Des capteurs pour pister les salariés et améliorer leur productivité

Des capteurs pour pister les salariés et améliorer leur productivité Une nouvelle application du big data : à l'aide de badges, des entreprises américaines ont traqué leurs collaborateurs... et ont eu droit à quelques surprises.

Un capteur qui suit vos moindres faits et gestes au bureau pour les transmettre à votre patron, cela vous effraie ? Pourtant ce n'est pas de la science-fiction. C'est leWall Street Journal qui le révèle : en suivant ainsi les déplacements de ses salariés dans un centre d'appels, Bank of America a accru leur productivité.

Résultat : les collaborateurs les plus efficaces de Bank of America discutent beaucoup avec leurs collègues

Concrètement, les salariés portent un badge qui enregistre chacun de leurs déplacements au sein de l'entreprise tout au long de la journée de travail. Vous allez prendre un café avec un collègue ? C'est enregistré. Vous rendez une petite visite au service d'à-côté ? Il le sait. Vous restez prostré devant votre écran ? C'est aussi dans la boîte.

Toutes cette masse d'informations est collectée, décortiquée et analysée. C'est ce que l'on appelle le big data. A en croire la banque, le but de cette expérience n'était pas d'observer ce qu'untel faisait de ses journées mais de comprendre les comportements qui distinguaient les salariés productifs des autres. Résultat : les collaborateurs de Bank of America les plus efficaces appartiennent à des équipes soudées et discutent beaucoup avec leurs collègues. La banque a donc entrepris d'encourager la cohésion d'équipe, ce qui s'est traduit par un bond de leur productivité de 10%.

Ce résultat pourrait bien de donner des idées à d'autres DRH de par le monde. Facilité par les avancées technologiques, ce genre d'analyse a des atouts pour se développer. Avec leur smartphone ou leur badge d'accès, les informations sur les  déplacements des collaborateurs existent déjà. Reste que la règlementation de ce côté-ci de l'Atlantique demeure assez stricte au sujet de la surveillance des salariés.

Les déplacements, les mouvements, le niveau de la voix, les types de conversation... tout est passé au crible

Car, plus elle veut se montrer efficace, plus la collecte de données doit aller loin dans l'exploration des comportements humains. L'entreprise Cubist Pharmaceuticals a ainsi traqué une trentaine de collaborateurs pendant un mois. Les déplacements, certes, mais aussi les mouvements, le niveau de la voix, les types de conversation... tout était passé au crible. Là encore, le rôle positif des rencontres en face-à-face a été mis à jour. Problème : chacun restait devant son PC pendant la pause déjeuner. La cafétéria a donc bénéficié d'un profond lifting afin d'encourager les déjeuners en commun.

Big data is watching you

Cependant, avant de voir ces démarches se multiplier, il reste un obstacle de poids : les salariés eux-mêmes. Confrontés à des procédés particulièrement intrusifs, ils risquent de témoigner d'une certaine résistance. Même avec certaines garanties (pas d'analyse de données nominatives, études basées sur le volontariat...), le sentiment d'être "fliqué" persiste. Et non sans raison : un chercheur indique au Wall Street Journal pouvoir déterminer si un salarié est susceptible de démissionner à partir de ses seuls comportements. De là à imaginer que le patron peut facilement constituer un dossier à charge à partir de ces données, il n'y a qu'un pas. Or, sans la collaboration des équipes, la multiplication de ces études pourrait bien en rester au stade de la science-fiction.