Redis Labs s'érige en Formule 1 des bases de données

Redis Labs s'érige en Formule 1 des bases de données Avec sa distribution commerciale de Redis, le Californien entend répondre aux besoins data les plus exigeants en matière de performance, de résilience et de sécurité.

"Redis représente la troisième génération des bases de données. La première, qui est celle d'Oracle Database, affiche un temps de réponse moyen de plus de 100 millisecondes. La deuxième, où l'on trouve MongoDB et Amazon DynamoDB, de 10 à 100 millisecondes. Et la troisième, où nous nous situons, tend vers moins d'une milliseconde de temps de réponse", se félicite Ofer Bengal, CEO et cofondateur de Redis Labs. Une performance atteinte grâce à un fin cocktail : un serveur écrit dans un langage de bas niveau (le C), une structure NoSQL scalable, et une infrastructure qui s'exécute en mémoire vive. "Certains clients ont des applications qui traitent jusqu'à 200 millions de transactions par seconde. Même dans ce cas, le temps de réponse de Redis restera sous la milliseconde pour chacune", insiste le PDG.

Petit retour en arrière : créé en 2009 par Salvatore Sanfilippo, Redis est au départ un système de cache open source sous licence BSD. Dans les années qui suivent, il évolue pour devenir la base de données clé-valeur qu'on connaît aujourd'hui. 10 ans après, le résultat est là. Dans son baromètre 2019 mené auprès de 90 000 développeurs à travers le monde, StackOverFlow positionne Redis en tête des systèmes de gestion de base de données (SGBD) préférés des programmeurs. Preuve de cet engouement : plus 2 millions d'images Redis ont été lancées depuis le Docker Hub. La tendance est confirmée par le classement DB-Engine des SGBD les plus populaires. En septembre 2019, Redis se hisse en huitième position de l'indice, et en troisième place dans la catégorie des serveurs NoSQL.

Fondée en 2011, la société Redis Labs articule son offre autour d'une distribution commerciale de la base open source. Baptisée Redis Enterprise, "c'est une déclinaison haute de gamme qui se veut résiliente et fiable, avec des capacités avancées de dimensionnement et de sécurité", détaille Ofer Bengal. "Quand on observe la performance des applications de bout en bout, la base de données est souvent la quatrième roue du carrosse. Voilà pourquoi nous avons voulu en faire une priorité. Quoi que nous développons nous l'optimisons en termes de performance."

Un serveur modulaire

Gestionnaire de cache, gestion de sessions, streaming de données, transaction temps réel, messaging, gestion de notifications... Redis répond historiquement à de multiples cas d'usage. "En 2017, nous avons développé une API qui permet à n'importe qui de l'enrichir de fonctionnalités additionnelles. Ce qui a encore renforcé le potentiel de Redis", insiste Ofer Bengal. Depuis, une vingtaine de modules ont vu le jour, dont certains signés Redis Labs. Ils recouvrent différents domaines, de la recherche à des fonctions plus pointues comme le scalable bloom filters. Certains étendent Redis à des modèles de données complémentaires (JSon, SQL, graph, times series…). "En cas de besoin, cela évite de déployer une seconde base de données", complète Ofer Bengal.

"Nous nous positionnons sur l'exécution des modèles de machine learning sur de très gros volumes de transactions"

Revers de la médaille : Redis s'exécutant en mémoire, la base de données a par définition besoin d'une quantité importante de RAM pour fonctionner. Ce qui rend la couche de serveurs à implémenter mécaniquement plus chère que pour un SGBD traditionnel tournant sur disque dur ou SSD.

Redis Labs commercialise une déclinaison de Redis Enterprise en mode cloud, sous forme de service managé à la demande. Elle est disponible pour le moment sur Amazon Web Services (AWS) et Microsoft Azure. Suite à un partenariat signé avec Google en avril 2019, Redis Enterprise sera disponible "d'ici quelques mois" sur le cloud de Mountain View sous la forme d'un service managé directement distribué par le provider américain. "Evidemment, nous cherchons ici à répondre à la tendance des entreprises en matière de cloud et d'hybride cloud", commente le CEO de Redis Labs.

Redis Labs réserve une large place à l'intelligence artificielle. "Notre objectif n'est pas de réinventer la roue. Nous n'avons pas pour vocation d'investir le terrain de la création et la configuration des modèles de machine learning", explique Ofer Bengal. "Nous nous positionnons plutôt sur l'inférence, l'exécution haute performance des modèles sur de très gros volumes de transactions, une fois les modèles entrainés. C'est l'objectif du module RedisAI." Et le CEO d'évoquer un cas d'usage : "Dans la lutte contre la fraude dans la banque par exemple, des milliers de transactions sont traitées chaque seconde. Ce flux doit être analysé par l'IA en temps réel pour détecter les tentatives de fraudes. C'est une problématique à laquelle nous pouvons répondre avec RedisAI."

Carrefour, Crédit Agricole et Schneider comme clients

Côté feuille de route, Redis Labs entend enrichir Redis Enterprise de fonctions de sécurité, de haut disponibilité, de résilience ou encore de mise en conformité réglementaire… "Sur le plus long terme, une équipe dédiée à l'innovation planche sur RedisAI, mais aussi sur la manière de faire collaborer plusieurs modules et gérer des transactions entre modules", confie Ofer Bengal.

Fort de plus de 7 800 entreprises clientes ayant recours à Redis Enterprise, dont 70% aux Etats-Unis, Redis Labs revendique 40 groupes du Fortune 100 parmi ses clients, dont 7 issus du Fortune 10. "Redis se développe désormais en Europe, et en France en particulier où nous avons mis en œuvre une équipe commerciale", indique Ofer Bengal. Dans l'Hexagone, la start-up affiche notamment Carrefour, Club Med, Crédit Agricole ou encore Schneider Electric parmi ses clients.

"Redis se développe en France où nous avons mis en œuvre une équipe commerciale"

Aux côtés de son siège en Californie, Redis Labs a installé sa R&D en Israël. En 2015, Salvatore Sanfilippo, le créateur de Redis, a rejoint Redis Labs. Sa principale mission est depuis de poursuivre le développement de la version communautaire de la base de données. En progression de 60% sur un an, l'effectif de la société compte 350 salariés. De même, son chiffre d'affaires a progressé de 60% d'une année sur l'autre. En termes de financement, l'éditeur a levé 146 millions de dollars depuis sa création. Lors de son dernier tour de table début 2019, la société a recueilli 60 millions de dollars. Elle compte parmi ses actionnaires Bain Capital Ventures, Dell Technologies Capital, Francisco Partners, Goldman Sachs, Viola Ventures, ainsi que des VC israéliens.

Pour l'heure, Redis Labs fait de la croissance sa principale priorité. "Nous sacrifions pour le moment la rentabilité au profit d'un objectif de croissance rapide", souligne Ofer Bengal. Comme pour la déclinaison cloud, l'édition on-premise de Redis Enterprise s'adosse également sur une tarification en mode souscription. Résultat : Redis Labs bénéficie d'un revenu annuel récurent confortable. Et qu'en est-il d'une potentielle IPO ? "Etant donné l'omniprésence de la version communautaire de Redis dans les entreprises, nous avons devant nous un boulevard pour convaincre ces utilisateurs d'adopter Redis Enterprise. Partant de là, nous estimons que Redis a les moyens de devenir un des leaders de la base de données. Ce qui nous pousse à envisager une IPO pour consolider notre capacité de croissance. Mais ce ne sera pas cette année, et probablement pas en 2020", nous glisse Ofer Bengal.

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