Lancey obtient 8 millions d'euros pour s'implanter dans le B2C

Lancey obtient 8 millions d'euros pour s'implanter dans le B2C La start-up française, qui a développé un radiateur électrique connecté, veut proposer sa deuxième génération de produits au grand public, par l'intermédiaire de ses partenaires.

Lancey Energy Storage obtient un financement de huit millions d'euros pour produire en masse dès cet hiver ses radiateurs électriques connectés. Ces fonds ont été levés pour moitié auprès d'Engie New Ventures et d'Yves Chabot, président de Stelpro, un fabricant canadien de radiateur électrique. La deuxième part provient de business angels, de concours bancaires et de subventions européennes, dont 1,5 million d'euros attribués dans le cadre du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020.

La start-up créée en 2016 prévoit d'adresser à partir de mai 2020 le marché du grand public. "Nous commercialisions jusqu'à présent nos radiateurs auprès des fournisseurs et des bailleurs. Le B2C est un nouvel axe pour Lancey Energy Storage, nous voulons montrer que notre solution est universelle", témoigne Raphaël Meyer, CEO et cofondateur de Lancey. Le modèle d'affaires ne change pas. Le package de 1 000 euros environ comprend un radiateur intégrant une batterie au lithium ion pour stocker l'énergie et la réinjecter pendant les heures creuses, ainsi que son remplacement en fin de vie. Ce nouveau marché doit permettre à Lancey de passer de 800 radiateurs installés ces trois dernières années à 5 000 en 2020. L'ambition de l'entreprise, qui va réaliser en 2019 un chiffre d'affaires inférieur à un million d'euros, est de déployer 100 000 radiateurs en cinq ans. "L'enjeu est important car le chauffage émet en Europe plus d'émission de CO2 que le transport", affirme Raphaël Meyer.

Lancey compte sur ses partenaires pour y parvenir. Et notamment Engie. "Le marché est énorme, le parc est estimé entre 50 et 70 millions de radiateurs électriques en France, un tiers des logements français en sont équipés. C'est une opportunité pour nous de participer à la transition énergétique", affirme-t-il, en soulignant que le système de pilotage du radiateur permet de réaliser jusqu'à 50% d'économies sur une facture de chauffage. La deuxième génération, présentée au salon IFA, permet au radiateur de recourir aux énergies renouvelables, comme le solaire. Sur le marché nord-américain, la start-up intégrera sa technologie dans les radiateurs de Stelpro. D'autres partenariats sont attendus dans les prochains mois.

Un détecteur de CO2 ajouté

Une première levée de fonds de 1,3 million d'euros avait été réalisée en 2017 par Lancey pour constituer un portefeuille de brevets. Celle-ci lui permettra également de multiplier ses sites de production en 2020. Les cellules des batteries sont assemblées à Montpellier et les radiateurs sont fabriqués à Valence. Les fonds serviront par ailleurs au développement des devices. Six capteurs environnementaux équipent le radiateur et lui transmettent des données sur la pièce en GSM, Zigbee et en wifi pour assurer un service de gestion de la batterie en temps réel. "Dans notre deuxième génération, nous avons ajouté un détecteur de CO2 pour renforcer la précision du détecteur de présence. Ainsi, la nuit, quand les résidents sont immobiles, le radiateur perçoit leur présence même s'il n'y a pas de mouvement, au lieu de se mettre en mode économie d'énergie."

Grâce au machine-learning, le système de management de l'énergie (EMS) pourra bénéficier d'un niveau de compréhension plus fin et améliorer les performances. "Nous avons conçu une carte électronique pour éviter l'obsolescence de la partie connectivité avec l'arrivée des nouveaux protocoles", souligne Raphaël Meyer, faisant le pari du cellulaire. C'est aussi par le réseau que Lancey assure l'interopérabilité de son radiateur avec d'autres solutions de la smart home. Le radiateur avait été l'un des premiers équipements à fonctionner avec le compteur Linky.

Au-delà de l'internationalisation, les équipes de Lancey, constituées d'une vingtaine de personnes, travaillent aussi sur la seconde vie des batteries. Lancey collabore depuis le début de l'année avec La Poste pour recycler les batteries usagées de sa flotte de vélos électriques. La cybersécurité, sujet qui gagne en importance selon le cofondateur, pousse la R&D à réfléchir à la façon de crypter les clés d'accès au serveur. Pour monter en compétences sur ces sujet, Lancey recrute un à deux nouveaux profils par mois. Raphaël Meyer planche aussi sur des projets à plus long-terme : "Nous travaillons sur le stockage du froid pour commercialiser une climatisation à batterie afin de générer du froid de manière peu onéreuse et renouvelable."

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