Trottinettes électriques, bientôt interdites à Paris ?

La maire de Paris a déclaré qu'un référendum pour appeler les parisiens à se prononcer sur le maintien ou non des trottinettes électriques en libre-service dans la capital aura lieu le 2 avril.

Les trottinettes électriques en libre-service à Paris

La Mairie de Paris s'interroge sur le "rapport coût/bénéfices" des trottinettes, ainsi que sur leur "coût environnemental", a indiqué David Belliard, l’adjoint aux mobilités et à la voirie. A cela s'ajoutent des problèmes: trottinettes mal stationnées, nombreux accidents mortels, manque de civilité... Selon les chiffres des opérateurs, les utilisateurs de trottinettes sont plutôt jeunes (33 ans en moyenne) et locaux (à 85 % des résidents du Grand Paris). Ce référendum simplifié se fera dans les bureaux de vote et sur la base des fichiers électoraux.

En 2021, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) comptabilise plus de 1 360 blessés et 24 décès dans toute la France liés à l’utilisation de ce moyen de transport. Les inquiétudes de la part des politiques ainsi que les plaintes des habitants avaient déjà amené les acteurs des trottinettes électriques en libre-service à Paris, à mettre en place des nouvelles règles auprès de leurs utilisateurs (zones limitées à 20 km/h, zones définies pour garer les véhicules...).

Le dernier appel d’offres de la mairie de Paris visait à limiter les acteurs du secteur et donc le nombre de trottinettes. Durant l’été 2020, la mairie de Paris a déclaré quels étaient les trois acteurs retenus (Lime, Tiers et Dott) sur les 13 en lice. Il faut noter que Paris est une ville phare dans le secteur de la mobilité étant donné qu’elle est très visitée.

D’après la mairie de Paris, il est nécessaire que les citoyens puissent donner leur opinion sur un sujet qui touche directement leur ville et leurs transports. Ce référendum découle du fait que la Mairie de Paris a déclaré que ces véhicules constituaient un risque pour l’environnement et pour la sécurité publique. Pour cette raison, leur usage devait être encadré de manière plus stricte. Ce référendum permettra aux citadins de débattre entre eux et de se forger une opinion collective.

Pourquoi ce référendum ?

Le débat ne concerne pas les trottinettes des particuliers pour lesquelles il n’y a "pas de souci", affirme Anne Hidalgo. Il porte sur le libre-service, ou free floating, qui "n’est pas écolo" et "les salariés de ces sociétés ne sont pas correctement protégés" sur le plan social, fait-elle valoir. Mais il faut noter qu’avec cette possible interdiction, au total, 800 emplois seraient en jeu, d’après les exploitants.

L’écologiste, David Belliard, a twitté récemment : « les trottinettes électriques ? » "C’est encombrant, c’est dangereux »; cela montre qu’il a choisi de rejoindre le camp d’Anne Hidalgo. D’après lui, il y a “trop de remontées négatives". "Beaucoup de gens se sentent en insécurité quand ils sont sur le trottoir, et une partie de ces problèmes est liée aux trottinettes électriques en libre-service", ajoute-t-il au micro de RTL.

En revanche, le gouvernement se montre opposé à cette interdiction et préfère plutôt une solution de régulation du service. En effet, Clément Beaune, le Ministre délégué aux transports a présenté son plan « de régulation » des trottinettes en libre-service qui serait une alternative au référendum proposé par Anne Hidalgo.

A travers cette alternative, il remet en avant sa conviction personnelle : une interdiction générale ne serait pas pertinente et aurait des effets pervers sur l’activité commerciale. M. Beaune a déclaré il y a quelques semaines que “le libre-service est un bon moyen de transport alternatif pour certaines personnes telles que les jeunes et les seniors qui ont des difficultés à utiliser les transports classiques; pour autant, il faut imposer des mesures supplémentaires pour assurer la sûreté des usagers et limiter le risque d’accidents”. Pourtant les chiffres montrent que la moyenne d’âge pour l'utilisation des trottinettes est de 33 ans et les seniors utilisent très peu ce moyen de transport. D’autres acteurs politiques tels que Ian Brossat (adjoint à la maire) soutiennent l’idée d’un référendum afin de pouvoir consulter directement les habitants de la capitale.

Le plan de régulation des trottinettes en libre-service proposé par le gouvernement prévoit plusieurs mesures telles que : l’obligation d’avoir un âge minimum pour pouvoir utiliser les services, la limitation du nombre de kilomètres à parcourir par jour et une obligation de respecter les règles de sécurité. Il est également prévu qu’une partie des recettes soit reversée aux collectivités locales.

Il faut noter que, pour qu'une participation citoyenne fonctionne, il est préférable que l'opposition ou les autres forces politiques adhèrent à l'idée de départ. Et ici, on voit que des critiques sont d'ores et déjà émises avant cette décision.

Ce référendum dont les avis sont très partagés est également très politisé. Seul un vote massif de la part des parisiens peut légitimer ou supprimer ce moyen de transport.