraison allongés et des pièces différentes qui passent par des processus de certification longs – et souvent coûteux. Des coûts qui se chiffrent en millions d'euros et des délais qui se comptent parfois en années pour rendre compatible une borne de recharge partout en Europe. Or, sans ces entraves, nous pourrions réellement faire avancer l’aiguille verte : développer et produire davantage de chargeurs dans un laps de temps réduit et faire progresser l’innovation en matière de recharge intelligente.

Cinq défis pour créer une Europe à une vitesse grâce au marché unique

Nous devons dans un premier temps tirer parti du pouvoir de croissance du marché unique en mettant en œuvre l’AFIR et en supprimant les barrières réglementaires locales injustifiées grâce à une harmonisation plus poussée. Pour cela, il est nécessaire de simplifier les réglementations afin de maximiser l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement et résoudre les pénuries de personnel. Il faut également investir dans un réseau pour l’adapter au programme d’électrification de l’UE et le décongestionner grâce à des mesures politiques permettant la recharge intelligente – comme obliger les véhicules électriques à partager des données embarquées telles que l’état de la batterie avec les chargeurs de véhicules électriques. Penser à formaliser les normes et protocoles ouverts dirigés par l’industrie européenne OCPP et OCPI est aussi essentiel afin d’atteindre ce but commun. Enfin, il faudrait mettre en place d’une nouvelle structure de gouvernance pour faciliter une intégration transparente de la recharge dans les secteurs de l'énergie, du numérique et des transports.

En tant qu’entreprise et industriel, nous sommes prêts à contribuer à la transition des véhicules polluants fonctionnant aux combustibles fossiles vers des transports propres. Pour autant, face à l’urgence climatique qui s’intensifie, nous devons agir plus rapidement. Avec un marché unique pour les chargeurs de véhicules électriques, notre secteur peut aider l’UE à atteindre et probablement même à dépasser ses objectifs AFIR. Dans une Europe à une vitesse, la mobilité électrique ne sera rien de moins qu’une réalité ordinaire pour que chaque Européen qui a besoin de conduire puisse recharger son véhicule électrique quand et où il le souhaite.