Sécurité routière : la santé mentale des conducteurs doit devenir une priorité pour les entreprises

Face au stress croissant des conducteurs, les entreprises doivent agir en prévention et tirer parti des technologies pour améliorer vigilance, sécurité et qualité de vie au travail.

Les conditions de circulation se complexifient chaque jour en France avec un trafic de plus en plus congestionné. En 2024, la vitesse moyenne dans les grandes villes a fortement reculé, avec des conducteurs pouvant perdre jusqu’à plus de 110 heures par an dans les embouteillages. Les conducteurs professionnels sont en première ligne, exposés à un stress constant, dû aux imprévus quotidiens liés à cette congestion. Sans le soutien et l’accompagnement de leur organisation, cette pression et ce stress peuvent avoir des conséquences :  altération des comportements de conduite, baisse de la vigilance au volant, baisse des performances opérationnelles, voire augmentation des accidents de la route.

Des professionnels indispensables, mais exposés à des risques croissants

Les chauffeurs professionnels sont devenus des acteurs essentiels de notre économie. Chaque jour, de nombreux véhicules professionnels circulent sur les routes françaises pour assurer l’approvisionnement des commerces, des prestations techniques et, en grande majorité, la distribution de colis dans des délais toujours plus courts. Néanmoins,  ils sont confrontés à une réalité éprouvante physiquement et mentalement. Fatigue, troubles du sommeil et stress chronique figurent parmi les principaux facteurs qui pèsent sur leur vigilance et leurs performances au volant.

D’après une étude récente, 91 % des conducteurs professionnels européens estiment que le stress altère leur conduite. Par ailleurs, 70 % identifient clairement ce stress comme facteur de conduite à risque. Plus préoccupant encore, la moitié d’entre eux (50 %) admettent dépasser parfois les limitations de vitesse afin de respecter leurs impératifs logistiques.

En plus de cette charge mentale, les chauffeurs doivent aussi composer quotidiennement avec les comportements dangereux des autres usagers sur la route tels que le téléphone au volant (41 %) et autres manœuvres imprudentes.

Devant ce constat alarmant, il est urgent d’agir. Or, près de la moitié (48 %) des conducteurs français interrogés estiment ne pas recevoir un soutien suffisant de leur employeur, et 46 % ne se sentent pas à l’aise pour évoquer leur stress ou leur santé mentale dans un cadre professionnel. 

Cette insuffisance a un impact direct sur la fidélisation des talents : 38 % des conducteurs français ont envisagé de quitter leur emploi au cours des 12 derniers mois, dans un contexte où plus de 200 000 postes de chauffeurs poids lourds sont vacants en Europe. 

La technologie au service d’un environnement de travail plus serein

Accorder davantage d’attention à la charge de travail et à la santé mentale de leur personnel est un impératif pour les employeurs. Mais ils peuvent aller plus loin car les possibilités offertes par la technologie restent encore largement sous-estimées. Face à l’augmentation des facteurs de risque, les outils numériques et technologiques permettent aujourd’hui aux entreprises de former leurs conducteurs et de renforcer leurs actions de prévention en matière de sécurité routière. L’intelligence artificielle, désormais intégrée dans de nombreuses solutions de mobilité, permet notamment d’analyser finement les comportements de conduite, d’anticiper les risques et de proposer un accompagnement personnalisé pour chaque conducteur. D’ailleurs, les professionnels français ne sont pas réfractaires à ces initiatives puisque 61 % d’entre eux se déclarent favorables à l’utilisation de technologies qui les aident à améliorer leur conduite. Un signal fort pour les gestionnaires de flotte.

Sur un marché du travail marqué par la pénurie de talents, le désengagement des conducteurs à cause du stress ou du manque de soutien de la part de leur employeur représente un risque majeur pour la pérennité des opérations. Pour maintenir la sécurité, la motivation et la qualité de vie au travail des conducteurs, les entreprises doivent impérativement investir dans la sécurité routière. Les mesures de sécurité ne devraient pas être mises en place après un accident, mais de manière préventive, en s’appuyant sur des données et en prêtant attention à celles et ceux qui sont au volant chaque jour.