Evolution et challenges de la mobilité douce et cyclable en ville

L'engouement pour les déplacements à vélo en France n'est plus à démontrer, mais les aménagements récents effectués dans la capitale sont-ils suffisamment appréciés et sont-ils suffisants ?

Dans son étude “Les Français et le vélo”, le Commissariat général au développement durable relève que les Français ont fait l’acquisition de 10 millions de vélos entre 2017 et 2022 et que 700 000 d'entre eux l'utilisent quotidiennement. Cette évolution vers une mobilité douce et "zéro émission" est encouragée par les pouvoirs publics, dans le contexte de l'électrification des modes de transport et de la fin annoncée du moteur thermique pour les voitures et utilitaires légers neufs à partir de 2035.

Ainsi, plusieurs dispositifs financiers, décidés localement ou à l’échelle nationale, comme le bonus écologique “VAE” ou la prime à la conversion ont été mis en place pour amortir le coût des vélos électriques et inciter à son usage régulier. Si le coût à l’achat s’avère en général plus conséquent, les distances moyennes parcourues sont également supérieures, ce qui en fait souvent une alternative crédible à l'automobile. En parallèle, les acteurs de la location de vélo par abonnement mensuel se multiplient et garantissent l’entretien ou le remplacement du deux-roues si nécessaire. Facteurs de l’évolution de la mobilité cyclable en ville, ils permettent de fournir un vélo avec ou sans assistance électrique, afin de répondre au mieux aux besoins de chacun.

Autre facteur de l’évolution de la mobilité cyclable en ville : le développement des infrastructures destinées à faciliter la pratique du vélo, à l’instar des pistes cyclables ou de la création d’espaces de stationnement dédiés. Enfin, côté entreprise, et comme l’a rappelé Agnès Pannier-Runacher dans son plan de sobriété énergétique dévoilé en octobre, il est possible de bénéficier de certaines réductions d’impôts si des vélos sont mis à la disposition des salariés pour leurs déplacements domicile-travail.

Pourtant, et même si la pratique du vélo au quotidien s’est accélérée ces dernières années, nous ne sommes aujourd’hui que 9% des actifs en France à utiliser notre cycle pour se rendre au travail, classant ainsi la France au 19e rang mondial en la matière, selon une enquête Statista de 2022. On constate donc un fort enthousiasme de la part des Français pour les mobilités douces, mais qui semble se heurter à certaines limites. Le récent vote parisien contre les trottinettes en libre-service en est une illustration.

Les aménagements récents effectués dans la capitale sont remarquables, mais sont-ils suffisamment appréciés et sont-ils suffisants ? Comment expliquer notre attachement à l'automobile, même en ville où il est souvent plus facile de s’en passer qu’en périphérie ou en région ? 

Un des freins principaux à l'adoption du vélo est sans doute le sentiment d'insécurité sur la route. La cohabitation entre vélos, trottinettes, piétons et automobiles est parfois difficile, entre incivilités, confusions ou méconnaissance du code de la route. En 2022, selon les chiffres de la mairie de Paris, les cyclistes ont été victimes de 1026 accidents, soit 18 % des accidents à Paris, un chiffre certes inférieur aux deux roues motorisés (38 %) mais supérieur à celui des quatre roues motorisés (17%). En 2022 ces derniers sont responsables de 53 % des accidents impliquant un piéton, 55 % de ceux impliquant un cycliste et 72% un utilisateur de deux roues motorisées. 

Pour lever ce frein à l'utilisation de la bicyclette en ville, il est indispensable que la voirie devienne un lieu plus sécurisé afin que tous les usagers se sentent en confiance. Au-delà de la sécurisation des espaces déjà amorcée et qu’il faut continuer de développer, il faut travailler à rendre les règles de circulation et d'urbanisme plus lisibles. Les néo-cyclistes, qui sont souvent d’anciens piétons, sont souvent perturbés par des aménagements non protégés, qui s'interrompent soudainement ou des règles de circulation peu lisibles, par exemple dans les carrefours ou intersections des pistes cyclables. 

En proposant une maintenance régulière de leurs vélos, les acteurs du “bike as a service” ou services d'abonnement vélos ont aussi un rôle à jouer dans le développement d’une pratique quotidienne et plus sûre du vélo en ville. Acteurs publics et privés doivent faire évoluer ensemble les infrastructures, les règles de circulation et les mentalités afin de garantir un quotidien au guidon plus apaisé et une mobilité plus douce pour la planète et ses habitants.