Sept conseils pour rendre la livraison plus durable

Sept conseils pour rendre la livraison plus durable Ship from store, flotte de véhicules verts, sensibilisation du consommateur… Des solutions simples existent pour réduire les émissions carbone lors de la livraison en B2C.

La livraison durable peine encore à tirer son épingle du jeu. Il faut dire qu'Amazon a massivement investi dans la logistique et placé la barre des attentes des consommateurs haute en termes de livraison. "Dans les critères de livraison, la durabilité arrive encore derrière le moins cher et le plus rapide, pointe d'emblée Alexandre Vienney, le directeur distribution de bp2r, un cabinet de conseil en optimisation du transport de marchandises. Le distributeur ne sait pas sensibiliser le client et va donc réduire sa marge ou vendre à perte. Aujourd'hui, les distributeurs prennent sur eux et cette façon de faire n'est pas viable à long terme."

Pourtant, des solutions existent pour réduire les émissions carbone de la livraison en B2C sans forcément impliquer des coûts supplémentaires : "La livraison durable a un prix, mais en théorie, elle n'est pas plus chère car tous les sujets d'optimisation et de réduction des kilomètres font gagner de l'argent. La durabilité va de pair avec la performance", continue Alexandre Vienney. Découvrez sept manières de verdir simplement la livraison.

#1 – Mettre à contribution le magasin

"Si les distributeurs sont bien organisés en B2B, ils ne sont pas arrivés à maturité sur le B2C qui va dépendre des commandes des clients. Il est rare que les camionnettes soient complètement remplies, pourtant, plus on met de marchandises dans celles-ci, moins on émet de CO2 par produit", constate Alexandre Vienney. Alors pour optimiser la livraison, la mise à contribution du magasin comme un point de retrait des commandes en click and collect ou de départ de ces dernières est efficace pour massifier la livraison en un seul et même point.

OneStock, une solution d'order management, s'est spécialisée dans la livraison des commandes depuis les magasins. Pour Romulus Grigoras, son CEO et fondateur, "le ship from store permet à la fois de raccourcir le circuit de distribution et de réduire l'impact carbone d'un produit. Notre solution permet d'orchestrer de manière plus intelligente les commandes pour agréger les flux". OneStock met en compétition les magasins et le vendeur le plus rapide va s'occuper de la commande, la solution s'adapte et le stock du magasin, en général moins fiable que celui d'un entrepôt, s'affine peu à peu.

#2 – Privilégier les points de retrait

Comme le magasin, le point de retrait qu'il se fasse dans un commerce ou dans une consigne automatique est aussi un moyen de réduire l'empreinte carbone d'une livraison. Des acteurs comme Vinted ou Aliexpress mettent en avant ces modes de livraison hors domicile qu'ils jugent plus durables. Benoit Berson, le directeur de l'activité consigne colis à l'international de Quadient, une solution qui équipe notamment Auchan ou Decathlon en consigne, nous expliquait précédemment que "les consignes sont une solution plus durable car elles évitent des déplacements supplémentaires aux transporteurs ou de revenir deux fois au domicile d'une personne absente".

#3 – Informer et sensibiliser le consommateur

Des commerçants comme Cdiscount, La Redoute ou Rakuten ont signé la charte d'engagements pour réduire l'impact environnemental du commerce en ligne proposée par le ministère de la Transition écologique. Parmi les engagements figure l'information du consommateur à l'impact environnemental de la livraison en précisant notamment différentes modalités de livraison et le choix qui a le plus faible impact environnemental.

Pour Romulus Grigoras de OneStock, "le consommateur n'est pas encore prêt à arbitrer entre le durable et le prix, ce dernier critère est toujours le plus important. Nous l'informons sur l'empreinte carbone de sa commande, il est intéressant qu'il sache que l'expédition rapide pollue deux fois plus que la version lente. Cela aide le client, l'impact de son achat n'est pas neutre". Parmi les acteurs signataires, le groupe Fnac Darty a mis en place l'outil livraison éclairée qui informe les clients au moment de leur commande sur la dépense carbone de chaque mode de livraison.

