Pour une destruction créatrice de la RSE

La destruction de la RSE est-elle inévitable ? Essayons de dégager un bilan sur ce qui existe dans le débat actuel et de proposer un hygiénisme par l'acte de dislocation.

Dans un contexte où la RSE est omniprésente, sans équivalence, rapprochant l’humain avec lui-même, elle est devenue ces dernières années la nouvelle corne d’abondance des entreprises, des penseurs. Désormais, tout choix doit comporter cette notion autrement dit, l’individu projeté dans le collectif de l’entreprise possède une épée de Damoclès dans chacune de ses décisions qui doit se voir saluée d’éthique. Dans cette optique, les entreprises établissent des « greenway » c’est-à-dire des feuilles de route avec des engagements éthiques, communicant abondamment dessus, surveillées par le régulateur.

Aussi, des associations activistes nouvellement créées poussent ses sujets en analysant nombre de données pour influencer les grandes entreprises dans leurs décisions et n’hésitent pas à utiliser des moyens plus dissuasifs pour dénoncer, pour sévir. Un jeu de ping-pong s’établit alors dans l’espace public entre entreprises et activistes pour savoir qui détiendra la vérité. Ainsi, la RSE prise dans cette tempête se voit décliner de sa brillance victime de censure et de stratégies d’euphémisation. Si la RSE continue dans cet axe, sa fin n’est que durée inévitable : le temps de la condamnation est dépassé, le temps de l'accompagnement est venu.

Historiquement, la RSE dessine un ensemble de mouvements comme la féminisation ou encore l’aspect écologique qui avait un faible espace médiatique pris séparément. C’est la fusion, c’est-à-dire l’agrégation de l’ensemble des engagements qui a permis de gagner en visibilité à chaque domaine. Dû à la forte énergie qu’il se dégage de chacun de ses « sous-thèmes », l’heure est à la régénération de ce mouvement par une distinction des différentes branches pour devenir des véritables « thèmes ».

En d’autres termes, pour permettre le renouveau de la RSE actuelle, la finalité se trouve dans sa dissolution au sein du triptyque : Ecologie, Social et Gouvernance (ESG). Il existe bien évidemment un lien de corrélation évident entre ces trois termes, mais l’ESG est dès maintenant bien trop importante pour traiter ces sujets sur le même pied d’égalité. Dans cette perspective, l’ESG offre une diversité de champs, dont chacun doit avoir une défense propre, unique. Cette destruction permettra la création de métiers spécialisés, une clarification des combats, une meilleure autonomie des actions, une plus saine énergie allouée. Bref, c’est un véritable hygiénisme qui est proposé ici, pour parfaire les combats de demain.

Par exemple, la finance en tâtonnant a déjà pris ce chemin mais ne va pas assez loin dans la construction des trois différents axes c’est-à-dire en ne permettant pas de dissoudre l’ESG, mais préférant pour lors de parler d’un tout. Pour permettre de séparer l’ESG, une proposition consisterait à hiérarchiser les termes qui la compose en allouant des moyens différents en fonction des sujets. Par exemple, il peut s’avérer plus judicieux d’allouer plus de moyens financiers à l’écologie et plus de moyens humains à la féminisation. Pour aller plus loin dans cette hiérarchie, même si tous les thèmes sont primordiaux pour notre futur, certains sujets comme la réduction des inégalités salariales ou encore la féminisation doivent être traités dans une mesure ne désavouant pas des moyens pour l’écologie, pilier central pour la survie de l’humain.