Avec l'IA générative, des influenceurs virtuels au succès bien réel

Avec l'IA générative, des influenceurs virtuels au succès bien réel Il ne sera bientôt plus possible de faire la différence entre influenceurs humains et virtuels. La gen AI leur permet de gagner en crédibilité, et surtout d'améliorer leur capacité de ciblage.

L'IA générative offre une cure de jouvence aux influenceurs. Modèle virtuel basé en Espagne, Fit Aitana revendique un chiffre d'affaires mensuel d'environ 4 000 euros alors que son compte n'est ouvert que depuis juillet 2023. Repérée par successmag.fr, elle a été développée par l'agence The Clueless grâce à une IA générative. Principal avantage : avec ses 124 000 followers sur Instagram, elle colle au plus proche des attentes pop & rock de sa population cible, et ce potentiellement mieux que ne le ferait un mannequin humain.

Et ce n'est pas le seul cas, loin de là. On relève notamment les exemples de Sofia Artif ou de Feli Airt qui enregistrent respectivement 135 000 et 327 000 followers sur Instagram. "La première se présente comme un mannequin dans le luxe et la seconde renvoie l'image d'une riche héritière qui vit dans un cercle d'aristocrates à l'anglo-saxonne", analyse Stéphane Galienni, directeur associé au sein de l'agence digitale et de luxe Balistik Art. "Grâce à la gen IA, on peut incarner un concept et une personnalité cohérente en fonction de l'image que l'on souhaite donner."

Anne Kerdi, influenceuse virtuelle bretonne. © Capture d'écran Instagram

Autre exemple en France, Anne Kerdi, qui compte 7 000 followers sur Instagram, a créé une égérie, sorte de miss Bretagne, pour défendre la région bretonne. Pour se positionner sur le terrain des influenceurs virtuels augmentés par l'IA, Stéphane Galienni s'est créé un clone virtuel qu'il a mis en avant tout au long des dernières fashion weeks de Londres, New York, Milan et Paris. Il a publié des photos fictives le présentant aux premiers rangs des différents défilés. "L'objectif était de tester les outils et la réaction du public", explique l'intéressé.

New York Time, Journal du luxe… Suite à l'opération, Balistik Art compte une dizaine de retours presse en incluant les podcasts. Et un total de 1 million d'impressions sur ses différents comptes sociaux. L'objectif ? Cibler avant tout un public BtoB, des clients et d'éventuels prospects.

"Les influenceurs virtuels offrent aux entreprises un contrôle total de la manière dont elles souhaitent que leurs ambassadeurs soient perçus, jusqu'à l'esthétique qu'elles veulent associer à leur image de marque, sans parler de l'absence de restrictions géographiques et physiques", explique Raymond Ma, general manager chez Alibaba Cloud Intelligence Europe.

Pour une marque, c'est une aubaine. Les influenceurs virtuels sont très évolutifs. Ils sont disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et sont moins chers que influenceurs réels. Tirant parti des facultés de l'IA en matière de ciblage, ils ont généralement des taux d'engagement plus élevés que leurs homologues humains, ce qui en fait une option marketing plus efficace.

Sous le capot, ils sont sortis tout droit des assistants de création d'images type Midjourney, Dall-E ou Leonardo. "En amont, on écrit un prompt pour créer son personnage" explique Stéphane Galienni. "Plus vous avez une expertise de la direction artistique, de l'image, de la photographie, de la lumière, plus le cliché que vous obtiendrez sera proche de ce que vous souhaitez. Au final, l'objectif est de tendre vers la qualité du rendu visuel d'une photo de magazine."

Le clone virtuel de Stéphane Galienni a été créé à partir de Midjourney. Stéphane Galienni y a ensuite incrusté son propre visage en passant par le plugin INSwapper. Ensuite grâce à l'outil RunWayML, il a pu aller jusqu'à intégrer des mouvements. "Grâce à cette solution, vous avez un contrôle total comme pourrait l'avoir un réalisateur. Vous pouvez sélectionner des objets dans l'image et leur appliquer des animations, des mouvements circulaires, des mouvements de sortie de champs… De quoi créer un véritable film", commente Stéphane Galienni.

Grâce à RunWayML, Stéphane Galienni a généré un vidéo mettant en scène dans le désert une collection de mode fictive. L'objectif étant là encore de démontrer jusqu'où l'IA générative peut aller. "J'ai pu créer des mannequins en mouvement en plein Sahara. ChatGPT a généré la voix off. La production complète m'a demandé quatre jours pour un rendu quasi-parfait. Un contenu qu'il aurait été impossible de réaliser en situation réelle à moins de 100 000 à 150 000 euros", estime Stéphane Galienni.

Prochaine étape : faire parler les avatars. Une révolution qui est déjà en marche. De son côté, Stéphane Galienni a recours à ADN.ai qui permet de faire parler son avatar avec sa propre voix ou celle d'un assistant vocal tiers, y compris dans d'autres langues. "En ajoutant RunWayML à l'édifice, on aboutit à une séquence animée", complète Stéphane Galienni. Autre exemple : la création d'un clip vidéo, chanté par le clone de Stéphane Galienni, dont les paroles sont écrites par ChatGPT avec comme refrain "I Want to be free".  La musique est composée par Suno AI dans l'esprit des Beatles.

L'IA générative devrait assez naturellement accroître la quantité de contenus de qualité sur les réseaux sociaux. Mais aussi favoriser l'émergence d'une nouvelle génération de créateurs. "Depuis nos premières expériences, nous enregistrons un grand nombre d'appels entrants d'entreprises souhaitant créer des ambassadeurs virtuels de marque à base d'IA. Ces égéries, personnage central de compte Instagram, contribuent à humaniser le story telling en évitant de se limiter aux seuls produits", souligne Stéphane Galienni. "Les nouvelles offres que nous lançons sur ce terrain vont contribuer à mettre ce type de prestation à la portée de marques de stature plus modeste."

Une petite marque ou une marque avec moins de notoriété pourrait venir chatouiller les plus grandes. "Les grands clients nous sollicitent toujours pour réaliser des shootings avec des mannequins. Ils demeurent dans leur routine", reconnait Stéphane Galienni. "Mais avec le potentiel ouvert par l'IA générative, une marque qui n'a pas les moyens de se payer des influenceurs ou des égéries peut amener un live style de qualité en partant sur des budgets extrêmement réduits." Stéphane Galienni imagine même de coupler les influenceurs virtuels à ChatGPT pour introduire une relation conversationnelle avec les internautes. Une relation qui serait personnalisée en se basant sur leur historique d'interaction avec le bot.