#4 – Prendre en compte l'ensemble de la chaine

"Nous voyons souvent la livraison au départ d'un entrepôt d'un mauvais œil, comme absurde et polluante. Pourtant, le trajet d'un consommateur pour se rendre en magasin se fait souvent en voiture", rappelle Quentin Dampierre, le directeur général adjoint de Top Chrono, une solution de livraison premium. "La question de durabilité se pose en fonction de ce que fait le consommateur, s'il prend sa voiture pour récupérer sa commande, ce n'est pas optimal", poursuit Alexandre Vienney de bp2r.

Nature & Découvertes, une enseigne du groupe Fnac Darty, propose à ses clients d'estimer l'impact de leur retrait en magasin ou relais colis. "Nous avons fait le choix de sensibiliser les clients en nous associant à DATAGIR, une startup qui dépend de l'Ademe, pour mettre à leur disposition un éco-calculateur permettant de mesurer l'impact de leur déplacement", explique Frédérique Giavarini, la directrice générale de la chaîne, sur le site du groupe.

# 5 – Miser sur des véhicules plus verts

Des transporteurs comme Top Chrono transitent peu à peu vers des flottes de véhicules plus vertes avec des vans et des scooters électriques ou encore des vélos cargo. "Un tiers de notre flotte est green aujourd'hui et 50% le sera courant 2024", assure Quentin Dampierre. Pourtant, pour le directeur général adjoint de Top Chrono, certains de ces véhicules n'ont pas des taux de disponibilité aussi importants que ceux des autres véhicules. "Sur les vélos cargo, nous avons beaucoup de crevaisons et le taux d'indisponibilité est de 30% le jour J contre 5 à 10% en moyenne sur les autres véhicules".

Cela n'empêche pas le dirigeant de continuer à miser sur le vélo : "En ville, les vans électriques roulent à 5 km/h à cause des bouchons. Le plus simple à opérer reste le scooter électrique car il y a moins de problèmes et les batteries sont amovibles. Sur les vans, nous avons des problèmes de recharge, car il faut soit des parkings propres, soit prendre un badge pour occuper les stations en libre-service".

#6 – Mesurer sa performance

Sur les petits volumes, les transporteurs comme le groupe La Poste, UPS ou DHL concentrent le marché grâce à leur maillage en hub qui leur permet de livrer partout et rapidement. "Pour les gros volumes, le marché est encore naissant avec des acteurs traditionnels qui essaient de s'y mettre, mais ils ont du mal à assurer la traçabilité des produits car ils sont peu digitalisés", affirme Alexandre Vienney.

Pour s'adresser aux clients finaux, les distributeurs doivent retravailler leur organisation et mesurer leur performance. "Il s'agit souvent de chiffres d'affaires nouveaux ou qui se faisaient en magasin. Par facilité, ils s'alignent sur les standards de la concurrence et n'arrivent pas à piloter par catégories pour savoir quel type de livraison est rentable ou pas. Les distributeurs devraient mettre en place des analyses fines mais les acteurs sont mal digitalisés et ont peu de données".

#7 – Impulser le mouvement

"Les transporteurs ont du mal à bouger seuls, le mouvement doit venir du donneur d'ordre qui pousse à aller plus loin et c'est comme cela que le marché avance", note Alexandre Vienney. Le législateur peut faire avancer les choses un peu plus rapidement comme avec la mise en place des zones à faibles émissions qui concernent 11 métropoles où la circulation des véhicules polluants est limitée et concernera 43 agglomérations d'ici 2025. La plupart du temps, "le transport durable est encore le fruit d'individus, il n'est pas systémique. C'est un patron qui y croit et qui va faire avancer les choses tant que cela ne modifie pas le bilan financier. Le sujet reste porté par des individus et il y a beaucoup de chemin à faire", conclut Alexandre Vienney de bp2r.