Intérim : les cadres aussi s'y mettent

Intérim : les cadres aussi s'y mettent Du comptable au conducteur de travaux, de plus en plus de cadres travaillent comme intérimaires. Voici les ressorts de cette tendance de fond.

"Avec l'intérim, les entreprises se sentent moins engagées"

L'intérim, un statut d'ouvrier ? Plus vraiment. De plus en plus de cadres sont embauchés comme travailleurs temporaires dans l'industrie ou les services. Certes, le phénomène n'est pas un raz-de-marée : les cadres représentent moins de 2% des intérimaires en France (1,7% exactement en 2010 selon une étude de Prisme). Mais cela constitue une tendance de fond. "En France, l'intérim des cadres est en forte croissance ces dernières années, analyse Tharia Bourlier, du cabinet de recrutement Kobaltt. Et ce mouvement devrait s'accélérer dans les années à venir." En 10 ans, leurs part dans l'emploi intérimaire a doublé.

En 2010, 35 000 cadres ont travaillé en intérim, soit 9 000 équivalents temps plein. A 48%, ils travaillent dans les services (commerciaux, comptables, RH...) et à 45% ils ont des profils techniques. Ils sont par exemple ingénieurs ou informaticiens. Dans d'autres secteurs, comme la communication, le recours à l'intérim chez les cadres est en revanche plus rare.

Les employeurs apprécient avoir recours à ce type de missions pour des remplacements de congés maladie, maternité ou formation, pour des projets ponctuels (migration informatique, développement commercial....) ou encore lorsque les ressources manquent en interne. Un autre aspect, plus psychologique, pousse certains employeurs à privilégier l'intérim à la signature de CDD. "Les entreprises se sentent moins engagées puisqu'elles ne sont pas les employeurs directs des collaborateurs", explique Tharia Bourlier. Cadre ou non, c'est le principe même de l'intérim : le salarié est juridiquement employé par une entreprise de travail temporaire qui le place au service d'une autre société.

Les employeurs peuvent aussi se tourner vers ce système en cas d'urgence. Un cadre intérimaire, présent dans les fichiers du cabinet, peut être opérationnel en quelques jours quand un cabinet de chasseurs de tête prendra des mois pour dégoter la perle rare.

"Travailler en intérim est rarement un choix"

Pour les salariés, en revanche, l'intérim n'est bien souvent qu'un pis-aller, malgré la prime de précarité et le paiement des congés payés qui gonflent le salaire de base de 20%. "Travailler en intérim est rarement un choix aujourd'hui, concède Tharia Bourlier. L'immense majorité des jeunes ont avant tout envie de sécurité et privilégient le CDI." Les jeunes en début de carrière constituent justement l'un des principaux profils des cadres en intérim. Ils peuvent ainsi se constituer une expérience et lancer leur carrière professionnelle. A l'autre extrémité de la population, les seniors utilisent l'intérim pour revenir à l'emploi. Enfin, entre les deux, des profils de haut niveau monnaient leur expertise à différentes entreprises, pour du management de transition par exemple.

Ces cadres intérimaires ne sont pas nécessairement plus précaires que des salariés en CDD. "Chez les cadres, les missions durent en moyenne entre 6 et 12 mois, annonce Tharia Boulier. Et contrairement à une idée reçue, ces contrats ne peuvent pas être rompus du jour au lendemain." Une relative sécurité quand la période d'essai d'un CDI peut atteindre 8 mois chez les cadres.