L’écrasante domination de Linux dans le Cloud : vers 90% de part de marché

A la domination de Microsoft sur le poste de travail répond une domination de Linux du côté serveur, et dans le Cloud. Les spécialistes le savent bien, mais ils manquent souvent de chiffres précis pour mesurer cette hégémonie, et percevoir son évolution. On peut l'estimer à 90%.

Windows domine le marché du poste de travail depuis plus de 20 ans.
Contrairement à ce qui est annoncé parfois, le poste de travail n’est pas prêt de mourir, les smartphones et autres tablettes développent surtout un marché nouveau. La progression de Linux sur le poste de travail est encore incertaine, mais du côté du Cloud et du web, c’est bien Linux qui est le standard de fait.
Du côté des serveurs, les configurations sont moins exposées, moins visibles et les parts de marché bien plus difficiles à mesurer.   Les analystes savent bien, en général, mesurer les parts de marché en termes de chiffre d’affaire, en scrutant les rapports d’activité des principaux acteurs. Mais, pour les systèmes d’exploitation comme pour d’autres domaines, les parts de marché de l’open source ne sont pas les plus pertinentes exprimées par le chiffre d’affaire, simplement parce que bon nombre de déploiements ne génèrent pas de chiffre.
Il convient plutôt de compter les parts de marché en termes de nombre de serveurs, mais ce n’est pas chose facile. Et il serait intéressant d’évaluer ensuite la valeur de remplacement de l’open source, et donc les gains de compétitivité engendrés pour l’ensemble de ses utilisateurs.

Qu’en est-il de cette domination de Linux sur les environnements serveur ? 

« The Cloud Market », qui analyse le cloud Amazon EC2 de manière très pointue, réalise un suivi des systèmes d’exploitation utilisés par les clients pour leurs instances de serveurs.  C’est une étude particulièrement précieuse car il en existe peu de cette nature. 
On y apprend que Linux, dans ses différentes variantes, représente 90% des instances de serveur demandées sur EC2, contre 10% de Windows
.    A l’intérieur des 90%, on trouve 45% de Ubuntu server, 30% de Linux générique, 7% de Centos, 2% de Redhat, 2% de Fedora.

En août 2011, la répartition était de 13.5% pour Windows, et 86.1% pour Linux.   En 8 mois, la part de marché de Linux a gagné encore presque 4 points.
Et d’après une autre étude, toute récente, le nombre de serveurs physiques du Cloud Amazon serait de près de 500 000 serveurs
.   C’est donc un ensemble assez représentatif.   Représentatif du web et du cloud du moins, non des datacenters d'entreprise.  Mais c’est bien là que les choses bougent, que se préparent les technologies qui entreront demain dans les entreprises.

Il existe d’autres sources d’information permettant d’estimer la pénétration de Linux sur le web.  Ainsi Netcraft analyse depuis 1996 les technologies rencontrées sur le web.   Sur les 42 plus grands hébergeurs du web, classés par qualité de service, Netcraft estime que 7 utilisent Windows, 28 Linux, 6 FreeBSD.   Une autre source d’analyse est W3Techs, qui annonce 64% de serveurs sous différentes variantes d’Unix, essentiellement Linux et BSD, et 36% de serveurs Windows.  Woozweb, qui analyse le web français, a des chiffres très proches :  65% de Linux contre 34% de Windows.  Et même sous Windows, c’est le serveur Apache qui est le standard, puisque sa part de marché est de 66% dans le monde selon W3Techs, de 83% en France selon Woozweb, et en progression encore.

En informatique, les parts de marché sont régies par une loi bien connue, la prime au premier, qu’on appelle aussi « winner takes all », le gagnant rafle toute la mise. C'est-à-dire qu’une fois qu’une technologie est dominante, tout le monde a intérêt à l’adopter ou à s’y rallier.  Parce que chacun pense qu’il est plus sûr de faire comme tout le monde, parce que la technologie devient un standard, ce qui signifie qu’il y a un immense vivier de compétences disponibles, parce que la part de marché de la plateforme stimule le développement d’outils venant l’enrichir, parce que les alternatives deviennent finalement ésotériques et incertaines en termes de pérennité. Pour toutes ces raisons, quand une plateforme est dominante, elle le devient plus encore.
Windows a bénéficié d’une manière extraordinaire de ce phénomène pendant 20 ans côté poste de travail, Linux en est le grand gagnant aujourd’hui côté serveur.