Paris se dote d'une plateforme de données pour analyser l'essor du vélo

Paris se dote d'une plateforme de données pour analyser l'essor du vélo Trafic, vitesse, origines et destinations…L'outil de la start-up Geovelo permet à la mairie de connaître de nombreux détails sur les trajets des cyclistes à l'échelle de toute la ville ou d'une seule rue.

Avec l'épidémie de coronavirus et la peur des transports en commun qu'elle engendre, le vélo est devenu un phénomène de masse dans les grandes villes françaises. Pour comprendre cet engouement et réfléchir aux futurs aménagements de leurs infrastructures cyclables, elles ont besoin de quantifier cet essor. C'est pourquoi la ville de Paris s'est dotée d'une plateforme d'analyse de données cyclables fournie par la start-up Geovelo.

Sur cette plateforme, la ville retrouve toutes sortes de données anonymisées collectées par Geovelo via son application pour cyclistes. Elle propose à ses utilisateurs un GPS et calculateur d'itinéraire pour vélos, mais aussi d'enregistrer leurs déplacements afin de récolter des statistiques personnalisées sur les trajets (temps de parcours, vitesse moyenne…). Cette dernière fonction peut d'ailleurs, si l'utilisateur en fait la demande, se déclencher automatiquement, lorsque le téléphone détecte une vitesse et des vibrations correspondant à un trajet à vélo, sur la base d'un contrat d'un an renouvelable.

Echantillon de 2 % du trafic

"Avec ces fonctionnalités, nous sommes capables de connaître en moyennes à l'échelle d'une ville ou d'un axe particulier les vitesses, les distances parcourues, les origines et destinations, les temps de parcours ou encore les temps d'arrêt par kilomètre", explique Antoine Laporte Weywada, directeur du développement de Geovelo. L'entreprise est même capable d'évaluer la qualité des routes et pistes cyclables, en se basant sur la puissance des vibrations ressenties par le téléphone pendant le trajet. L'entreprise dit n'utiliser aucune de ces données personnelles à des fins de marketing.

Geovelo peut aussi compter le trafic en plaçant des "compteurs virtuels" n'importe où sur la carte d'une ville, permettant de comptabiliser tous les utilisateurs de l'appli qui les ont franchis. Quel intérêt, alors que Geovelo ne dispose que d'un petit échantillon, tandis que la ville de Paris possède déjà des compteurs physiques lui permettant d'estimer le trafic ? "Les compteurs physiques sont placés sur des axes où l'on sait qu'il y a beaucoup de trafic. Mais ils ne donnent pas une vision exhaustive du trafic à l'échelle de la ville, car certains axes sont si saturés que beaucoup de cyclistes les évitent, tandis que d'autres routes sont devenues importantes mais ne disposent pas de compteurs physiques", répond Antoine Laporte Weywada. Geovelo donne donc une vision d'ensemble, bien qu'échantillonnée car basée sur les 90 000 trajets mensuels enregistrés à Paris via son application (chiffres de septembre 2020). En se comparant aux capteurs physiques, la start-up estime qu'elle dispose d'un échantillon représentant entre 1 et 2% des trajets parisiens. Elle peut donc appliquer cette proportion aux voyages comptabilisés sur son appli pour en déduire le nombre total de trajets à vélo dans Paris.

Une carte de Geovelo montrant les rues les plus empruntées par les cyclistes à Paris. © Geovelo

Ces données, également présentées sous forme de data-visualisations dans la plateforme, permettent aussi de suivre les effets d'aménagements. Notamment l'utilisation des "coronapistes", ces pistes cyclables temporaires mises en place par de nombreuses villes après le premier confinement, et dont la pérennisation est souvent à l'étude. Elles peuvent aussi aider à repérer des anomalies. Par exemple, si un grand boulevard est évité par les cyclistes, alors qu'ils ont plutôt tendance à suivre les mêmes axes que les automobilistes habituellement, cela peut indiquer une absence ou une mauvaise qualité des pistes cyclables. Des données qui sont loin d'être figées dans le temps, a fortiori depuis le coronavirus. Ainsi, selon Geovelo, alors qu'en juin-juillet 80% du trafic à vélo était concentré sur 13% des rues parisiennes, ce chiffre monte à 25% des rues en période de confinement. "On suppose qu'avec la baisse de trafic automobile, davantage de rues sont considérées comme praticables par les cyclistes", avance Antoine La Porte Weywada.

Paris est le premier client de cette plateforme de données développée par Geovelo et facturée sous forme de licence annuelle. L'entreprise travaille déjà avec une vingtaine de collectivités comme Toulouse, Nantes ou Lyon sur la cartographie de leurs pistes cyclables et est en discussions avec plusieurs d'entre elles afin qu'elles adoptent la plateforme. Elle réfléchit également à publier un portail open data qui regrouperait ces données à l'échelle de la France entière.