Pour 10 licornes en Bourse d'ici 2025, combien de fintech ?

Pour 10 licornes en Bourse d'ici 2025, combien de fintech ? En plein mouvement de correction des valorisations des entreprises de la tech, le gouvernement s'est fixé comme objectif l'introduction en Bourse de 10 licornes d'ici fin 2025. Certaines fintech font figure de candidats crédibles.

Dix licornes cotées sur Euronext Paris d'ici 2025. Alors que le secteur technologique a largement contribué au dynamisme des introductions en Bourse depuis deux ans en France (Deezer, OVHCloud, Aramis, Believe…), Emmanuel Macron et le gouvernement n'ont cessé de répéter cet objectif au cours des derniers mois. Une cible certes ambitieuse, mais jugée largement atteignable par les banquiers, qui ne manquent pas de louer la qualité du vivier de la French Tech. " Nous plaçons beaucoup d'espoirs dans celui-ci ", confirme Zoé Mohl, VC investor chez Balderton Capital.

Des secteurs qui attirent les investisseurs

Si Doctolib, Back Market ou Vestiaire Collective sont souvent cités comme des candidats idoines à la cotation, certaines fintech pourraient s'inviter dans la short list. "Avec le secteur des logiciels, celui des fintech est le plus représenté parmi les licornes, avec une dizaine d'entreprises sur la trentaine recensées, rappelle Guillaume Bonneton, Partner chez GP Bullhound. Plusieurs d'entre elles sont arrivées, du reste, à un stade de maturité suffisant pour prétendre à la cotation." Après le rachat de son concurrent allemand Penta, Qonto fait potentiellement partie de celle-là, au même titre que le néo-assureur Alan. "Avec une activité assez résiliente, le secteur des paiements est également apprécié des investisseurs actifs en Bourse, comme l'illustre le parcours d'Adyen", relève Zoé Mohl. Introduite en 2018 sur Euronext Amsterdam au prix de 240 euros, l'action de la fintech néerlandaise cote aujourd'hui plus 1 350 euros.

Dans l'Hexagone, Lydia et Swile apparaissent à ce titre comme deux candidats crédibles. Dans un autre registre, enfin, il en va de même pour Spendesk (outil de gestion des dépenses et notes de frais) et PayFit (gestionnaire de paie). "Le marché des logiciels d'entreprise résiste bien et, du fait de la récurrence de ses revenus liée au modèle d'abonnement, séduit les gérants de fonds", pointe un gérant actions. Quant à Ledger, qui conçoit et commercialise des solutions de sécurité protégeant les actifs numériques critiques, le scandale FTX rend sa cotation peu probable, du moins à moyen terme.

L'exception Younited

Aucun projet d'IPO ne serait toutefois sur les rails. "A ce stade, les rares projets sur lesquels nous travaillons pour 2023 concernent des groupes industriels désireux de coter une de leurs filiales, informe un banquier. En ce qui concerne les fintech, et même plus globalement les licornes, le contexte actuel, extrêmement volatil, n'est absolument pas porteur pour de telles opérations." Bien que le spécialiste des crédits instantanés pour les particuliers Younited soit parvenu, début décembre, à lever 60 millions d'euros sur la base de multiples de valorisation en nette progression par rapport à sa précédente levée de 2021 (+45 %, à 1,1 milliard d'euros), la valeur de ces sociétés a en effet été durement affectée par la hausse de l'inflation et l'environnement de marché plus volatil. Dans le cadre de sa dernière levée, en juillet dernier, Klarna a vu sa valorisation s'effondrer de 85%. Le plus souvent, la correction s'est établie en 2022 entre 30 et 60%.

Des projets reportés

Il est d'autant plus difficile pour les actionnaires concernés d'envisager une IPO que les rares licornes françaises à s'être cotées ont enregistré des performances boursières pour le moins décevantes. Au sein de la French Tech, les cours de Believe, OVHCloud et Deezer s'inscrivent en effet en net retrait par rapport à leur prix d'introduction, de l'ordre d'environ respectivement -40 %, -22,5 % et -40 %. A l'international, la néo-banque brésilienne Nu Holdings a tenté le pari de la cotation sur le NYSE fin décembre. Son titre s'échange aujourd'hui aux alentours de 3,9 dollars, contre… près de 12 dollars au moment de l'IPO. Alors qu'elle envisageait de s'introduire en 2022, la fintech américaine Chime (banque en ligne) a, dans ce contexte, préféré suspendre sine die ce projet.

Convaincu néanmoins que la Bourse constitue un canal de financement structurellement important pour les fintechs, Finance Innovation s'est récemment associée à Euronext (imitant ainsi France Fintech) pour préparer les futurs candidats à l'IPO dans le cadre de la 8ème édition de "TechShare", un programme d'initiation aux marchés financiers pour les entreprises innovantes dont la nouvelle promotion sera dévoilée fin janvier. "Nous constatons notamment un intérêt de fintechs/insurtechs", précise-t-on chez Euronext. Depuis le lancement de TechShare, en 2015, une vingtaine de bénéficiaires de ce dispositif sont entrés en Bourse, à l'instar des cleantechs industrielles Waga Energy et Afyren, de Broadpeak (streaming vidéo), d'Aelis FARMA ou encore d'Obiz.