L’entreprise confrontée à la consumérisation IT
Depuis quelques temps apparait dans la presse et sur le Web, le néologisme "consumérisation". Il s'agit là de nommer le phénomène qui voit les salariés préférer leur propre matériel informatique à celui mis à leur disposition sur leur lieu de travail.
Le
constat d’aujourd’hui est que les foyers français ressemblent de plus en plus à
de véritables PME, voir sont dans un certain nombre de cas mieux lotis que bien
des entreprises.
Les Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI)
livrent sans discontinuer des Box équipées d’un serveur NAS, avec un débit de 60Mo/s,
et tout un chacun est à présent équipé, au moins au niveau du foyer,
d’ordinateurs individuels puissants régulièrement renouvelés, de Smartphones et
autres tablettes.
Ces
consommateurs, « digital natives », s’attendent à avoir accès aux mêmes technologies
sur leur lieu de travail, et si ce n’est pas le cas, à pouvoir utiliser leur
équipement personnel tout en bénéficiant du SI de l’entreprise. C’est ce que
l’on appelle la « consumérisation IT ». En
2011, 40% des salariés sondés par le cabinet IDC déclaraient avoir déjà utilisé
sur leur lieu de travail et dans le cadre de celui-ci des terminaux personnels,
soit un bond de 10% en un an.
Ignorer cette tendance au sein de
l’entreprise ne serait pas sans incidence sur la gestion des systèmes
d’information.
L’impact sur les entreprises
L’année
2011 est incontestablement une année de rupture technologique. Les entreprises
par le prisme de leur DSI, garant de la stabilité de leur SI, n’y voient un
obstacle ou une mode, mais un atout, parfois majeur.
Un
choix presque cornélien s’offre au DSI : continuer à toute force à
centraliser la gestion du parc informatique et risquer d’être en retard dans
l’adoption des nouvelles technologies, ou succomber au «Bring Your Own Device»
(BYOD) - terminologie américaine du phénomène de consumérisation - poussé en
interne par les employés.
Les salariés de bureaux modernes pensent
ne plus pouvoir faire l’économie, concomitamment, de leur Smartphone, téléphone
fixe, ordinateur de bureau et portable, éventuellement couplé à une tablette !
Ils
militent en faveur de l’utilisation, dans leur cadre professionnel, de la
panoplie complète de leurs équipements personnels, pour en jouir en permanence,
en faciliter l’utilisation et centraliser les usages. Le BYOD - puisqu’il faut l’appeler ainsi - peut
constituer une formidable opportunité pour les grandes entreprises qui veulent
réduire leurs coûts d’infrastructures, ce qui apparaît être le challenge n°1 des 10 objectifs
revendiqués par les DSI en 2012.
Pour
le permettre, un DSI de Lyon a incité son entreprise à tenter l’expérience. Il
a choisi de rendre virtuel les 350 postes de travail de l’entreprise qui
l’emploie. Pour ce faire, les logins, applications et bureautique ont été
transférés dans le « Cloud », les employés ayant accès, où qu’ils se
trouvent et depuis n’importe quel terminal, aux applications de l’entreprise
tout en gardant le même confort de travail.
Cette stratégie lui a permis de réaliser
37% d’économie sur le budget informatique tout en augmentant la productivité et
la satisfaction des salariés.
Les
freins à l’adoption. Mais
attention, il ne s’agit pas de succomber aux potentielles économies sans étude
de la capacité du SI à se transformer de manière durable.
Pour
des DSI qui se sont longtemps efforcés de bâtir un poste de travail homogène
(le couple Windows Intel pour la plupart), ces terminaux personnels intégrant
de multiples OS, imposent de nouvelles règles. De plus, l’adaptation des
applications existantes, et l’administration de ces machines induiraient, selon
68% des DSI interrogés (dans le cadre d’une étude d’IDC/Unisys), des coûts
supplémentaires non négligeables.
Au
delà des aspects pécuniaires, Thierry Auger, RSSI de Lagardère, y verrait à
juste titre un risque pour la sécurité et pense que la consumérisation IT ne
sera possible que si elle est encadrée par de strictes règles de sécurité (mots
de passe, mise à jour antivirale, SSO...).
Oui donc à la souplesse, aux facilités de
travail et d’organisation accordées aux salariés, et aux économies qui
pourraient êtres générées mais pas au détriment de la sécurité et donc de la
pérennité de l’entreprise.
Perspectives
La consumérisation IT des employés assouvie et acquise, les sociétés de consulting y voient une manne considérable, et un potentiel développement continu, généré par les missions de conseils qui accompagneront cette micro révolution comportementale : Green IT, Cloud-computing, multi canal, législations, et bien sur sécurisation du «Bring Your Own Device» (BYOD).