Entre des enfants "e-scolarisés" et des parents "zoomifiés", les 4 piliers des outils contributifs de demain

Nous commençons tous à connaître une certaine digital fatigue. L'enjeu commun de nos systèmes d'éducation et professionnels est de créer de manière native des conditions d'apprentissage et de collaboration sans couture.

Une tribune qui a vue le jour en collaboration avec Isabelle Constant @zazaconstant.

Entre enfants e-scolarisés et parents “zoomifiés”, nous commençons tous à connaître une certaine digital fatigue. Ce phénomène partagé entre les générations nous amène à penser que les enjeux de la digitalisation de l’éducation ne sont peut-être pas si loin de ceux du web-conferencing... Alors qu’ils soient pour l’école ou l’entreprise, comment concevoir les outils contributifs de demain ?   

Nicolas Colin* dans son nouveau media @_NouveauDepart_ interroge l’opportunité du home schooling que nous avons connu en cette période de crise Covid et qui va certainement devenir “une norme”. Ce homeschooling forcé nous a permis de prendre conscience du retard flagrant de l’éducation française dans sa numérisation tant sur le plan des équipements, des outils que sur celui de la formation des enseignants à ces mêmes outils. 

Les familles ayant pu tester ces alternatives durant le confinement auront donc des attentes et des habitudes qui vont évoluer dès la reprise des cours surtout dans un contexte de distanciation sociale avéré dans les prochains mois  - je viens pour ma part de créer un compte Teams à mon fils de 9 ans sur demande de son établissement. Mais ce type d’outil est-il vraiment pensé pour l’hybridation qui va s’imposer ?

La nouvelle normalité - “new normal” - que nos sociétés attendent doit voir évoluer l’architecture de l’offre scolaire que nous avons connu jusqu’à présent. Elle doit pour se faire s’appuyer sur l’expertise des entreprises high tech de l’éducation telles que @zeneduc ou @plumeapp qui depuis des années développent des alternatives crédibles et complémentaires à l’offre traditionnelle prodiguée par nos écoles. Et l’enjeu va résider dans la capacité à intégrer le caractère hybride présentiel et distanciel de ces futurs outils. 

A terme l’idée ne sera pas de répliquer une classe physique de 30 élèves en une classe virtuelle écoutant sagement leur professeur en session zoom, mais bien de profiter de cette numérisation pour adapter les contenus et les enseignements aux niveaux et aux difficultés des élèves. Cela viendrait compléter un enseignement parfois “top down” avec un apprentissage plus “sur-mesure” grâce à la technologie.

Il n’y a qu’un pas à faire pour relier le système scolaire à celui de l’entreprise. Et de créer un tipping point d’apprentissage commun entre des enfants “e-scolarisés” et des parents “zoomifiés”. Le même processus de disruption des usages collaboratifs doit être fait pour les entreprises. 

De l’ubérisation à la “zoomisation”. Alors que la transition numérique de la dernière décennie a vu un nombre croissant de plateformes se développer “ubérisant” notre quotidien, la future normalité de nos échanges interpersonnels voit émerger le principe de “zoomisation” des échanges. “Près de 40% des français viennent de découvrir la vidéo conférence “ comme le souligne Marie Dollé*.

Après plusieurs semaines à zoomer, dans des meetings à répétition, la zoom fatigue fait son apparition et laisse apparaître le vrai défi qui est le nôtre :  la gestion de notre attention et l’efficacité de nos interactions professionnelles sur l’hybride du temps long. Nous avons traditionnellement été habitués dans nos écosystèmes physiques à pouvoir contribuer, écouter, partager, argumenter. Avec la démultiplication des conversations en “conf call”  se pose le véritable enjeu de passer d’un monde où on “essaye de parler” au milieu d’un damier d’écrans connectés à un monde où l’on va pouvoir contribuer à bon escient. 

Comme dans l’éducation le secteur des outils collaboratifs et de web conférencing voit son lot de pure player émerger au coeur de la crise par exemple Around.co développe des alternatives conversationnelles aux phénomènes de “zoomobésité” des meetings quotidiens et a très vite compris qu’il fallait prendre en compte une nouvelle temporalité des échanges. 

L’enjeu commun de nos systèmes d’éducation et professionnels est bien de créer de manière native des conditions d’apprentissage et de collaboration sans couture. Il faut faciliter la contribution et pour cela permettre un désengorgement de la parole et des informations de nos écosystèmes connectés au risque de frôler l’overdose en home office ou lors d’évènements digitalisés.

En créant ces services et outils on doit penser à quatre piliers clés : 

  1. leur capacité d’hybridation ou comment fonctionner en complément des “rendez-vous physiques” enseignement en classe, travail collaboratif in situ.
  2. leur capacité contributive ou comment ces outils favorisent les interactions, le partage et l’apprentissage nativement.
  3. leur capacité d’intégration ou comment créer des services ouverts à un écosystème de partenaires via des api et un apps store
  4. leur capacité à gérer la digital fatigue, ou comment développer des Ux à même de contrer la "zoom fatigue" et la sur-connexion.

Pendant longtemps la presse par exemple s'est digitalisée en développement des offres pdf de ses journaux, ne respectant pas le nouveau contrat de lecture imposé par le mobile et le digital et en faisant fi dans la nouvelle temporalité des médias liée au développement de l’omni connection. On a fait du digital mais on n’a pas pensé digital.

Il va en être de même pour l’hybridation de nos échanges professionnels et scolaires post Covid. 

Cela passera par l’étude de la nouvelle “collaboration journey”.

Slack nous a montré la voie quand il s’agit de challenger l’email bien sur en tant qu’interface mais surtout en ne pensant pas uniquement applicatif mais en pensant API, en construisant un service qui dès le départ pouvait s’enrichir avec un écosystème de tiers. 

La solution réside donc dans la capacité à créer non pas des services mais bien des plateformes et écosystèmes ouverts qui vont rendre la contribution et le partage de connaissance plus en adéquation avec l’hybridation des échanges.

La futur plateforme de contribution que nous utiliserons est-elle développée en ce moment même à Shanghai, Seattle ou San Francisco ? Ne devrait-elle pas faire l’objet d’un projet européen ? Quelle entreprise pour leader ce projet européen afin de demain réduire notre dépendance aux Gafam dans ces temps de confinement ? Autant de questions auxquelles nous devons répondre rapidement.

@Nicolas_Colin - Éducation à domicile : une nouvelle frontière ? - que vous pouvez retrouver en vous abonnant à son nouveau media @_NouveauDepart_,  @MarieDOLLE - Futur du web conferencing : une valse à trois temps - paru dans @viuz