Chronique sans fard sur la création d'entreprise avec le guichet unique

Le casse-tête du guichet unique dans le cadre d'une création d'entreprise suite à un licenciement. Une situation que Kafkaïenne à souhait…

Accompagner des candidats à la création d’entreprise aujourd’hui dans le cadre d'outplacements ou de reclasement, c’est observer de près un paradoxe : tandis que la société vante l’audace entrepreneuriale — surtout en pleine crise économique — la réalité administrative se transforme souvent en parcours d’obstacles… et l’INPI en chef d’orchestre du casse-tête.

L’ambition : simplifier… Le vrai défi : complexifier

Depuis 2023, la centralisation des formalités (création d'entreprise, modification, cessation) par l’INPI était censée fluidifier la vie des entrepreneurs. Résultat, au quotidien :

  • Plateforme ultra-formalisée, plantages en cascade, demandes d’informations contractoires selon le type d’activité ou de statut.
  • Entre micro-entrepreneurs paniqués, reconversions par nécessité (ex-salariés, freelance précaires…), chaque étape devient un test de ténacité.

Témoignage terrain

Dans mon accompagnement, ce sont des profils variés  : salarié licencié rêvant de reconversion ; cadre “libéré” par un PSE ; mère de famille lançant son activité après une pause de carrière ; senior voulant capitaliser sur ses compétences pour faire la jointure jusqu'à la retraite.

Tous subissent le même stress : la chronologie de leur projet ne dépend pas de leur motivation, ni même de leur business plan… mais des délais et incohérences du guichet unique. « Ce n’est pas la volonté qui manque, c’est la patience devant la mécanique kafkaïenne. Un dossier accepté par l’INPI “retourne” en attente pour une virgule, une date — parfois sans aucun contact humain possible pour arbitrer. »

L’effet concret : paralysie, découragement, perte de confiance

Attentes à rallonge : des semaines pour un simple numéro SIRET, double saisie pour éviter la “perte” du dossier, échanges sans issue avec le support. Fragilité juridique : l’activité commence, mais le Kbis met un temps fou à arriver — donc pas de compte bancaire pro, pas d’assurance, donc pas de vraie activité… Le démarrage est plombé non par l’économie, mais l’impossibilité procédurale d’exister.

Dévalorisation psychologique : pour ceux qui se lancent après un choc pro, la sensation de “ne pas être à la hauteur” est renforcée par la confrontation à une machine froide et indifférente.

Les vrais oubliés : ceux qui ne parlent pas le langage administratif

Ceux qui n'ont pas le langage juridique ou bureaucratique :

  • Nouveaux arrivants, personnes peu diplômées, seniors pas nés avec l’Internet administratif,
  • Entrepreneurs solo sans appui d’un expert-comptable,
  • Personnes fragilisées par le chômage ou une transition imprévue.

Pour eux, chaque clic ou message d’erreur est un mur, chaque délai une remise en cause de leur légitimité à “oser entreprendre”.

Le sens de la crise : amplificateur d’absurde

En temps de crise, la création d’entreprise n’est pas toujours un moteur d’innovation, mais un refuge ou une nécessité. Or l’INPI — outil censé fluidifier — se transforme en goulet d’étranglement :

  • Les plus agiles s’en sortent (cabinet d’avocat, expert-comptable),
  • Les autres reportent, abandonnent ou bricolent dans l’informel.

Conclusion façon “sans concession”

L’INPI, au lieu d’être la porte d’entrée vers l’indépendance, devient souvent l’épreuve de plus pour ceux qui sont en transition professionnelle. or ces profils ont justement besoin de confiance et de réussite rapide.