L'Egypte, nouvel eldorado de l'externalisation

L’externalisation de services informatiques en Égypte suscite un intérêt croissant. Le pays affiche il est vrai des atouts certains. Une tendance qui a conduit le gouvernement à initier une politique ambitieuse sur ce terrain.

L’externalisation de services en Égypte suscite un intérêt croissant. Cela a conduit le gouvernement égyptien à se fixer un objectif ambitieux : accroître la part du pays dans le marché mondial de l’externalisation, en dépassant 1 milliard de dollars de revenus en 2010. Pour créer les conditions de cette croissance, le gouvernement égyptien a mis en œuvre une série d’initiatives ad hoc afin d’atteindre ses cibles. Aujourd’hui, les entreprises doivent prendre l’Égypte en compte lorsqu’elles souhaitent externaliser leurs activités de services.

Le marché de l'externalisation offre d'énormes opportunités aux régions qui ont la possibilité de les saisir. On estime que l'externalisation des processus métier - ou business process outsourcing (BPO) - représentera un marché de 90 milliards de dollars au niveau mondial dans six à huit ans ; or l'Égypte est bien placée pour prendre une bonne part de ce marché. L'Inde occupe toujours la première place sur ce marché, pour la sous-traitance informatique comme pour le BPO.

L'objectif est de positionner l'Égypte comme l'Inde du Moyen-Orient. Les firmes indiennes de sous-traitance informatique, comme Wipro ou Satyam Computer Services, et les multinationales de l'informatique, comme Cisco, Google, IBM, Microsoft, Oracle ou Teleperformance ont déjà pris conscience du potentiel de l'Égypte et investissent directement dans notre pays. Quelles raisons donner aux autres entreprises qui voudraient leur emboîter le pas ?
 
En tant que destination pour l'externalisation, l'Égypte possède quelques avantages remarquables par rapport aux pays d'implantation traditionnels comme l'Inde ou la Chine ; en particulier, un vaste vivier de collaborateurs de qualité, des coûts de main-d'oeuvre inférieurs à ceux des régions à faible coût avoisinantes, son décalage horaire peu important par rapport à l'Europe et sa relative familiarité avec la culture occidentale.
 
L'Égypte forme chaque année plus de 300 000 diplômés, dont un contingent de 20 000 spécialistes issus de la filière ingénierie ou informatique ; ils ont d'excellentes capacités linguistiques en anglais, en français, en allemand, en italien, en espagnol - ainsi qu'en arabe, bien sûr. L'Égypte est donc en bonne position parmi les destinations émergentes car le pays est capable d'assurer des services dans la langue de différents pays. Une étude menée à l'échelon mondial par Global Services-Tholons classe Le Caire au 11e rang parmi les cinquante premières villes d'externalisation émergentes ; au nombre des atouts identifiés, l'étude cite nos capacités multilingues et les actions du gouvernement.
 
Ces ressources humaines sont un avantage que le gouvernement entend cultiver grâce à différentes initiatives, notamment des formations et des échanges fondés sur les meilleures pratiques en vigueur, organisés par exemple sous l'égide de l'Information Technology Institute (ITI, www.iti.gov.eg) du Caire, qui forme jusqu'à mille personnes chaque année.  Parmi ces initiatives figure aussi une réforme des programmes dans cinq universités, dans le but de former annuellement plus de cinq mille personnes et de préparer ainsi la main-d'oeuvre de l'avenir.

L'Égypte compte 74 millions d'habitants dont près de la moitié ont entre 15 et 39 ans. Ce qui signifie que nous disposons d'un surplus de talents pour les cinq années à venir et que les initiatives pilotées par les pouvoirs publics - comme l'Egyptian Education Initiative (EEI), l'E-Learning Competence Centre (ELCC) et le Mobile IT Club  - permettront de soutenir le secteur de l'externalisation des services sur une longue période. Cette situation contraste fortement avec celle de nombreux autres pays d'externalisation affectés par un fort taux d'attrition des compétences disponibles.

 
Des infrastructures de très haut niveau - Smart Village et Maadi Contact Centre Park
 
Le gouvernement égyptien soutient le vif essor du marché de l'externalisation en investissant lourdement dans des équipements d'infrastructure de très grande qualité. Il a jugé nécessaire de créer un parc d'entreprises moderne et spécialisé appelé à devenir le pôle de référence des TIC : le Smart Village, au Caire. Installé sur plus de 240 hectares, celui-ci accueille des entreprises locales et multinationales de télécommunications et d'informatique, des institutions financières et des banques, ainsi que des administrations chargées de ces secteurs.

