Internet des objets : C3 IoT lève 70 millions de dollars

Internet des objets : C3 IoT lève 70 millions de dollars La société est spécialisée dans le traitement de données émises par les objets connectés. Elle est dirigée par l'un des papes de la high-tech, Thomas Siebel, l'inventeur du CRM.

Comparées aux licornes qui poussent par dizaines dans le secteur de l'économie collaborative ou de la finance, les start-up de l'Internet des objets n'en sont encore qu'au stade fœtal. Mais il y existe une exception à la règle : C3 IoT. Cette société californienne, créée en 2009, a développé une plateforme de gestion de données émises par les objets connectés. Elle propose à ses clients (des groupes de grande taille) une série d'applications pour traiter ces informations.

"De nombreuses entreprises qui tentent de prendre position sur ce segment de marché gèrent peu de données. Leurs clients, encore au stade du 'proof of concept', n'ont installé que quelques centaines ou milliers d'objets connectés. C3 IoT gère en temps réel des quantités industrielles de data, émises par plus de 70 millions de capteurs", souligne Julien Groues, vice-président senior EMEA de la société. Ces arguments sonnent juste aux oreilles des investisseurs, qui ont déboursé 70 millions de dollars dans le cadre d'une levée de fonds bouclée début septembre 2016, visant notamment à soutenir le développement commercial de la jeune pousse. La société a même collecté 110,81 millions de dollars depuis sa création, selon le site américain Techcrunch.

"C3 IoT gère en temps réel les données émises par plus de 70 millions de capteurs"

Cette confiance des investisseurs, C3 IoT la doit aussi à son patron, le self made man milliardaire Thomas Siebel. Connu comme le loup blanc dans le milieu de la high-tech, il a fondé en 1993 Siebel Systems, l'entreprise qui a créé le premier logiciel CRM. La société a été rachetée 5,8 milliards de dollars en 2006 par Oracle (dont Thomas Siebel a été l'un des premiers salariés).

Grâce à ses 40 années d'expérience dans le secteur des nouvelles technologies, ce défricheur a une vision claire du marché IT et repère avant les autres les gisements de croissance. Dès 2009, il avait flairé le potentiel de l'Internet des objets. Les énergéticiens, qui commençaient déjà à l'époque à connecter leurs compteurs, l'ont mis sur la piste. Ces entreprises ont été les premières clientes de C3 IoT.

"Nous avons collecté et analysé plus de 750 térabits de données chez le fournisseur d'électricité italien Enel, émises par des capteurs installés sur la quasi-totalité de ses actifs industriels. Nous effectuons désormais le même travail avec le français Engie", illustrait en juin le patron de C3 IoT, venu à Paris annoncer la signature d'un partenariat avec le groupe tricolore.

Le chiffre d'affaires annuel de C3 IoT est estimé à 50 millions de dollars

La société se développe aussi rapidement sur d'autres verticales de marché, comme les usines 4.0. Elle traite les données émises par des machines équipées de plusieurs dizaines de capteurs, qui permettent par exemple de mesurer la température, la vibration, la puissance du moteur… "Ces détecteurs nous envoient des informations, souvent plusieurs fois par minute. Nous les combinons avec des données statiques, comme l'historique de maintenance ou la date d'installation de l'appareil sur la chaîne de production. Notre système de machine learning analyse toutes ces data. Il détermine si la machine présente un risque de panne élevé, moyen ou faible", détaille Julien Groues. Lorsqu'ils trouvent cela pertinent, les directeurs d'usines envoient un technicien réparer le matériel avant qu'il ne tombe en panne. Ils investissent également à meilleur escient dans les équipements, en jugeant mieux les priorités.

Le système de prédiction de C3 IoT, qui apprend de ses erreurs, intéresse également des entreprises du monde de la finance (il les aide notamment à détecter les fraudes). La start-up compte aujourd'hui plus de 20 clients, comme Cisco ou le département d'Etat de l'armée américaine. La start-up ne communique pas sur ses résultats financiers, mais le cabinet d'analyse Harbor Research a estimé son chiffre d'affaires annuel à 50 millions de dollars.