Coqueluche des collectivités françaises, OpenDataSoft s'internationalise

Coqueluche des collectivités françaises, OpenDataSoft s'internationalise La start-up française, dominante sur le marché hexagonal de l'open data, commence à décrocher d'importants contrats en Europe et en Amérique du Nord.

OpenDataSoft quitte sa zone de confort. La start-up française, qui propose une plateforme permettant de consolider des données et de créer des portails open data ainsi que des interfaces de programmation (API), équipe la plupart des collectivités françaises qui s'intéressent aux données ouvertes. La France représente aujourd'hui 75% des revenus de la société ainsi que 60% de ses clients. Mais l'international est en train de prendre le pas sur l'Hexagone, constate le PDG d'OpenDataSoft Jean-Marc Lazard. "D'ici le deuxième trimestre, la France deviendra minoritaire dans notre chiffre d'affaires", prévoit-t-il.

La start-up commence à remporter des marchés plus concurrentiels, hors des pays limitrophes comme la Belgique et la Suisse, dans lesquels elle s'est rapidement implantée. Avec des moyennes et grandes villes comme Bristol et Leicester au Royaume-Uni ou Potsdam et Manheim en Allemagne. OpenDataSoft a également signé avec trois villes australiennes en moins de six mois, dont la plus grande, Newcastle, compte près de 600 000 habitants. Elle a surtout remporté sa première grande victoire en Amérique du Nord. Après avoir décroché des contrats avec six villes américaines de 100 à 300 000 habitants (comme Jersey City) et deux agences d'Etat, la jeune pousse a gagné fin 2018 le marché de Vancouver (600 000 habitants). "Nous sommes particulièrement contents d'avoir gagné Vancouver parce qu'il s'agissait du renouvellement du marché et que nous avons délogé le leader local Socrata. Et la ville nous permet de passer à une échelle supérieure qui nous fait gagner en crédibilité outre-Atlantique", se satisfait Jean-Marc Lazard. OpenDataSoft vient également de signer son plus gros contrat open data, en ouvrant le 15 janvier le portail de Mexico, plus grande ville d'Amérique du Nord avec ses 20 millions d'habitants. 

"Aux Etats-Unis et au Canada, les clients nous sous-traitent tout et attendent un énorme niveau de service"

Changer de paysage permet aussi à la start-up de développer d'autres cas d'usage. "En France, les collectivités ont souvent une approche strictement open data, alors qu'aux Etats-Unis, les données ouvertes sont tout de suite accolées à des plateformes plus larges avec de l'échange de données privées", illustre Jean-Marc Lazard. De la même manière, il constate que les Australiens et les Britanniques sont très portés sur les sujets autour de l'IoT et des données urbaines. Ce qui finit même par influencer le produit : OpenDataSoft a par exemple dû améliorer ses data-visualisations, peu demandées en France, mais dont sont très friands les clients américains. Autre différence entre les deux rives de l'Atlantique : le niveau d'implication dans les projets. "Nous avions plutôt pour habitude de rendre nos clients autonomes en leur faisant prendre l'outil en main eux-mêmes", raconte Jean-Marc Lazard. "Aux Etats-Unis et au Canada, ils nous sous-traitent tout et attendent un énorme niveau de service."

Cap sur l'Asie

Durant le premier semestre 2019, OpenDataSoft, va également plancher sur sa stratégie en Asie, où les besoins sont radicalement différents. "En dehors de la vitrine Singapour, il n'y a pas grand-chose pour l'instant, mais cela pourrait changer rapidement", estime Jean-Marc Lazard. Car 26 villes d'Asie du Sud-Est ont lancé l'année dernière une initiative commune pour se mettre à la smart city. En l'absence de standardisation, avec un développement urbain chaotique et des infrastructures parfois défaillantes, ces collectivités sont d'abord à la recherche de solutions pour collecter, nettoyer, puis partager rapidement des données temps réel, comme celles de sécurité incendie. L'entreprise pourrait avoir besoin de se trouver des partenaires locaux et de développer de nouvelles briques technologiques.

En France, seulement 400 collectivités se sont mises à l'open data, malgré une loi qui en oblige 4 400 à le faire depuis octobre. Le pays recèle encore un fort potentiel de croissance pour OpenDataSoft, qui a vu son chiffre d'affaires annuel augmenter de 60% en 2018 par rapport à 2017. D'autant que les nouveaux clients ne seront pas les seuls à participer à la progression des revenus : les grandes métropoles les plus matures sur l'open data sont celles qui ont développé le plus d'usages. Et plus leurs usages augmentent, plus elles accroissent le volume de données. Conséquence : le prix de leur abonnement grimpe puisqu'il est basé sur la quantité d'informations gérées par la plateforme. Une croissance des clients et de l'usage qui devrait mener la société à la rentabilité d'ici un an, espère-t-elle.