Plus de 13 000 professionnels travaillent aujourd'hui au sein du Smart Village dans plus d'une centaine d'entreprises et institutions locales et internationales, et leur nombre devrait dépasser 40 000 d'ici la fin 2014. Un second parc - le Maadi Contact Centre Park - est en construction au Caire. Il accueillera 45 000 salariés supplémentaires spécialisés dans les services à l'industrie des centres d'appel.

L'Égypte a aussi le potentiel nécessaire pour accueillir des services externalisés dans plusieurs villes. Outre la capitale, Le Caire, qui dispose d'infrastructures, de services et d'une main-d'oeuvre d'excellent niveau, d'autres villes se mettent à leur tour au service du marché de l'externalisation. En particulier Alexandrie, deuxième ville du pays, qui bénéficie d'excellentes possibilités de liaison grâce à ses deux aéroports et à ses deux ports, Mansourah, importante cité commerciale et industrielle, et Assiout, siège de l'une des plus grandes universités égyptiennes.

 
Télécommunications peu chères, inflation salariale faible, une destination financièrement attrayante
 
Et si l'Egypte propose des infrastructures et dispose de ressources humaines de haute qualité, elle n'en demeure pas moins une destination économique pour les services d'externalisation. Les coûts d'exploitation y sont structurellement bas et inférieurs d'au moins 20 % à ceux des autres sites leaders en Europe de l'Est, en Afrique du Nord et en Asie. Et les télécommunications sont parmi les moins chères du monde. De plus, l'inflation salariale est peu élevée : elle ne dépasse pas 5 % par an, au lieu de 10 à 15 % ailleurs, et les coûts d'exploitation de la région demeureront stables car les fluctuations de la livre égyptienne par rapport au dollar des États-Unis sont faibles.
 
Conscient de l'impact important de l'industrie des TIC sur l'économie du pays, le gouvernement égyptien a mis en place des réductions d'impôt ainsi que d'autres incitations financières en vue d'attirer les entreprises internationales susceptibles d'installer des BPO et des centres d'appel ou de services dans le pays.

L'Égypte est un pays financièrement de plus en plus attrayant. Ainsi, le récent programme de réforme économique a ramené de 42 % à 20 % le taux de l'impôt sur les sociétés, et les améliorations apportées dans les domaines de la fiscalité, des douanes et de la finance ont valu à l'Égypte d'être désignée par la Banque mondiale dans son rapport Doing Business 2007 comme le champion mondial des réformes économiques.

 
Le secteur des TIC en Egypte : des taux de croissance annuelle jusqu'à 20%
 
Le secteur national égyptien des TIC est un modèle de dérégulation et de privatisation mais aussi un catalyseur des réformes dans d'autres secteurs. Au cours des trois dernières années, il a réussi à conserver des taux de croissance allant jusqu'à 20 % et à attirer plus de 8 milliards de dollars d'investissements locaux et étrangers. Selon une étude réalisée par AT Kearney[1], l'Égypte se classe au 13e rang mondial pour les services de sous-traitance informatique à l'étranger, devant des pays d'Europe de l'Est comme la République tchèque, la Hongrie et la Pologne, et d'autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique comme l'Afrique du Sud ou la Tunisie.
 
Des sociétés locales, régionales et internationales comme Unilever, Orange, Vodafone, Procter & Gamble ou Sun Microsystems investissent déjà dans les services externalisés en Égypte. Elles démontrent ainsi de façon incontestable les capacités égyptiennes dans ce domaine. Selon les prévisions, le chiffre d'affaires du secteur informatique en Égypte devrait passer de 889 millions de dollars en 2006 à 1,3 milliard de dollars en 2011[2], et nous sommes confiants dans notre capacité à renforcer la position du pays comme l'une des principales destinations d'avenir pour l'externalisation.
 

L'Agence de développement de l'industrie des technologies de l'information (Information Technology Industry Development Agency - ITIDA) est un organisme public dépendant du ministère égyptien des technologies de l'information et de la communication. Elle a été créée pour favoriser le développement de l'industrie des technologies de l'information en Égypte, en privilégiant en particulier les services externalisés. Elle est chargée d'attirer des investissements étrangers directs vers l'industrie des technologies de l'information et de développer au maximum les exportations de services et d'applications informatiques.


[1] A.T. Kearney, Global Services Location Index 2007

[2] Business Monitor International, Egypt Information Technology Report Q3 2007, August 2007